Quatre-vingtième Upanishad du canon Muktika, appartenant à l’Atharva Véda et classée comme Upanishad de Shakti.
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[…] « Les dieux, en vérité, dirent au Seigneur : Seigneur ! Tu nous as expliqué clairement la section des pratiques, ainsi que tout ce qui appartient à Tripura, avec les thèmes apparentés. Maintenant, parle-nous du Suprême sans attributs.
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Le Seigneur leur délivra l’enseignement suivant :
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Par la quatrième et finale Maya, nous avons eu des indices de Brahman, qui est l’Etre suprême, l’Atman suprême, dont l’essence est Pure Conscience. L’auditeur, le penseur, le voyant, l’enseignant, celui qui touche, proclame, s’informe, le connaisseur suprême, la personne intérieure qui se trouve en toutes les personnes - c’est là l’Atman qu’il faut connaître.
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En Lui, il n’est ni mondes visibles, ni mondes invisibles, ni dieux ni démons, ni bêtes ni humains, ni ascètes ni mondains, ni castes ni sans castes, ni brahmanes ni non-brahmanes. Solitaire et unique, le suprême Brahman empli de paix, déploie Sa pure Lumière. Là, les dieux, les rishis, les mânes, ne règnent pas. Le connaisseur pleinement éveillé, l’Omniscient, c’est Lui, Brahman.
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L’aspirant à la Libération doit retirer son mental des objets, car assurément la Libération est le détachement vis-à-vis de tout objet.
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Le mental est de deux sortes : le pur et l’impur. Le mental impur est mené par les désirs, le pur s’est libéré de tout désir.
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Le mental, à lui seul, entraîne la servitude de l’homme ou son affranchissement ; s’attacher aux objets, voilà la servitude ; le mental qui s’en retire dénoue les liens d’asservissement.
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Dépouillé de ses attachements aux objets, se restreignant à la conscience du cœur, le mental cesse dès lors d’être du mental ; tel est l’état suprême.
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Contrôlez votre mental jusqu’à ce que son apaisement gagne le cœur. C’est cela, la Connaissance et la méditation, et tout le reste n’est que verbiage.
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Brahman n’est pas pensable comme pur solitaire, Il n’est pas non plus impensable. Ne pensez pas ! Cependant ne faites rien d’autres que penser ! Telle est la voie de l’identification à Brahman, qui est identique à tous les êtres.
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Le yogin se perd, ainsi que son Atman, dans l’Etre Absolu, par une méditation transcendante ; une méditation sur ce qui n’est pas l’Atman est vaine, ce n’est pas de la méditation.
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Ce Brahman est Un, sans parties, au-delà de tout concept, sans imperfections. Sachant que tu es Cela, par degrés progressifs, tu deviens authentiquement Brahman.
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Sachant que Cela est au-delà de tout concept, infini, sans cause ni semblable, incommensurable et sans commencement, l’homme de sagesse est libéré.
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Il n’est nulle restriction, nulle origine ; nul n’est en servitude ; nul n’aspire à un autre état ; nul ne recherche la Libération ; que dis-je ! Nul n’est libéré - c’est là la vérité.
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Que tu sois éveillé, rêvant ou profondément endormi, sache-le, il n’est qu’un seul Atman ; pour celui qui est passé au-delà de ces trois états, il n’est plus jamais de renaissance.
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Il n’existe que l’Atman réel, et uniquement Lui,reflété dans les divers êtres ; Il apparaît comme Un et multiple, telle la lune sur les eaux miroitantes.
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Lorsqu’on déplace une jarre, l’espace qui est à l’intérieur n’est pas déplacé. De même, l’Atman vivant n’est jamais déplacé, pas plus que l’espace lorsqu’on déplace une jarre.
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Lorsqu’il est multiplié en différentes formes, distinctes, comme une jarre l’est d’une autre, Il demeure ignorant de ces divisions, et cependant, à chaque fois, Il les connaît.
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Aussi longtemps que les illusions nées du langage nous tiennent, la différenciation demeure ; dès lors que l’obscurité est dispersée, c’est l’Unité qui devient visible.
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Le Brahman inférieur est exprimé par les mots ; le Brahman supérieur demeure, éternel, quand se dissipent les mots ; qui connaît ce Brahman pacifiera son mental en méditant sur l’Eternel.
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Deux Brahman doivent être pris en considération : le Brahman par les mots et le Brahman suprême. Celui qui est très versé en textes sacrés, atteindra assurément au Brahman suprême.
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L’esprit aiguisé par l’étude des textes, concentré sur la quête de la Connaissance et de la Sagesse, doit lâcher prise en tout : si l’on cherche le grain, on rejettera l’enveloppe.
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Le lait a toujours la même couleur, même s’il provient de vaches différentes ; la Connaissance est réputée semblable au lait, ses sources son telles des vaches nourricières.
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Focalisez-vous sur l’œil de la Sagesse, évoquez la pensée « je suis Brahman », le vénérable, le suprême séjour, Un et sans parties, sans agitation, l’unique et le paisible.
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Quiconque connaît ainsi la forme une et suprême de Brahman, le quatrième résidant en tout être, demeure dans le séjour immortel et suprême. Je prends refuge, pour le salut de ma vie, en cette quatrième gnose de la Connaissance, cause de la manifestation de Brahman. […] »