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L' Enseignement Du Yoga Suprême

  • : L'Union Divine - La Fine Fleur Du Yoga
  • : Le Yoga est l'expérience directe de la Réalité. C'est la réalisation du Soi dans sa plénitude, l'Etat Divin. Dans ce blog vous trouverez l'essentiel de ce que vous devez savoir sur ce sujet : l'historique, la philosophie, la métaphysique, l'être humain, l'aspirant au Yoga, les différentes formes du Yoga, la Libération Spirituelle, l'Union Divine, les plus grands Maîtres spirituels et les principaux textes anciens. Un lexique, une bibliographie et quelques vidéos compléteront cet enseignement du Yoga Suprême.
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Le Chemin De L' Auteur

  • La fine fleur du yoga
  • Adoration - Connaissance - Méditation - Œuvres - Bhakti - Jnâna - Râja - Karma - Hatha - Yoga - Ayurvéda - Spiritualité - Gnose - Christianisme - Soufisme - Taoisme - Unité - Amour - Partage
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Les Chemins De L' Inde

undefinedCarte de l'Inde ancienne

bhimbetka-inde.jpgBhimbetka

harappa.jpgHarappa

 Mohenjo-Dora

lingam-harappa.jpgLinga Harappa

harappa-yogin.jpgYogin Harappa

undefinedPashupati

tr-thankara-jain.jpgJain Trithankara

jain-trithankara.jpgTrithankara

premiers-aryens.jpgAryen Perse

Rig-Veda.jpgRig-veda

Indra.jpgIndra

Agni.jpgAgni

undefinedSanskrit

sadashiva.jpgSadashiva

trimurti.jpgTrimurti

brahma-copie-1.jpgBrahma

vishnou.jpgVishnou

shiva-copie-1.jpgShiva

sc-nes-de-vie-de-Bouddha.jpgScènes de la vie de Bouddha

undefinedBouddha

undefinedBouddha
style gréco-indien

mahavira-copie-2.jpgMahavira

le-sermon-de-mahavira.jpgLe sermon de Mahavira

ajanta.jpgAjanta

elephanta.jpgElephanta

empire-Maurya.jpgEmpire Maurya

nataraja.jpgNataraja

undefinedShankaracharya

undefinedAbhinavagupta

natha-yoga.jpgNatha-yoga

hatha-yoga-1.jpgHatha-yoga

rama.jpgRama

krishna-3.jpgKrisnha

krishna-et-les-gopis.jpgKrishna et les gopis

sultan-de-delhi.jpgSultan de Delhi

undefinedAkbar

soufi-1.jpgSaints Soufis

caitanya.jpgCaitanya

vallabha.jpgVallabha

Mirabai.jpgMirabaï

guru-nanak.jpgGuru Nanak

kabir.jpgKabir

sri-ramakrishna.jpgShri Ramakrishna

sri-aurobindo.jpgShri Aurobindo

ramana-maharshi.jpgRamana Maharshi

swami_ramdas.jpgSwami Ranmdas

ma_ananda_moyi.jpgMa Ananda Moyi


 

Les Chemins De L' Union

Les Chemins Des Annuaires

         145  

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lui

Merci de votre visite et à bientôt 

Om Shanti

   
 
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    5 posture du lotus 

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la Ribhu Gîta

la Ribhu Gîta

La Ribhu Gita, est la sixième partie du Shiva Rahasya. La totalité de la Ribhu Gita est censée représenter l’enseignement donné au sage Ribhu par Shiva Lui-même. Ramana Maharshi attribuait une valeur unique à ce texte. (Chapitre 26 versets 1 à 45)

.

1. Je vais t’exposer maintenant la méthode pour demeurer dans la Réalité indifférenciée qui inclut tout. Cet enseignement est secret et difficile à comprendre, même avec l’aide de nombreuses Saintes Écritures. Même les êtres célestes et les praticiens de disciplines spirituelles, qui l’ont tenue pour chère, l’ont acquise avec difficulté. Suis ce que je dis, et en plongeant dans la Réalité, sois heureux.

2. Mon fils ! Les sages réalisés disent que l’inhérence absolue dans la Réalité signifie devenir Un avec l’Immuable, tranquille, non duel Être suprême absolu, qui est Sat-Cit-Ananda (Être-Conscience-Béatitude) et le Soi de tous, et faire du mental baladeur Un avec Cela, comme l’union proverbiale du lait et de l’eau, absolument libre de tous les concepts.

3. Quand on scrute la variété de la manifestation, on réalise qu’elle n’existe pas réellement et que tout est l’indifférencié Être suprême absolu, qui n’est pas différent du Soi et de soi-même. Fait en sorte que cette Connaissance devienne ferme par une pratique constante. Alors détournant ton regard de tout, devient Un avec la Réalité suprême absolue, et demeurant en Cela, sois heureux.

4. Demeure en tant que Cela qui ne montre, après être scruté, aucune dualité dans la forme de ces objets variés ou sans la moindre trace de cause et d’effet, Cela en quoi, quand le mental est absorbé en Cela, il n’y a aucune peur de la dualité, du tout et sois toujours heureux, inébranlable et libère la peur montant de la dualité.

5. Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a ni pensées, ni imaginations, ni paix ou self contrôle, ni mental ou intellect, ni confusion ou certitude, ni être ou non-être, et aucune perception de dualité et sois toujours heureux, inébranlable et absolument libre de la peur qui monte de la dualité.

6. Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a aucun défaut ni aucune qualité, ni plaisir ou douleur, ni pensée ou silence, ni misère, ni austérités pratiquées afin de se libérer de la misère, ni idée « je-suis-ce-corps », ni objet ou n’importe quelle perception - et sois toujours heureux, libre de toutes les traces de la pensée.

7. Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a aucun effort, ni physique, ni mental, ou verbal, ou de n’importe quelle sorte, ni péché ou vertu, ni attachement avec ses conséquences et sois toujours heureux, libre de toutes les traces de la pensée.

8. Demeure en tant que Cela où il n’y a ni pensées ni penseur, ni création, préservation ou dissolution du monde, rien à aucun moment et sois heureux, libre des traces de la pensée.

9. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucun pouvoir d’illusion limitant le Soi, ainsi que ses effets, ni Connaissance ou ignorance, ni âme séparée ou Seigneur de la Création, ni être ni non-être, ni monde ni Dieu et sois heureux, libre de toutes les traces de la pensée.

