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RENONCEMENT ET ABANDON : La Bhakti ne peut être utilisée pour satisfaire aucun désir, car elle est elle-même le frein de tous les désirs. Le renoncement veut dire la consécration à Dieu de toutes ses activités, qu’elles soient profanes ou sacrées. Le renoncement d’un bhakta signifie que son âme toute entière va vers Dieu, il rejette tout ce qui milite contre l’amour de Dieu. Une dévotion totale veut dire renoncer à tout autre refuge et prendre refuge en Dieu. Rejeter tout ce qui milite contre l’amour de Dieu signifie l’accomplissement de telles activités profanes et sacrées qui sont favorables à la dévotion pour Dieu. Les Ecritures doivent être observées tant que la vie spirituelle de l’individu n’est pas fermement établie en Dieu. Sinon il y a le péril de tomber. Il n’est pas nécessaire de suivre les coutumes et les pratiques sociales quand l’amour pour Dieu devient intense ; mais les actions telles que manger, boire, etc. ne doivent pas être abandonnées, car elles sont nécessaires pour maintenir le corps en vie.
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MODELES D’AMOUR DIVIN : Les caractéristiques de l’Amour Divin ont été décrites par les sages de diverses manières en raison des différences de point de vue. Vyasa, le fils de Parasara, a défini la Bhakti comme dévotion aux actes de culte et aux choses semblables. Le sage Garga définit la Bhakti comme dévotion à l’audition et la louange du nom de Dieu. Le sage Shandilya définit ainsi la Bhakti : éviter toutes les pensées qui distraient l’attention et ne prendre son plaisir qu’en l’Atman. Narada donne ces signes comme étant ceux de la Bhakti : lorsque toutes les pensées, toutes les paroles et toutes les actions sont offertes au Seigneur et que le moindre oubli du Seigneur rend intensément malheureux, alors l’Amour a commencé. Des exemples existent de telles expressions parfaites de l’Amour. Comme les gopis de Braja l’avaient. Bien qu’adorant Krishna comme leur amant, les gopis n’oubliaient pas sa nature divine. Si elles n’avaient pas eu cette connaissance que Krishna était Dieu, leur amour aurait été semblable à la passion vile d’une maîtresse pour son amant. Dans la sensualité il n’y a que le désir de son propre plaisir ; son bonheur ne consiste pas à rendre heureux celui que l’on aime.
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LE BUT LE PLUS ELEVE DE LA VIE : La Bhakti est plus grande que Karma, plus grande que Jnana, plus grande que Râja-yoga. Car la Bhakti est la fin ultime et le but de la vie spirituelle. Toutes les autres voies mènent un homme à sa réalisation. La Bhakti est aussi la plus grande parce que Dieu déteste l’égoïsme et aime l’humilité. Certains sont d ‘avis que la Connaissance est le moyen d’atteindre la Bhakti. D’autres pensent que la Connaissance et la dévotion sont indépendantes l’une de l’autre. Narada dit que cette réalisation spirituelle est son propre fruit. Un homme ne peut plaire à un roi en ne faisant que savoir qui il est et en regardant son palais, ni satisfaire sa faim par la seule connaissance et la vue de la nourriture : de la même manière, un homme ne peut se satisfaire de la Connaissance ou de la perception de Dieu, si l’amour n’est pas venu. Par conséquent, ceux qui veulent transcender toutes limitations et toutes servitudes (naissance, mort, renaissance, toutes les paires d’opposés dans ce monde du relatif), doivent accepter l’Amour suprême comme le But le plus élevé.
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COMMENT ATTEINDRE L’AMOUR SUPREME : Les grands instructeurs décrivent en hymnes et chants divers les moyens d’ atteindre l’Amour suprême Pour atteindre l’Amour suprême, un homme doit renoncer à la jouissance des objets des sens aussi bien qu’à l’attachement pour eux. L’Amour suprême est atteint par l’adoration ininterrompue et constante de Dieu. En entendant dire et en chantant les gloires de Dieu, même lorsque l’on est engagé dans les activités courantes de la vie. Le principal moyen d’obtenir la Bhakti est la grâce d’une grande âme. Il est difficile d’obtenir la grâce d’une grande âme, parce qu’il est difficile de reconnaître une telle âme. Mais si un homme reçoit sa grâce, l’effet est infaillible. C’est par la grâce de Dieu seul qu’un aspirant obtient la grâce d’une grande âme. Il n’y a aucune différence entre Dieu et ses dévots. Recherche par conséquent la grâce d’une grande âme.
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RECHERCHER LA SAINTE COMPAGNIE : Eviter la mauvaise compagnie par tous les moyens. La mauvaise compagnie doit être évitée, car elle mène à la sensualité, la colère, l’illusion, l’oubli du But et à la ruine finale. Ces passions peuvent n’être au début que de petites rides, mais la mauvaise compagnie les rend finalement semblables à l’océan. Qui peut vraiment triompher de maya ? Celui qui abandonne tout attachement, sert les grandes âmes et est libéré du sens du moi et du mien. Celui qui vit dans la solitude, coupe les liens qui l’attachent à ce monde, passe au-delà des trois gunas et dépend du Seigneur même pour sa subsistance. Celui qui abandonne les fruits des actions, renonce à toutes les activités égoïstes et passe au-delà des paires d’opposés. Celui qui renonce même aux rites et aux cérémonies prescrits par les Ecritures et atteint un amour résolu pour Dieu. Un tel homme, en vérité, traverse cette maya et aide les autres à la traverser.
