UN GRAND BRASSAGE CULTUREL ET RELIGIEUX : Nous ne savons pas exactement quand s'opéra cette transformation, mais il est certain qu'au contact des éléments autochtones, ou par l'effet d'une rapide évolution interne, les formes anciennes de la religion védique se modifièrent profondément. Les Aryens, tout en maintenant leurs privilèges sociaux, assimilèrent graduellement certains éléments des arts et des techniques des peuples conquis, ainsi que beaucoup des conceptions philosophiques et religieuses du Shivaïsme et du Jaïnisme. Aux cours des millénaires qui suivirent, l’histoire de l'Inde connut bien des périodes différentes.
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LE BRAHMANISME : La première grande période s'étendit jusqu'à la fin du IIIe siècle après J.C. Elle correspond à la mise en place du panthéon hindou (Brahmâ, Vishnou, Shiva) tel que nous le connaissons aujourd'hui, ainsi qu'à la fixation et à l'extension des écrits référentiels (Upanishads, Darsanas). Cette période, très féconde sur le plan spirituel, met déjà en évidence une nette démarcation entre les formes extérieures de la religion ritualiste des Védas et la recherche purement intérieure du Yoga.
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LE BOUDDHISME : Au fil du temps, la société indienne se figea dans une sorte de ritualisme stérile. Les cérémonies védiques, devenant de plus en plus sophistiquées et de plus en plus coûteuses, ruinèrent peu à peu le pays. C'est dans ce contexte social plus ou moins décadent, que naquit Siddartha Gautama, celui qui allait devenir pour l'ensemble de l'Asie, le Bouddha (l'Eveillé). Né en 563 avant J.C. dans une famille princière du sud du Népal, Gautama fut dès sa naissance promis à un destin exceptionnel. Renonçant au monde à l'âge de trente ans, il se livra alors à une ascèse intense pendant plusieurs années, et parvint finalement à l’illumination. Sa doctrine, reposant sur la théorie du karma et de la transmigration, se voulait une réponse concrète et radicale au problème de la souffrance humaine. Aussi exposa-t-il ses «Quatre Nobles Vérités», d'abord à ses anciens compagnons, puis à des disciples qui devinrent rapidement de plus en plus nombreux. S'opposant au Védisme (religion révélée) et au Shivaïsme (religion non-dogmatique), il combattit à la fois le système des castes, le ritualisme et les superstitions. Un Ordre fut créé et le Bouddhisme qui ressemblait plus à son origine à une philosophie qu'à une véritable religion, commença à prendre en Inde, une influence de plus en plus importante. Du IVe siècle au IIe siècle avant J.C., la dynastie des Mauryas favorisa davantage la nouvelle religion aux dépens du culte védique. Mais c'est en 274 avant J.C., que l'Inde entière, à la suite du roi Açoka, se convertit massivement au Bouddhisme. Pendant son règne, le roi Açoka convoqua un grand concile pour définir par écrit le Canon bouddhiste et par là même pour combattre les hérésies. De nombreux missionnaires furent envoyés dans tous les pays voisins, ainsi qu'en Grèce et dans le monde méditerranéen.
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LE JAINISME : C'est à la même époque qu'apparut Mahâvira (559 avant J.C.), 24ème et dernier prophète de la religion Jaïn. Un lointain passé ayant déjà permis au Jaïnisme de s'établir en ces lieux, Mahâvira passa plus pour un réformateur que pour un innovateur. Son influence ne dépassa guère le cadre de l'Inde, malgré l'envoi de nombreux missionnaires. Néanmoins, plusieurs grandes valeurs liées à cette religion, telles la non-violence et le végétarisme, imprégnèrent et modifièrent profondément toute la société indienne. Aujourd'hui encore, cette très ancienne religion, toujours présente sur ce vaste territoire, quoique en faible pourcentage, porte témoignage d'un passé immémorial.
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L'INFLUENCE DES GRECS : Durant cette même période, l'Inde eut à subir la domination et l'influence des Grecs (IIIe- IIe siècles avant J.C.). Depuis les temps les plus anciens, le commerce et les échanges avec le monde méditerranéen n'avaient jamais cessé d'exister. Mais avec l'avènement d'Alexandre-le-Grand et son désir de conquêtes, les Grecs allèrent établir en Inde et en Afghanistan, une véritable suite de petits royaumes, plus ou moins autonomes entre eux. L’influence des Grecs se fit surtout ressentir dans le domaine des arts, de la sculpture et de l’architecture. Mais finalement, peu de temps après la disparition d'Alexandre-le-Grand (323 avant J.C.), l'Inde se libéra définitivement de l'emprise des Grecs et reconquit son indépendance.