10. Demeure en tant que Cela en quoi il n’y a pas de dieux et leur adoration, ni aucun des trois aspects divins du Créateur, Préservateur et Destructeur, ou méditation sur eux, ni Dieu sans forme suprême, ni méditation sur Lui et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

11. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y aucun esclavage mûrissant vers des bonnes œuvres, ni recherche de dévotion au Divin, ni sagesse consciente, ni fruit de l’action à savourer, ni état suprême séparé de Lui, ni moyens d’obtention, ni objets à atteindre, et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.

12. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a ni corps, ni sens, ni forces vitales, ni mental, ou intellect ou imagination, ni ego, ni ignorance, ni personne qui s’y identifie, ni macrocosme ou microcosme et sois heureux toujours, libre de toutes les traces de pensée.

13. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a ni désir ni colère, ni cupidité ni illusion, ni mauvaise volonté ou orgueil, ni impuretés de l’esprit, ni les fausses notions d’esclavage et de libération et sois heureux, libre de toutes les traces de pensée.

14. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a ni commencement ni fin, ni sommet, ou bas, ou milieu, ni lieu sacré ou Dieu, ni offrandes ou actes pieux, ni espace ou temps, ni objets de perception et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.

15. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune discrimination entre le réel et l’irréel, aucune absence de désir, aucune possession de vertus, aucun espoir de Libération, aucun Maître compétent ou disciple, aucune connaissance établie, aucun état réalisé, aucune Libération de son vivant ou après la mort, rien de tel à aucun moment et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.

16. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a pas de Saintes Écritures, ou de livres sacrés, personne qui pense, aucune objection ou réponse, aucune théorie à établir ou rejeter, rien d’autre que un Soi, et sois toujours heureux, libre de la moindre trace de pensée.

17. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucun débat, succès ou échec, aucun mot et son sens, aucun discours, aucune différence entre l’âme et l’Être suprême, aucune des multiples causes et conséquences et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

18. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucun besoin d’écouter, réfléchir ou pratiquer, aucune méditation à pratiquer, aucune différence d’égalité, inégalité, ou contradictions internes, ni mots et leurs significations et sois heureux toujours, libre de la moindre trace de pensée.

19. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune peur de l’enfer, ni joies célestes, ni mondes du Dieu Créateur ou d’autres dieux, et rien qui puissent être obtenu d’eux, ni autre monde ou univers de n’importe quelle sorte et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

20. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune trace des éléments ni aucun iota de leurs dérivés, aucun sens du « je », ou « mental », aucune imagination mentale, aucun défaut d’attachement, aucun concept quel qu’il soit et sois heureux toujours, libre de la moindre trace de pensée.

21. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a aucune des trois espèces de corps (physique grossier, subtil interne, ou sans forme et plus subtil encore), le rêve et le sommeil, rien des trois sortes d’âmes (celles qui sont pleinement préparées à l’avancement spirituel, celles qui sont moins préparées, et celles qui ne sont pas préparées du tout), aucune des trois sortes d’afflictions (celles du corps, celles causées par les éléments, et celles causées par les êtres subtils et les pouvoirs spirituels), aucune des cinq couches fonctionnelles (physique grossier, vital, psychique-émotionnel, mental, et celle de béatitude sans forme), et personne pour s’identifier à elles - et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

22. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y a objet sensible, ni pouvoir de masquer la Réalité, ni différence d’aucune sorte, aucun pouvoir de projeter des objets irréels, aucun pouvoir d’aucune sorte, aucune notion fausse à propos du monde et sois heureux toujours, sans la moindre trace de pensée.

23. Demeure en tant que Cela en lequel il n’y aucun organe des sens ni personne pour les utiliser, Cela en lequel la grâce transcendante est expérimentée, Cela qui est absolument immédiat, qui donne l’immortalité quand on le réalise et qu’on l’atteint, et le devenant, on se libère du cycle des naissances et des morts et sois heureux encore, sans la moindre trace de pensée.

24. Demeure en tant que Cela, en en réalisant et expérimentant la grâce, toutes les joies apparaissent comme les joies de Cela, qui, clairement connu pour être soi-même, montre qu’il n’y a rien qui soit séparé de soi-même, et le sachant, toutes sortes d’âmes séparées sont libérées et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

25. Demeure en tant que Cela, ne réalisant qu’être soi-même, il n’y a rien d’autre à connaître, tout devient connu et tout but est accompli et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

26. Demeure en tant que Cela, qui est atteint facilement quand on est convaincu de n’être pas différent du Suprême Absolu, d’où résulte, quand la conviction devient ferme, l’expérience de la suprême grâce du Réel, ce qui produit un sens de satisfaction incomparable et complète quand l’esprit est absorbé en Lui, et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

27. Demeure en tant que Cela qui conduit à la complète cessation de la misère quand la conscience est absorbée en Lui, et à l’extinction de toutes les idées de « je », « tu » et « l’autre », ainsi que la disparition de toutes les différences et sois heureux toujours, sans la moindre trace de pensée.

28. Demeure en tant que Cela en lequel, quand l’esprit est absorbé en Lui, Un sans second, rien d’autre que soi n’est vu comme existant, et l’incomparable grâce est expérimentée et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

29. Demeure en tant que Cela qui est Être indifférencié, Conscience indifférenciée, Grâce indifférenciée, absolument non duelle, la Réalité Absolue indifférenciée : Et avec la ferme conviction que tu es Cela, sois toujours heureux.