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DEVOTION PREPARATOIRE ET SUPREME : La nature véritable de cet amour suprême est indicible. C’est comme pour un muet qui essaie d’exprimer l’expérience qu’il a d’une saveur délicieuse. Bien qu’il soit indicible, il se manifeste néanmoins dans quelques grandes âmes qui l’ont atteint. Cet amour suprême est dépourvu d’attributs ; il est libre de tous désirs égoïstes ; il augmente en intensité à chaque instant ; c’est une expérience intérieure ininterrompue, plus subtile que le subtil. Quand un homme atteint cet amour suprême, il voit son Bien-Aimé partout ; il entend parler de Lui partout ; il ne parle que de Lui ; il ne pense qu’à Lui. La dévotion préparatoire est de trois sortes, selon la prédominance dans le mental des aspirants de l’une ou l’autre des trois gunas, sattva, rajas et tamas ; et aussi selon les motifs pour lesquels ils se consacrent à Dieu, qu’ils soient fatigués du monde, ou qu’ils recherchent la connaissance, ou qu’ils désirent obtenir la réalisation de certains désirs matériels. Parmi ces catégories de dévots, la première est considérée comme la plus élevée, ensuite vient celle qui est moins élevée, la moyenne, puis l’inférieure.
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LES FORMES DE L’AMOUR DIVIN : La voie de la dévotion est la voie la plus facile pour atteindre Dieu. L’Amour est sa propre preuve et n’en demande pas d’autre. Sa nature est paix et félicité suprêmes. Le dévot ne s’afflige pas pour une perte personnelle, car il a renoncé à tout ce qu’il possède et même aux rites et aux cérémonies prescrites par les Ecritures. Même si le dévot s’est abandonné complètement au Seigneur, il ne doit pas renoncer à l’action dans le monde ; il doit continuer à l’accomplir en abandonnant au Seigneur les fruits de l’action. Les conversations sur la sensualité, l’avidité et l’athéisme ne doivent pas être écoutées. L’orgueil, la vanité et d’autres vices semblables doivent être rejetés. Consacrez toutes vos actions à Dieu et dirigez vers Dieu toutes vos passions telles que la sensualité, la colère, l’orgueil et ainsi de suite. Transcendant les trois formes d’amour, aimez le Seigneur et aimez-le comme son éternel serviteur, comme son éternelle fiancée. La catégorie la plus élevée des dévots comprend ceux qui ont un amour bien concentré pour Dieu et seulement pour l’amour de l’Amour. Quand les dévots parlent de Dieu, leur voix s’étrangle dans leur gorge, les larmes coulent de leurs yeux, leurs cheveux se dressent dans l’extase. De tels hommes purifient non seulement leurs familles, mais aussi la terre entière sur laquelle ils sont nés. Ces grandes âmes illuminées, les amants de Dieu, rendent saints les lieux de pèlerinage. Les actions qu’ils accomplissent deviennent des exemples de l’action juste. Ils donnent aux Ecritures leur autorité spirituelle. Chacun de ces dévots a été rempli par l’esprit de Dieu. Quand de tels amants de Dieu vivent sur la terre, leurs ancêtres exultent, les dieux dansent de joie, cette terre en est sanctifiée. Parmi eux, il n’y a pas de discrimination basées sur la caste, le savoir, la beauté, la naissance, la richesse, les possessions et ainsi de suite. Parce qu’ils sont siens.
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VERTUS MORALES ET ADORATION DE DIEU : Les discutions doivent être évitées. Parce qu’elles n’ont pas de fin et ne conduisent à aucun résultat satisfaisant. Pendant que vous étudiez les Ecritures dévotionnelles, méditez sur leurs enseignements et suivez-les, afin que cette dévotion pour Dieu puisse grandir dans votre cœur. Il appartient à un bhakta de ne pas gaspiller un seul instant ni de différer à faire l’adoration de Dieu, tant qu’il ne sera pas affranchi du plaisir et de la souffrance, des désirs et de la cupidité. Le bhakta doit cultiver la non-violence, la véracité, la pureté, la compassion, la foi et les autres vertus semblables. Seul le Seigneur doit être adoré jour et nuit dans et par tous les aspects de la vie sans aucune pensée qui distrait l’attention. Là où le Seigneur est ainsi adoré, il se révèle vite à la vision intérieure de ses dévots. Aimer la Vérité éternelle, c’est en vérité l’Amour le plus grand. Cet Amour Divin se manifeste sous onze formes différentes :
Un dévot aime chanter les louanges et les gloires du Seigneur béni.
Il aime sa beauté enchanteresse.
Il aime Lui offrir l’adoration de son cœur.
Il aime méditer continuellement sur sa présence.
Il aime penser à Lui comme son serviteur.
Il L’aime comme son ami.
Il L’aime comme son enfant.
Il L’aime comme son Bien-Aimé.
Il s’abandonne complètement à Lui.
Il aime s’absorber complètement en Lui.
Il aime éprouver l’angoisse de la séparation d’avec Lui.
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Ces vérités sont déclarées à l’unanimité par les instructeurs de la Bhakti sans craindre la risée du monde. On reconnaît comme de grands instructeurs de la Bhakti : Kumara, Vyasa, Suka, Shandilya, Garga, Vishnu, Kaundinya, Sesha, Uddhava, Aruni, Bali, Hanuman, Bibhisana et bien d’autres. Quiconque croit à cette description de bon augure de l’Amour Divin fait par Narada et a foi en ces enseignements, devient un amant de Dieu, atteint la félicité la plus élevée et parvient au But suprême de la vie.