"Comprends-Moi comme le Connaissant du champ en tous les champs, ô Bhârata ; c'est la connaissance du champ et son Connaissant à la fois qui est la vraie illumination et la seule sagesse." (Bhagavad-Gîtâ)
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LES GRANDS PRINCIPES DE L'ETRE : La première chose que l’aspirant spirituel devra acquérir sur le chemin du Jnâna-yoga, est la Connaissance approfondie des grands principes de l’Etre (voir chapitre III-3 : Les grands principes de l'Etre ). Sans cette Connaissance, aucune sâdhanâ ne pourra être menée à terme, faute d'une base théorique solide. Que nous suivions la voie propre du Hatha-yoga, du Râja-yoga, ou de tout autre forme de Yoga, il nous faut à la fois (re)connaître notre situation de départ, notre chemin à suivre et notre But à atteindre. La Connaissance consistera dans un premier temps, à éliminer toutes les fausses conceptions du Soi, toutes les fausses identifications et vues erronées de l’esprit. Le Soi se révélera alors à l’esprit épuré, comme étant l’Essence même de l’Etre. Dans le Jnâna-yoga, la pensée est toujours orientée sur la Réalité Suprême.
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LE CHAMP ET LE CONNAISSANT DU CHAMP : "Sache que Purusha et Prakriti sont tous deux sans origine et éternels ; mais les modes de la Nature et les formes inférieures qu’elle assume pour notre expérience consciente ont leur origine en Prakriti. La chaîne des causes et des effets et l’état d’auteurs de l’action sont créés par Prakriti ; Purusha ressent le plaisir et la douleur. Purusha engagé en Prakriti jouit des qualités nées de Prakriti ; l’attachement aux qualités est la cause de sa naissance en des matrices bonnes et mauvaises. Témoin, source de l’assentiment, soutien du jeu de la Nature, jouissant de la Nature, Seigneur tout-puissant et Moi suprême, telle est l’Ame suprême logée en ce corps. Celui qui connaît ainsi le Purusha et la Prakriti avec ses qualités, de quelque manière qu’il vive et agisse, il ne renaîtra pas. Cette connaissance vient par une méditation intérieure à travers quoi le Moi éternel devient pour nous apparent dans notre existence propre. Ou elle vient par le Yoga des Sâmkhyas. Ou elle vient par le Yoga des œuvres. Il en est aussi qui, ignorants de ces routes du Yoga, peuvent entendre la vérité dite par d’autres, et modeler leur esprit dans le sens de ce qu’ils écoutent avec foi et concentration. Mais, par quelque voie qu’on y atteigne, cette vérité nous emporte par-delà la mort à l’immortalité. Tout être qui naît, mobile ou immobile, sache, ô meilleur des Bhâratas, qu’il naît de l’union entre le champ et le Connaissant du champ. Logé également en tous les êtres, Seigneur impérissable au-dedans du périssable - celui qui (le) voit, il voit. Percevant l’égal Seigneur comme l’habitant spirituel en toutes les forces, toutes les choses et tous les êtres, il ne se blesse pas lui-même, et ainsi il atteint à la condition suprême. Celui qui voit que toute action est faite en vérité par Prakriti, et que le Moi est le témoin inactif, il voit. Quand il perçoit l’existence diversifiée des êtres demeurant dans l’Etre éternel unique et jaillissant de Lui, alors il atteint au Brahman. Parce qu’Il est sans origine et éternel, non limité par les qualités, le Moi suprême impérissable, ô Kaunteya, bien qu’il soit logé dans le corps, n’agit pas, ni n’est affecté. Comme l’éther tout-pénétrant, en raison de sa subtilité, ne saurait être affecté, ainsi, partout logé dans le corps, le Moi n’est pas affecté. Comme l’unique soleil illumine la terre entière, ainsi le Seigneur du champ illumine le champ entier, ô Bhârata. Ceux qui, par les yeux de la Connaissance, perçoivent cette différence entre le champ et le Connaissant du champ et comment les êtres se libèrent de Prakriti, ils parviennent au Suprême." (Bhagavad-Gîtâ)
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