30. Demeure en tant que Cela qui est « je » aussi bien que « tu », aussi bien que « tous les autres », qui est la base de tout, l’Un sans second, extrêmement pur, totalité indifférenciée : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

31. Demeure en tant que Cela où il n’y a plus ni concept ni quoi que ce soit d’autre, là où l’ego cesse d’exister et où les désirs disparaissent et où le mental et toutes les confusions arrivent à extinction : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

32. Demeure en tant que Cela où il n’y a plus ni conscience du corps, ni les diverses fonctions de l’existence manifestée, ni aucune perception des objets. Demeure en Cela où le mental est mort et où l’âme devient une avec la réalité, les pensées dissoutes et, vide de toute croyance : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

33. Demeure en tant que Cela où il n’y a plus aucune pratique méditative, plus aucune ignorance ou connaissance ou activité d’aucune sorte. Demeure en Cela qui est la Réalité suprême : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

34. Demeure en tant que Cela où, lorsque l’on y a complètement fusionné, on éprouve le Bonheur pur et plus jamais la misère, dans Cela où l’on ne voit rien, dans Cela où l’on ne renaît plus, dans cela où l’on ne se prend jamais plus pour un individu séparé et où l’on devient le Soi : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

35. Demeure en tant que Cela qui est vraiment la Réalité absolue et suprême, Dieu sans forme, l’Être absolument pur, l’État suprême, la Conscience absolue, la vérité suprême en Sat-Cit-Ananda : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

36. Demeure en tant que Cela qui est l’Être suprême absolument pur, le Bonheur absolu, l’Être profondément subtil, brillant par lui-même, non-deux et indifférencié : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

37. Demeure en tant que Cela qui est la vérité absolue, la tranquillité suprême, l’Être éternel sans attribut, le Soi, l’Être suprême indifférencié : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

38. Demeure en tant que Cela qui est tout du point de vue empirique et rien du point de vue absolu, le Sat-Cit-Ananda toujours tranquille avec rien de séparé de Lui, l’Être existant par lui-même : Et avec la ferme conviction que tu es Cela : sois toujours heureux !

39. Je t’ai ainsi clairement expliqué ô Nigadha comment être Un avec le Soi, en te rappelant constamment que tu es Un avec Lui, tu peux atteindre cet état de Bonheur permanent. Et après avoir fusionné avec le Soi, tu n’éprouveras jamais plus la misère provenant de l’identification avec la naissance et la mort.

40. Tout est l’Être suprême qui est Sat-Cit-Ananda et je suis Cela en cultivant sans cesse cette pensée pure et en me débarrassant des pensées impures. Puis mon fils, te débarrassant même de cette ultime pensée et résidant sans cesse dans l’état de Plénitude : tu Réaliseras l’état non duel et indifférencié.

41. Les pensées pures et impures sont une des caractéristiques du mental ; Il n’y a aucune pensée errante dans le Soi. Demeure par conséquent en tant que Cela et libère-toi des pensées impures du mental. Reste tranquille comme une pierre ou un rondin de bois : ainsi tu seras toujours heureux.

42. En pensant constamment au Soi et en oubliant toutes les pensées, y compris les pensées sur le Soi, tu deviendras le Soi. Même un grand pécheur qui entend et comprend cet enseignement va être délesté de ses péchés et devenir le Soi.

43. Les nombreux textes spirituels ont déjà largement prescrit la méditation comme moyen de purifier le mental. Pour que ceux qui ont déjà atteint la purification du mental puissent atteindre aisément la Réalisation et le Bonheur absolu et illimité : il suffit de rester tranquille comme une pierre au sein de l’indifférencié et du « Dieu » sans forme. J’ai déjà exposé la nature de cette Réalisation.

44. Par conséquent, après avoir atteint la pureté du mental en pensant constamment que tout ce qui est connu est le Soi, et que le Soi est en fusion totale avec la Réalité absolue : la Réalisation peut être obtenue ici et maintenant moi, le sage Ribhu, j’ai parlé de la Vérité de cette manière, et je l’ai exposée ainsi que le plein état d’Être à Nigadha.

45. Lorsque l’on est convaincu que l’on est toujours celui qui est Sat-Cit-Ananda et que l’on réside en Cela dans un état de fusion complète, on se débarrasse des liens illusoires de l’identification avec la naissance et la mort et on atteint la Libération. Ceci est la résultante de la danse totalement heureuse de notre « Dieu » indifférencié. »

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Autre traduction :

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1. Je vais maintenant t'entretenir de la manière d'être totalement "Cela" même. Ceci se produit rarement, même chez les yogins. C'est le secret de tous les Védas, de toutes les Écritures. Ça ne court vraiment pas les rues.

2. Cela qui est la Réalité suprême (Brahman), le Soi de tout, de la nature de l'Existence-Conscience-Félicité, le Soi de toute chose, le Soi suprême – demeure constamment en tant que Cela même.
3. "Tout ceci" est de la nature du Soi, qui ne connaît ni commencement ni fin et que rien ne surpasse. Cela qui n'est pas plus l'action que l'inaction – demeure constamment en tant que Cela même.

4. Cela où ne se trouve aucune peur liée à la dualité ; Cela où s'éveille la non-dualité, où ne règne pas plus la quiétude que l'inquiétude – demeure constamment en tant que Cela même.

5. Cela où il n'est rien qui participe de la volition (sankalpa), où la méprise est absente et où, semblablement, la pensée est inexistante – demeure constamment en tant que Cela même.

6. Cela où ne se trouve rien en la Réalité, où toute conviction (bhava) est illusion, et où rien du monde n'existe – demeure constamment en tant que Cela même.
7. Cela qui ignore l'existence ou la non-existence, ainsi que les illusions dues aux méprises mentales, et où le mot même de "méprise" est inconnu – demeure constamment en tant que Cela même.

8. Cela où n'est aucun plaisir, où n'est aucune idée que je suis le corps, et où il a été renoncé à tout sankalpa – demeure constamment en tant que Cela même.
9. Cela où une conviction comprenant la Réalité n'existe pas, où ne se rencontre aucun défaut et nulle peur des couples de contraires – demeure constamment en tant que Cela même.

10. Cela au sein duquel l'expression du langage et du corps, ainsi que l'éon lui-même, se sont résolus en dissolution, et où l'univers manifesté n'a pas encore vu le jour – demeure constamment en tant que Cela même.

11. Cela où ne se manifeste aucune erreur de perception, pas la moindre trace de l'illusion, ni rien de visible ou d'invisible – demeure constamment en tant que Cela même.

12. Cela qui n'abrite aucun sage ni aucune Sagesse, aucune chose d'un côté et son contraire de l'autre, et aucun défaut ou non-défaut – demeure constamment en tant que Cela même.
13. Cela au sein duquel ne règne aucune différenciation comme celle d'être Vishnou (l'immanence), en lequel Brahma (le créateur) n'existe pas, et où Shankara (le salutaire) est absent en tant que différencié – demeure constamment en tant que Cela même.

14. Cela où il n'est pas plus de vérité que de non-vérité, pas plus d'état de compréhension que d'idée telle que "âme individuelle" – demeure constamment en tant que Cela même.

