Shankâracharya, né en 788 et mort en 820, est considéré comme l'un des plus grands Maîtres spirituels de l’Inde. Philosophe, métaphysicien et réformateur de l’Hindouisme, il est un des principaux fondateurs de l’Advaïta Vedanta.
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"En vérité le Divin est au dedans de toi, Être suprême, félicité intérieure éternelle. Il est, il demeure, il ne passe, sans second, indivisible, splendeur de conscience absolue, témoin de l'intelligence, au-delà du réel et du non-réel, le Divin - l'être vrai en toute créature."
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."Cela - Paramâtman - Cela, qui est par-delà le réel et le non-réel, sa nature est pure connaissance Il est lumière au dedans de l'être, montrant les phénomènes présents et à venir, distinct pourtant de prakriti aux mouvantes formes. Sache qu'il est ton être, sens qu'il est ton être, que tu dormes ou que tu rêves ou que tu veilles, de ton intelligence seulement le témoin."
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"Lumière constante au dedans de toi - et au dedans de tous - ton être intérieur éternel se manifeste en toi, vois le en toi, quand tu dors et quand tu rêves et quand tu veilles, Il est en toi, témoin qui regarde ces formes nombreuses, ces formes changeantes. Principe de ton être, depuis "Je", pensée racine, sens-le aussi comme Eternité, Béatitude et Conscience, en ton cœur réalise Cela qui est ton être."
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"Avec ta pensée bien réglée et ton intellect pur et clair réalise Cela - ton Atman - et dis "moi, c'est Cela" franchissant ainsi Samsâra, océan insondable, océan sans limites des morts et des renaissances. Et alors connais la joie d'avoir atteint ta propre essence, et à jamais ainsi demeure - Brahman même."
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"Quand se fond ainsi en Brahman d'un effort constant façonnée l'intelligence, la paix ainsi venue en toi - Savikalpa Samâdhi - d'elle-même franchit ses limites et devient suprême conscience - Nirvikalpa Samâdhi - fin souveraine, là où n'est plus « toi et moi » là où n'est plus rien que l'Un."
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"Brahman, le Réel, l'Unique, est au cœur même, au cœur profond des créatures, par-delà les phénomènes manifestés et non manifestés. Qui demeure en son propre cœur devenu Cela est libéré des renaissances."
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LA VAGUE DE FELICITE DU DELIVRE-VIVANT :
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"Quand, dans la ville, il contemple le tableau bariolé des citadins, hommes et femmes, aux noms et formes variés, bien vêtus et parés avec des ornements d’or et qu’il se délasse avec eux en pensant qu’il est lui-même pur spectateur, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand, dans la forêt, il regarde les cimes qui ploient sous leurs fardeaux de feuilles et de fruits et qu’il entend les divers gazouillis des troupes d’oiseaux cachées dans les épaisses frondaisons, n’ayant pour siège, la nuit comme le jour, qu’une portion du sol, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il séjourne dans un temple, un autre jour dans un palais somptueux, tantôt sur un rocher, une autre fois au bord d’une rivière, ou bien quand il partage la hutte de quelque ascète éminent et paisible, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il se récrée, ici avec des enfants qui rient et battent des mains, là avec une femme jeune et jolie, quand il s’entretient avec des vieillards chagrins ou bien avec des hommes tout différents, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il converse avec des experts qui savourent les délices d’un savoir immémorial et abondant, ou bien avec des poètes ayant sur les lèvres l’essence même de l’art poétique, à d’autres moments avec de brillants logiciens épris de déduction, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il accomplit en quelque lieu un culte divin avec des méditations assidues, ailleurs avec des fleurs appropriées et très odorantes, en quelque autre endroit avec des feuilles immaculées, l’esprit réjoui, tout entier à la louange, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il récite les noms de Celle qui est favorable aux êtres, de Celui qui confère la tranquillité ou de Celui qui pénètre tout, ou quand il récite les noms du Conducteur de la troupe divine ou de Celui qui manifeste et consume l’univers et que la béatitude inonde ses yeux de larmes, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il se purifie dans les flots du Gange, quand il utilise l’eau d’un puits ou d’un étang, que cette eau soit froide ou tiède et agréable, ou quand son corps couvert de cendre est pareil à du camphre, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il est occupé avec les sens et leurs objets dans l’état de veille, quand il perçoit les objets de l’état de rêve ou quand il savoure la félicité ininterrompue du sommeil profond, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il est nu, quand il est vêtu comme un dieu, ou quand il porte autour des reins une peau de lion, toujours magnanime, sans soucis et semant la joie dans le cœur de ceux qui l’approchent, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il se tient en sattva, quand il est en contact avec la qualité de rajas ou de tamas, ou quand il s’affranchit de ces trois modalités cosmiques, tantôt dans le courant de l’existence conditionnée, tantôt se plaisant dans le sentier de la révélation, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il garde le silence ou quand il se montre enclin à parler, quand sa félicité intime suspend sa voix et le fait rire aux éclats, ou bien quand il observe avec attention le comportement de l’un ou l’autre mondain, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il introduit quelque aliment dans la bouche en lotus épanouie des femmes ou quand il accepte de manger ce qu’elles offrent, montrant ainsi que la non-dualité exclut la distinction entre soi-même et les autres, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il prend plaisir à fréquenter les fidèles de Shiva ou de Son Epouse, quand il vit parmi les adorateurs de Vishnou, parmi ceux de Sûrya ou ceux de Ganêsha, débarrassé par la non-dualité de tout ce qui divise, le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il perçoit la pure essence à travers la variété innombrable des qualités et des distinctions, tantôt revêtue d’une forme et tantôt sans forme, essence qui est la sienne et celle de Shiva, quand, devant cette merveille, il s’écrie "Qu’est cela !", le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Quand il perçoit la dualité toute entière comme étant aussi la vérité, comme étant favorable et divine, selon les paroles révélées dont il a médité et compris les acceptations profondes, quand, ayant rejeté l’erreur de la dualité non unifiée, il répète sans cesse : Shiva ! Shiva ! Shiva ! le sage dont l’ignorance a été abolie par l’initiation de son Guru n’est plus le jouet de l’illusion.
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Il jouit sans relâche de la Délivrance, plongeant et replongeant dans le lac de béatitude innée qu’est la suprême réalité de Shiva, où il est parvenu grâce au regard de nectar de son Guru compatissant. Sa conduite étant parfaite, il est le meilleur d’entre les hommes et les poètes le proclament un (vrai) renonçant, un yogin (accompli), un (authentique) inspiré.
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Il est silencieux avec le taciturne, vertueux avec le vertueux, savant avec le savant, affligé avec l’affligé, dans le bonheur avec l’heureux, dans le plaisir avec le jouisseur, stupide avec le stupide, juvénile avec les jeunes femmes, loquace avec les bavards, Lui, le fortuné qui a conquis les trois mondes, est méprisé avec les misérables."
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