"Maintenant je vais t'enseigner les règles du prânâyâma, le contrôle du souffle vital. En pratiquant cette discipline l'homme devient semblable à un dieu." (Gheranda Samhîta)
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NADI-SHODHANA : LA PURIFICATION DES NADIS : Avant de s’exercer sur les autres formes de prânâyâma, le hatha-yogin tantrique devra au préalable pratiquer nâdi-shodhana, pour la purification des nâdis (voir chapitre IV-5 : Le réseau interne d'énergie ). Cet exercice est indispensable pour que les nâdis soient purifiées et pour que Kundalini shakti puisse remonter dans la sushumnâ (la nâdi centrale).
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"Tenant son corps bien droit, l’adepte honorera d’abord, les mains jointes, la divinité de son choix, puis, avec le pouce de sa main droite, il se bouchera la narine droite qui est l’orifice du canal Pingalâ et insufflera doucement de l’air par la narine gauche, orifice de l’Idâ ; Il retiendra alors son souffle aussi longtemps qu’il lui sera possible, puis l’expulsera progressivement, sans forcer, par la narine gauche. Ensuite il insufflera à nouveau, par sa narine gauche cette fois conduisant l’air jusqu’à son ventre qu’il emplira progressivement ; après l’y avoir maintenu le plus longtemps qu’il lui sera possible, il l’expulsera par la narine droite, doucement, sans forcer. Il procédera ainsi, inspirant par une narine, expirant par l’autre, alternativement et chaque fois retenant le souffle aussi longtemps qu’il le pourra. Pour mesurer le rythme respiratoire on utilise comme unité, le temps qu’il faut à un homme pour se frotter le genou en rond et ensuite claquer du doigt. Lorsqu’on inspire par la narine gauche, on le fait durant seize unités de temps, on tient le souffle ensuite durant soixante-quatre unités et l’on expire enfin par la narine droite durant trente-deux unités. De même lorsque l’on changera de narines. Ainsi fera-t-on quatre fois par jour : au matin, à midi, le soir, à minuit, tâchant chaque fois de pratiquer jusqu’à quatre-vingts tenues de souffle. Après trois mois, les deux canaux Idâ et Pingalâ seront tout à fait purifiés et ceci se manifestera dans la constitution même de l’adepte : il deviendra ténu, lumineux, le feu de la digestion brûlera plus fort et il perdra du poids." (Yogatattva Upanishad)
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.nâdi-shodhana
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LA REGULARISATION DU SOUFFLE : Pour le Râja-yogin il s’agira avant tout, de donner à la respiration un rythme très régulier. Au début le pratiquant pourra adopter le rythme suivant : 2-1-2-1 (deux temps pour l’inspiration et l’expiration et un temps pour les rétentions poumons pleins et vides). La régularisation du souffle se traduira, plus ou moins rapidement chez le yogin, par l’acquisition d’un état intérieur très calme et de présence à soi-même. Puis en allongeant progressivement le souffle et en respirant "comme on aspire de l’eau au moyen d’un roseau", c’est-à-dire le plus lentement et le plus subtilement possible, le yogin arrivera alors très certainement, à la suspension du souffle. L’immobilité alors sera totale (physique, prânique, mentale) et le Soi se révélera de Lui-même, comme étant le Centre de tout ce qui Est.
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"Le fondement de prâna et d’apâna est l’espace du dvâdashânta intérieur, ou cœur intérieur et l’espace du dvâdashânta extérieur, ou cœur extérieur. Dans ces espaces, l’activité de prâna et apâna cesse pour un moment. Pour une fraction de seconde, ils se "tournent vers l’intérieur" , quand "Ham", le son de l’inspiration, fusionne à l’intérieur et que "Sa", le son de l’expiration, fusionne à l’extérieur. A ce moment, on a l’impression que prâna et apâna se sont évanouis quelque part. L’espace où ils fusionnent est appelé Madhyadashâ. Quand cet espace s’étend, notre sens de la dualité et notre sentiment des différences s’amenuisent graduellement. Finalement, les sens intérieurs ainsi que les sens extérieurs se tournent vers l’intérieur complètement." (Swami Muktananda)
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LA RESPIRATION CONSCIENTE : Dans certaines Upanishads, il est fréquent de comparer l’Atman (le Soi) à un oiseau migrateur (Hamsa), retenu prisonnier dans les filets du samsâra (le cycle des renaissances), par un fil attaché à l’une de ses pattes. Vingt et un mille six cents fois par jour, le Souffle (prâna et apâna), entre et sort en faisant à chaque inspiration un bruissement semblable à "Ham" et à chaque expiration, un bruissement semblable à "Sa". La respiration consciente consistera dans un premier temps, à reconnaître la signification cachée et sacrée du Souffle de Vie. C’est la connaissance intime et profonde, que c’est uniquement la Conscience Universelle (Cit), qui respire par Prâna. Chaque respiration sera vécue alors, comme un véritable rituel, un culte permanant au Divin. Le mantra hamsa s’inversera alors dans la Connaissance du mantra So’ham (Lui je suis). La plus grande Connaissance étant la Révélation de l'Identité Suprême.
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"Le prâna tire en avant en prenant appui sur l’apâna et celui-ci tire en arrière en prenant appui sur le prâna comme un oiseau tire sur le fil auquel il est lié, l’âme tire en avant mais est ramenée en arrière par le même fil : qui sait cela sait le Yoga ! Le prâna rentre en faisant "Ham", l’apâna sort en faisant "Sa" Ainsi l’âme individuelle va-t-elle, répétant sans cesse la formule sacrée "Hamsa Hamsa" ! Oui, de nuit, de jour, toujours l’âme dit et redit, à voix basse, vingt et un mille six cents fois cette formule que l’on peut mesurer bien qu’elle soit indistincte ; Par elle les adeptes sont délivrés : il suffit d’en prendre conscience pour être libre de tout péché ! Il n’y a jamais eu, il n’y aura jamais, de Science pareille à celle-là, de Formule pareille à celle-là, de Sainteté pareille à celle-là ! (Dhyânabindu Upanishad)
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