15. Cela où il n'y a pas de méditation sur Shankara, où il n'est pas de demeure suprême, et où il n'est pas d'état de compréhension – demeure constamment en tant que Cela même.

16. Cela qui ne contient ni microcosme ni macrocosme, ni bonheur envisageable, et où le monde manifesté est une aberration – demeure constamment en tant que Cela même.

17. Cela où ne peut se concevoir la notion de corps. Cela qui ignore la jubilation, et où il n'y a pas "conscience" de pensée – demeure constamment en tant que Cela même.

18. Cela où il n'y a ni intellect ni connaissance empirique, où ne se trouve pas de Soi dans l'enveloppe du mental, et où il n'y a pas de conception du désir – demeure constamment en tant que Cela même.
19. Cela qui ne connaît ni la libération ni le repos, ni l'asservissement ni la séparation, et aucun savoir permanent – demeure constamment en tant que Cela même.

20. Cela en lequel il n'y a pas de conception du temps, pas de bhava de chagrin, et pas de conception du corps – demeure constamment en tant que Cela même.

21. Cela où l'âme individuelle ignore la sérénité, où des mauvaises interprétations des Écritures ne peuvent avoir cours, et où je suis le Soi, ou moi-même – demeure constamment en tant que Cela même.
22. Cela où ne se produit pas de libération du soi, pas de libération du corps, et où ne règne aucune activité dictée par la volition – demeure constamment en tant que Cela même.

23. Cela où n'existe pas de conception des êtres, où ne se conçoit rien de séparé, et pas davantage de différenciation en tant que jiva – demeure constamment en tant que Cela même.

24. Cela où la Réalité est un état de Félicité, où la Joie est un état de Félicité, et où la qualité de la Félicité est éternelle – demeure constamment en tant que Cela même.

25. Cela où n'est aucune manifestation de quoi que ce soit, aucune victoire ni défaite, et aucune affirmation d'aucune sorte – demeure constamment en tant que Cela même.

26. Cela où n'est menée aucune investigation quant à la nature du Soi, où n'est éprouvé aucun besoin d'écouter, de lire et d'étudier la Vérité suprême, et où il n'est pas de "grande Félicité" – demeure constamment en tant que Cela même.

27. Cela qui ne sait rien des classifications, telles que groupes identiques ou groupes différents, et où ne se manifeste aucune différence interne – demeure constamment en tant que Cela même.

28. Cela qui ne contient ni la terreur de l'enfer ni les trésors du Ciel et pas même le monde de Brahma – demeure constamment en tant que Cela même.

29. Cela où n'a pas lieu d'union avec Vishnou, où ne se trouve ni le mont Kailash ni la sphère de l'œuf du cosmos – demeure constamment en tant que Cela même.

30. Cela qui est étranger à l'éloge comme à la censure et où il n'est pas commis l'erreur de les considérer de la même façon – demeure constamment en tant que Cela même.

31. Cela où il n'y a pas de bhava du mental, ni méprise, et ni expérience ni souffrance – demeure constamment en tant que Cela même.

32. Cela qui ne sait rien de la peur du péché, rien des cinq grands péchés, et ignore le défaut de l'attachement – demeure constamment en tant que Cela même.

33. Cela où la triade des afflictions est inconnue, de même que les trois états de l'individu, et où l'univers est reconnu comme illusion – demeure constamment en tant que Cela même.

34. Cela où la connaissance n'a pas vu le jour, où n'est pas faite l'erreur de concevoir le monde et où ne se manifeste aucune activité – demeure constamment en tant que Cela même.

35. Cela où le domaine du mental est inexistant, où règne vraiment le plus grand Bonheur, et où existe la demeure permanente – demeure constamment en tant que Cela même.

36. Cela en lequel la Paix est la cause de tout et où tout est Bonheur, et qu'une fois atteint nul jamais n'en revient – demeure constamment en tant que Cela même.

37. En Le connaissant tout est abandonné, en Le connaissant rien d'autre ne demeure, et en Le connaissant il n'est plus rien à découvrir – demeure constamment en tant que Cela même.

38. Cela où ne s'est jamais manifesté un défaut, l'endroit immuable en qui, assurément, l'individu est détruit – demeure constamment en tant que Cela même.

39. Cela où le Soi est vraiment toujours satisfait, où véritablement règne une Félicité inaltérable ainsi qu'une Paix immuable – demeure constamment en tant que Cela même.

40. Cela où n'est connu vraiment que réconfort, où, en vérité, se trouve la définition du réel, ainsi que la certitude de l'existence – demeure constamment en tant que Cela même.

41. Cela au sein duquel je ne suis pas et où tu n'es pas non plus, où toi-même ne te trouves pas, vraiment, toi-même, et où réellement, il règne une Paix absolue – demeure constamment en tant que Cela même.

42. Cela où tu es véritablement joyeux, où le Bonheur est bel et bien atteint, et où la peur du chagrin est absente – demeure constamment en tant que Cela même.

43. Cela où se trouve la plénitude de la Conscience, en même temps qu'un océan de Félicité, Cela en lequel règne la présence directe du Suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

44. Cela en qui l'on est indubitablement Cela même, et en qui ne se manifeste aucune différence entre ce que l'on est et ce qu'est le Soi – demeure constamment en tant que Cela même.

45. Cela en qui règne effectivement la Félicité suprême, Cela en qui l'on est soi-même le Bonheur suprême, et en qui s'est produite la compréhension de l'état dénué de différences – demeure constamment en tant que Cela même.

46. Cela qui ne contient pas le moindre atome, pas de souillure mentale, ni même la pensée : "je fais" ou "je donne" – demeure constamment en tant que Cela même.

47. Cela en qui est morte la pensée, en qui corps et mental sont morts, et en qui la mémoire finit par se dissoudre – demeure constamment en tant que Cela même.

48. Cela en qui "je" est bel et bien mort, en qui le désir rencontre sa dissolution, et en qui règne assurément la Félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

49. Cela en qui la trinité des dieux connaît sa dissolution, en qui les corps et autres organismes périssent, et en qui il n'y a pas d'interactions – demeure constamment en tant que Cela même.

50. Immergé là où la fatigue n'existe pas, immergé là où l'on ne voit pas, et immergé là où il n'y a pas de vie ni rien de tel – demeure constamment en tant que Cela même.

51. Immergé là où rien ne brille, immergé là où l'état de veille n'existe pas et, là où l'illusion rencontre réellement sa mort – demeure constamment en tant que Cela même.

