"Ne discutez pas les doctrines et les religions, elles sont une. Toutes les rivières vont à l'océan. La grande eau se fraie mille chemins le long des pentes. Selon les races, les âges et les âmes, elle court en des lits différents, mais c'est toujours la même eau." (Ramakrishna)
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Bien qu’une certaine rivalité ait pu exister entre ces différents courants de pensée philosophique, de très nombreux échanges et synthèses eurent lieu, au cours des âges, entre le Sâmkhya, le Védanta et le Tantra. L’Hindouisme moderne, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est une vaste synthèse religieuse, où nous retrouvons toutes les influences passées qui ont jalonné l’histoire de l’Inde : Animisme, Shivaïsme, Shaktisme, Jaïnisme, Védisme, Bouddhisme, Brahmanisme, Vishnouisme, mais aussi dans une proportion beaucoup plus faible, Musulmane et Chrétienne.
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LA BHAGAVAD-GITA : L’exemple le plus illustre de ces différentes synthèses se trouve assurément dans la Bhagavad-Gîtâ (le chant du Bienheureux Seigneur). Cet ouvrage qui fait partie de la grande épopée du Mahâbhâratha, peut être considéré à juste titre comme le fleuron de tout l’enseignement du Yoga. Partant de l’analyse philosophique du Sâmkhya, Shrî Krishna (l’Instructeur Divin) en élargit considérablement le sens, en employant d’abord le vocabulaire spécifique du Védanta et en exposant l’orientation métaphysique des Tantras. Ce Chant qui a été une source inépuisable d’inspiration et d’élévation de l’âme pour des générations et des générations de yogins, représente aujourd’hui encore en Inde, une référence incontournable pour la plupart des hindous. Dans cette vaste synthèse, les principaux Yogas fusionnent en un Yoga Suprême qui représente l’idéal Divin complet.
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"Séparer le Sâmkhya et le Yoga, c’est parler en enfant, non en homme sage ; si un homme s’applique intégralement à l’un deux, il obtient le fruit des deux. La condition qui est atteinte par le Sâmkhya, les hommes du Yoga aussi y parviennent ; celui qui voit Sâmkhya et Yoga comme une seule chose, celui-là voit. Mais la renonciation, ô guerrier au bras puissant, est difficile à atteindre sans le Yoga ; le sage qui a le Yoga atteint bientôt le Brahman." (Bhagavad-Gîtâ)
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INTRODUCTION A LA BHAGAVAD-GITA : Shrî Aurobindo, dans son introduction à la Bhagavad-Gîtâ nous annonce une synthèse à venir, plus vaste encore, que celle-là même anoncée dans la Bhagavad-Gîtâ.
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" [...] Nous, hommes d'aujourd'hui, nous sommes au seuil d'une ère nouvelle de développement qui doit conduire à une synthèse nouvelle et plus vaste. Nous n'avons pas à être des védantistes orthodoxes de l'une des trois écoles, ni des tantriques, ni à nous rattacher à l'une des religions théistes du passé, ni à nous retrancher à l'intérieur des enseignements de la Gîtâ. Ce serait nous limiter et vouloir créer notre vie spirituelle avec l'être, la connaissance et la nature d'autrui, d'hommes du passé, au lieu de construire avec ce que nous sommes et ce qui est latent en nous. Nous n'appartenons pas aux aurores du passé, mais aux midis de l'avenir. Une masse d'éléments nouveaux se déverse en nous ; il nous faut, non seulement assimiler les influences des grandes religions théistes de l'Inde et du monde, ainsi qu'un sens retrouvé de ce que représente le Bouddhisme, mais aussi tenir pleinement compte des révélations puissantes, quoique limitées, de la science et des recherches modernes ; en outre, un passé lointain, immémorial et qui paraissait mort, revient à nous avec tout l'éclat de nombreux secrets lumineux depuis longtemps perdus pour la conscience de l'humanité, et qui maintenant surgissent à nouveau de derrière le voile. Tout cela nous annonce une nouvelle synthèse, très riche et très vaste. Une harmonisation nouvelle et compréhensive de nos acquisitions est, intellectuellement et spirituellement, une nécessité de l'avenir. Et tout comme les synthèses passées ont pris pour point de départ celles qui les ont précédées, la synthèse de l'avenir doit aussi, pour avoir une base solide, procéder de ce qu'ont donné les grandes sommes de pensée et d'expérience spirituelles réalisées dans le passé. Parmi elles, la Gîtâ occupe une place primordiale." (Shrî Aurobindo)