52. Cela en qui le temps périt effectivement, en qui le yoga trouve son anéantissement et en qui l'association avec la Vérité (satsang) se défait – demeure constamment en tant que Cela même.

53. Cela en qui la nature Brahman existe véritablement, en qui assurément ne se trouve que Félicité et en qui ne règne réellement que la Félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

54. Cela en qui l'univers n'existe jamais, en qui le monde manifesté n'existe pas, et en qui il n'y a pas de facultés internes – demeure constamment en tant que Cela même.

55. Cela en qui il n'est que Joie, en qui Lui-même est entièrement et uniquement Félicité, et en qui, vraiment, Lui-même est Félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

56. Cela en qui ne se trouve que la Conscience de l'existence, où seule la Conscience est tout ce qui existe, et où resplendit la plénitude de la Félicité – demeure constamment en tant que Cela même.

57. Cela en qui est vécu la présence directe de la Réalité suprême, en qui l'on est soi-même le Suprême, et en qui la sérénité est le But suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

58. Cela où réside la signification sans intermédiaire de l'indivisé, là où existe le But même, et où la destruction et autres du même genre n'existent pas – demeure constamment en tant que Cela même.

59. Cela où, de toute évidence, il n'y a que soi-même ; où, de toute évidence, ne règne que soi-même ; et où, à l'évidence, n'existe que le grand Soi – demeure constamment en tant que Cela même.

60. Là où, à l'évidence, est la Vérité suprême, et à l'évidence le grand, et à l'évidence la Connaissance véritable – demeure constamment en tant que Cela même.

61. Là où manifestement prévaut la transcendance des qualités, ainsi manifestement que l'absence de toute souillure, et où règne manifestement l'éternelle pureté – demeure constamment en tant que Cela même.

62. Là où le grand Soi Lui-même est présent, où la Joie des joies est présente et où il ne fait pas de doute que la Sagesse et la Connaissance sont présentes – demeure constamment en tant que Cela même.

63. Cela en qui l'on est vraiment soi-même la Lumière, en qui l'on est vraiment soi-même non-duel, et en qui règne vraiment la Félicité suprême – demeure constamment en tant que Cela même.

64. Ainsi a été proclamée la conviction de devenir Cela même. Demeure ainsi constamment – toujours, toujours. Je suis la Réalité, Existence-Conscience-Félicité. Je suis indivisé et sans cesse joyeux.

65. Je ne suis que la Réalité, laquelle est Connaissance véritable. Je suis la Paix suprême. Je suis Conscience. Je suis dénué de pensée. Je ne suis pas "je". Je demeure en tant que Lui Lui-même.

66. Je suis Cela. Je suis Conscience. Je suis Lui. Je suis sans tache. Je suis le plus haut. Je suis le plus haut. Je suis le Suprême. Ainsi, rejetant toute chose, sois heureux.

67. Tout ceci est vestige de pensées, salissure de la pureté. Ainsi, renonçant à tout et oubliant toute chose, ni plus ni moins que du bois mort.

68. Abandonnant le corps comme un cadavre, demeurant constamment ainsi qu'un bout de bois ou un morceau de fer, renonçant même à la mémoire, ne t'écarte jamais de ton But : la seule Réalité.

69. Quiconque entend cette explication, ne serait-ce qu'une fois, et même s'il est lié à de grands péchés, en renonçant à tout atteindra le Suprême.

70. Bien que, par endroits, ils traitent de la méditation [upasana] sur Toi, les Védas ne Te proclament-ils pas le sans attache, tout particulièrement relié au vaisseau du cœur de tout, existant en tant que Soi, et de la nature de l'indivisé ?

 

 

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Published by Turya Tita - dans Les textes anciens
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Ashtâvakra Gîtâ

Ashtâvakra Gîtâ

L'Ashtavakra Gîtâ expose l'enseignement de la Connaissance pure (Jnâna-yoga), et incorpore la pensée des sages Yâjnavalkya et Vâmadeva.

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CHAPITRE I

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« 1 - Janaka dit : O Seigneur, dis-moi : comment un homme peut-il acquérir la Connaissance de la Vérité, obtenir la Libération, et pratiquer le renoncement ?                                                           2 - Ashtâvakra dit : O mon ami ! si la Libération est ton But dans la vie, alors évite les objets des sens et comme s'ils étaient un poison et recherche la compassion, la simplicité et la vérité comme on recherche le nectar.

3 - Tu n'es ni terre, ni eau, ni feu, ni air, ni éther. Sache que le Soi (Atman) est le témoin de cela et différent de cela, si tu veux atteindre la libération.

4 - Si tu cesses de t'identifier à ton corps, et restes en repos dans l'Intelligence, tu goûteras une Félicité immédiate, la Paix éternelle et la Libération de ta servitude imaginaire.

5 - Toi tu ne fais partie ni des Brahmanes ni des autres castes, tu n'appartiens pas non plus aux quatre étapes de la vie. Tu n'es pas un objet de perception des sens, tu es le seul Témoin, détaché par nature et sans forme. Sois Bienheureux.

6 - O Réalité omniprésente ! Vertu et vice, plaisir et douleur sont des états du mental, et ton Soi en est indépendant. Tu n'es ni celui qui agit ni celui qui jouit ; tu es toujours libre.

7 - Tu es le seul Sujet de tout, et de ce fait toujours libre. La cause de ta servitude imaginaire est que tu attribues la subjectivité aux objets plutôt qu'au Soi.

8 - L'égoïsme sous forme de « Je suis celui qui agit » ressemble à un grand serpent noir et venimeux. L'antidote de ce poison est de reconnaître que « Je ne suis pas celui qui agit ». Cette connaissance conduit à la Félicité.

9 - La sombre forêt de l'ignorance (de la nature du Soi) est cause de douleur et devrait être consumée par la conviction : « Je suis la seule Conscience toujours pure ».

10 - Tu es cette Conscience, la suprême Béatitude dans laquelle le monde apparaît comme un objet imaginaire, comme un serpent dans une corde. Sois heureux ! Tu es Cela !

11 - Celui qui se pense libre est libre, et celui qui se pense asservi est asservi. Vrai est le dicton : "Ce qu'un homme pense, il le devient."

12 - Le Soi est le témoin omniprésent, parfait, libre, unique, conscient, non-agissant, il ne s'attache à aucun objet, sans désir, éternellement serein. Il apparait comme étant le monde par l'effet d'une illusion.

13. Contemple toujours l'Intelligence à jamais immuable, l'Atman sans dualité. Renonçant à toute identification extérieure ou intérieure du Soi avec le non-Soi, abandonne la notion du soi individualisé.

14 - O mon enfant, le filet de l'identification de soi avec le corps t'a emprisonné assez longtemps. Avec l'épée de la Connaissance : « Je suis Intelligence », tranche cette illusion et sois heureux.

15 - Tu es totalement indépendant, non-agissant, lumineux de toi-même et sans faute. Ta servitude est de te croire libéré par la pratique du Samâdhi.

16 - L'univers est pénétré par toi et existe en toi. En vérité tu es par nature Conscience Absolue ; ne cherche pas refuge dans l'étroitesse du cœur en pensant que tu es autre chose.

17 - Tu es libre de toute modification ; indépendant, calme, sans dimension ou forme, imperturbable, ta nature est une Intelligence inimaginable. Connais-toi comme étant Conscience Pure.

18 - Sache que tout ce qui a forme est irréel, et que ce qui est sans forme est le Soi. Par cette connaissance, tu évites la possibilité de renaître.

19 -  A l'intérieur et à l'extérieur de la forme réfléchie dans le miroir, existe le miroir. Pareillement le Suprême Seigneur existe à l'intérieur et à l'extérieur du corps.

20 - Comme une cruche est remplie à l'intérieur et à l'extérieur par un éther identique, de même l'omniprésente Réalité est en toute chose. »

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CHAPITRE II

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« 1 - Janaka dit : Oh merveille ! Je suis paisible, sans souillure, Connaissance pure, transcendant la nature. Jusqu’à présent j’ai été abusé par l’illusion.

2 – Comme, par ma lumière, Je révèle ce corps, ainsi Je révèle l’univers. Il m’appartient ou il n’est pas.

3 – En renonçant à ce grand univers en même temps qu’au corps, je perçois maintenant le Soi Suprême, par l’art de mon Yoga.

4 – Comme les vagues, l’écume et les bulles ne sont pas différents de l’eau, ainsi à la Lumière de la vraie Connaissance, l’Univers, né du Soi, n’est pas différent du Soi.

[…]

7 – Le monde apparaît comme le résultat de l’ignorance de la nature du Soi, et disparaît dès qu’on reconnaît la nature du Soi.

8 – Ma nature est Connaissance et n’est que Connaissance. En vérité, l’Univers est révélé à la Lumière de mon Soi.

[…]

10 - Le monde est né de moi-même, en moi il existe, en moi il se dissout ; comme les cruches retournent à la terre, les vagues à l’eau et les bracelets à l’or.

11 – Quelle merveille je suis, je salue mon Soi ! J’ai dépassé le stade de la destruction. Quand le monde entier, de Brahma à un brin d’herbe, est détruit, Je demeure.

12 – Quelle merveille je suis. En dépit du corps et de ses propriétés, je suis Un. Je ne vais nulle part, je ne viens de nulle part, je demeure en mon Soi, emplissant tout l’Univers.

13 – A moi toutes louanges, je suis extrêmement habile, sans forme, je soutiens l’Univers de toute éternité.

14 – Je suis merveilleux, adoration à mon Soi ! Je ne possède rien, et pourtant tout ce qui est conçu ou décrit est mien.

15 - En réalité, la Connaissance, le Connaissable et le Connaissant n’existent pas en moi. Je suis ce Soi parfait, Lui ; par manque de Connaissance seulement, les trois semblent exister.

16 - L’idée de dualité est la racine de toutes les souffrances ; son seul remède est la perception de l’irréalité de tous les objets et la réalisation de moi-même comme Unité, Pure Intelligence et Béatitude.

17 – Je suis Pure Intelligence ; par ignorance j’ai imaginé un conditionnement illusoire en moi-même ; méditant ainsi, sans cesse, je suis l’Absolu.

18 – Je ne suis ni asservi ni affranchi. Mon illusion a pris fin. Le monde, bien que paraissant exister en moi, en réalité n’a aucune existence.

[…]

25 – Comme il est étrange qu’en moi, l’océan illimité, les individualités se lèvent comme des vagues ! Elles se croisent et jouent pour un temps, puis disparaisent selon leurs natures respectives. »

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CHAPITRE IV

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« […] 3 – Celui qui connaît la Vérité n’est affecté ni par le vice ni par la vertu, de même que le Ciel en réalité n’est pas affecté par les nuages qui le cachent, même s’il semble en être ainsi.

4 – Celui qui connaît la Vérité, le Mahâtma, qui a appris que l’Univers n’est autre que son propre Soi, vit comme il Lui plait.

5 – Des quatre espèces d’êtres créés, de Brahma au brin d’herbe, seul le sage, renonçant au désir et à l’aversion, sait que tout est Brahman.

6 – En vérité, il est rare le Mahâtma qui a réalisé que le Soi est Un-sans-second, et aussi Dieu en personne. Il fait ce qu’il pense devoir faire ; il n’a aucune crainte. 

[…] »

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CHAPITRE XV

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« […] 6 -  Sachant que ton Soi est le Soi de tous les êtres, et que tous les êtres demeurent dans le Soi, dégagé de l’égoïsme et du sentiment du mien et du tien, vis dans la Béatitude.

7 – Tu es cette Intelligence dans laquelle les mondes se lèvent comme les vagues dans la mer : affranchis-toi de la fièvre de la dualité, et vis dans la Béatitude.

8 – Aie foi, ô Aimé, ne sois pas abusé ! Tu es le Seigneur de l’univers ; tu es la Connaissance elle-même ; tu transcendes la nature ; en vérité tu es le Soi.

9 – Le corps est mû par les gunas ; il vient, reste et s’en va. Le Soi ne va ni ne vient ; il n’y a aucun motif de chagrin.

10 – Que ton corps dure jusqu’à la fin d’un âge du monde ou périsse aujourd’hui, rien ne peut être ajouté ou enlevé à ton Soi, qui es Pure Connaissance.

11 – Dans ton Soi, l’océan infini, les univers se lèvent et déclinent de leur propre mouvement, comme des vagues. Laisse-les se lever ou décliner, ils ne peuvent t’atteindre.

12 – Mon enfant, tu es pure Intelligence, le monde n’est pas distinct de toi ; aussi la pensée de rejeter ou d’accepter quoi que ce soit est dépourvue de signification.

[…]

17 – Celui qui a pleinement compris que l’univers n’est qu’illusion, deviens sans désirs et la Conscience Elle-même – ainsi demeure-t-il en paix.

18 - Dans l’océan du monde, Un seul était, est et verra. Il n’y a ni servitude ni Libération en toi. Vis dans la Béatitude parfaite et dans la Conscience que tout est accompli.

19 – Ne te trouble pas l’esprit pour acquérir ou abandonner quoi que ce soit. Demeure dans la Béatitude de ta propre nature.

20 – Abandonne la méditation ; ne garde rien dans ton esprit. Tu es libre, et la Béatitude même ; que veux-tu réaliser par la pensée ? »

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CHAPITRE XVIII

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« 1 - Ashtâvakra dit : Salutation à Celui qui est Béatitude, Paix et Lumière, dont la première lueur de la Connaissance fait disparaître comme un rêve toute illusion à l’égard de l’univers.

[…]

5 – La nature du Soi est absolue, immuable, sans tâche. Il n’est ni éloigné ni à atteindre (étant toujours atteint). Telle est la Vérité.

6 – Chez ceux qui ont connu le Soi, l’illusion est dissipée, et la Lumière de la Pure Connaissance brille à travers eux ; leurs détresses n’existent plus et ils vivent dans la Béatitude.

7 – Les sages savent que tout ce qui n’est pas le Soi n’est qu’une agitation du mental, étant libres, ils vivent comme vit un enfant.

8 – Ayant finalement compris que le Soi est Brahman, et que l’existence et la non-existence ne sont qu’imaginaires, que pourrait connaître, dire ou faire, celui qui est affranchi des désirs ?

9 – Les idées telles que : « je suis ceci » et « je ne suis pas cela » prennent fin avec la conviction que tout est le Soi. L’ayant réalisé, le yogin devient silencieux.

[…]

22 – Celui qui a transcendé le monde des apparences par une juste Connaissance, n’a ni joie ni tristesse. L’esprit serein, il vit comme s’il n’était pas lié à son corps.

23 – Serein et pur, celui qui se complaît dans le Soi, n’éprouve le désir de renoncer à rien et ne sent de manque nulle part.

[…]

41 – Les ignorants qui s’efforcent de contrôler leur mental n’y parviennent jamais ; mais les sages dont la première joie est dans le Soi, y parviennent sans effort.

[…]

67 – En vérité, glorieux est le Sage, affranchi des désirs et incarnation de la Béatitude infinie ; il a atteint l’état naturel de samâdhi par la réalisation de l’inconditionné.

[…] »

 

 

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Vijnâna Bhairava

Vijnâna Bhairava

Le Vijnâna Bhairava tantra (le Tantra de la Connaissance suprême) est un texte shivaïste ancien. Il se présente sous la forme d’un dialogue, entre Bhairava (Shiva) et Bhairavi (Shakti). Dans cet exposé, 112 instructions yoguiques sont données en vue de réaliser la Réalité transcendante (traduction Lilian Silburn).

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[…] Bhairava répond : « Il faut exercer une poussée ascensionnelle sur la suprême énergie formée de deux points (Visarga), que sont le souffle expiré en haut et le souffle inspiré en bas.

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La situation de plénitude provient de ce qu’ils sont portés ou maintenus, sur leur double lieu d’origine.

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Si l’on s’exerce sans interruption sur le couple des espaces vides interne et externe des souffles inspirés et expirés, ainsi O Bhairavi : la merveilleuse forme de Bhairavi et de Bhairava se révèlera.

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L’énergie sous forme de souffle ne peut ni entrer ni sortir lorsqu’elle s’épanouit au Centre en tant que libre de dualité, par son entremise on recouvre l’essence absolue.

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Qu’on pratique la rétention du souffle lorsqu’on expire ou encore lorsqu’on inspire. A la fin de cet exercice, on nommera cette énergie du souffle retenu, « apaisée » et grâce à cette énergie se révèle l’essence apaisée.

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Qu’on se concentre sur cette énergie du souffle resplendissante de rayons de lumière et dont l’essence est subtile entre les choses subtiles, quand elle s’élève de la base jusqu’à ce qu’elle s’apaise au Centre supérieur. Voilà l’éveil de Bhairava.

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De centre en centre, de proche en proche, l’énergie vitale, tel un éclair jaillit jusqu’au sommet du triple poing, tant qu’à la fin le grand éveil se produit.

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Les douze modalités successives correspondent exactement à la distinction en douze phonèmes. S’étant libéré graduellement des conditions matérielle, subtile, et suprême, en dernier lieu, on s’identifie à Shiva même.

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Ayant rempli le sommet du crâne de l’énergie du souffle et projeté celle-ci rapidement à l’aide du pont établi par une contraction des sourcils, si l’on a libéré la pensée de toute dualité, grâce à cette énergie, on deviendra omnipénétrant dès qu’on accède à ce qui est au-delà de toute chose.

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Si l’on médite sur le quintuple vide, en prenant pour support les cercles bariolés des plumes du paon, on s’abîme dans le Cœur, l’incomparable Vide.

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Vide, mur, réceptacle suprême, quel que soit l’objet sur lequel on doit se concentrer en suivant un tel ordre, l’excellente Bienfaitrice se résorbe en elle-même.

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Ayant fixé la pensée à l’intérieur du crâne, se tenant les yeux fermés, peu à peu, grâce à la stabilité de la pensée, qu’on discerne l’éminemment discernable.

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Le canal médian est ce qui tient au Centre. Quand on médite sur lui sous forme de cette Déesse qui, semblable au filament d’une tige de lotus, est identique au firmament intérieur, alors le Dieu se révèle.

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Dès que l’on a bouché les ouvertures des sens à l’aide de l’arme défensive que forme les mains les obstruant, et qu’on perce le centre entre les sourcils, le bindu une fois perçu disparaît peu à peu, alors au milieu de cette disparition, voilà le suprême séjour.

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Si l’on médite dans le cœur et au sommet de la mèche de cheveux sur le bindu, point semblable à la marque rouge, ce feu subtil que produit une certaine effervescence, à la fin, lorsque celle-ci a disparu, on s’absorbe dans la Lumière de la Conscience.

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Il accède au Brahman suprême celui qui baigne dans le Brahman-son, l’anâtha logé dans le réceptacle de l’oreille, son ininterrompu, précipité comme un fleuve.

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Si l’on récite la syllabe sacrée AUM ou toute autre formule et qu’on éprouve le vide qui se trouve à la fin du son protracté, au moyen de cette éminente énergie du vide, O Bhairavi, on atteint la vacuité.

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Il faut se concentrer sur la fin ou le commencement de n’importe quel phonème. Par la puissance du vide, cet homme devenu vide prendra la forme du vide.

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En suivant attentivement les sons prolongés d’instruments de musique, à cordes ou autres, si l’esprit ne s’intéresse à rien d’autre, à la fin de chaque son, l’on s’identifiera à la forme merveilleuse du firmament suprême.

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Mais aussi à l’aide de la succession ordonnée de phonèmes grossiers d’une formule quelconque d’un seul bloc, sous la poussée du vide propre aux phases subtiles d’ardhendu, bindu, et nadâbindu on deviendra Shiva.

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Qu’on évoque l’espace vide en son propre corps dans toutes les directions à la fois. Alors, pour qui jouit d’une pensée libre de dualité, tout devient espace vide.

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On doit évoquer en même temps le vide du sommet et le vide de la base. Du fait que l’énergie est indépendante du corps, la pensée deviendra vide. Qu’on évoque de manière simultanée le vide du sommet, le vide à la base et le vide du cœur. Grâce à l’absence de toute pensée dualisante, alors se lève la Conscience non-dualisante.

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Si l’on évoque, rien qu’un instant, l’absence de dualité en un point quelconque du corps, voilà la Vacuité même. Libéré de toute pensée dualisante, on accèdera à l’essence non-dualisante.

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O Belle aux yeux de gazelle ! Qu’on évoque intensément toute la substance qui forme le corps comme pénétrée d’éther. Et cette évocation deviendra alors permanente.

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On doit considérer la différenciation de la peau du corps comme un mur. Celui qui médite sur son corps comme s’il ne contenait rien à l’intérieur, adhère bientôt à l’au-delà du méditable.

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O Bienheureuse ! les sens anéantis dans l’espace du cœur, l’esprit indifférent à toute autre chose, celui qui accède au milieu de la coupe bien close des lotus atteindra la faveur suprême.

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Du fait que la pensée est absorbée dans le dvâdasantâ, chez un homme dont l’intellect est ferme et dont le corps est pénétré de toutes parts de Conscience, se présente alors à lui la caractéristique de la Réalité bien affermie.

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Qu’on fixe sa pensée dans le centre supérieur, dvâdasantâ, de toutes manières et où qu’on se trouve. L’agitation s’étant peu à peu abolie, en quelques jours l’indescriptible se produira.

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On doit intensément se concentrer sur sa propre forteresse comme si elle était consumée par le feu du Temps qui surgit du pied de ce Temps. Alors, à la fin, se manifeste la quiétude.

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De même, après avoir médité en imagination sur le monde entier comme étant consumé par les flammes, l’homme dont l’esprit est indifférent à toute autre chose, accèdera à la plus haute condition humaine.

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Si l’on médite sur les catégories subtiles ainsi que sur les catégories très subtiles, incluses dans son propre corps, ou bien sur celles de l’univers comme si elles se résorbaient les unes dans les autres, finalement la suprême Déesse se révèlera.

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Si l’on médite sur l’énergie du souffle grasse et très faible dans le domaine du dvâdasantâ et qu'au moment de s’endormir, on pénètre dans son propre cœur ; en méditant ainsi on obtiendra la maîtrise des rêves.

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Il faut se concentrer par degrés sur l’univers sous forme de monde et autres cheminements, en le considérant dans ses modalités grossière, subtile et suprême, jusqu’à parvenir finalement à l’absorption de la pensée.

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Après avoir médité sur la réalité Shivaïte selon la méthode des six cheminements, de façon exhaustive en y incluant l’univers entier, alors se produit le grand éveil.

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O puissante Déesse ! on doit se concentrer intensément sur tout cet univers comme s’il était vide et là même la pensée se résorbe. Alors on devient le vase d’élection de l’absorption en ce vide.

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Qu’on fixe le regard sur un récipient, une cruche ou quelque autre objet en faisant abstraction de ses parois. Lorsqu’on parvient à s’absorber en ce vide, à cet instant précis et grâce à cette absorption, on s’identifiera à lui.

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Qu’on fixe le regard sur une région dépourvu d’arbres, de montagnes, de murailles ou d’autres objets. Dans l’état mental d’absorption on devient un être dont l’activité fluctuante a disparu.

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Au moment où l’on perçoit deux choses, prenant conscience de l’intervalle entre elles, qu’on s’y installe ferme. Si l’on bannit simultanément toutes deux, alors, dans cet intervalle, la Réalité resplendit.

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Que l’esprit qui vient quitter une chose soit bloqué et ne s’oriente pas vers une autre chose. Alors, grâce à la chose qui se trouve entre elles, la Réalisation s’épanouit dans toute son intensité.

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En vérité, que l’on évoque parfaitement, de façon simultanée dans sa totalité, soit l’univers, soit son propre corps comme s’il était fait de Conscience. Alors, à l’aide d’une pensée sans dualité, on obtiendra le suprême éveil.

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En pratiquant la friction des deux souffles, à l’extérieur ou à l’intérieur, le yogin deviendra à la fin le vase d’élection d’où surgit la connaissance suprême de l’égalité.

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Que le yogin considère soit l’univers entier soit son propre corps, simultanément dans sa totalité, comme rempli de sa propre Félicité. Alors, grâce à son ambroisie intime, il s’identifiera à la suprême Félicité. Comme par un procédé de magie, O Belle aux yeux de gazelle ! la grande Félicité se lève subitement. Grâce à elle la Réalité se manifeste.

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Lorsqu’on fait échec au flot tout entier des activités sensorielles par le moyen de l’énergie du souffle qui s’élève, peu à peu, au moment où l’on sent un fourmillement, le suprême bonheur se propage.

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Mais qu’on fixe la pensée qui n’est plus que plaisir dans l’intervalle de feu et de poison. Elle s’isole alors ou se remplit de souffle et l’on intègre la Félicité de l’Amour.

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La jouissance de la Réalité du Brahman qu’on éprouve au moment où prend fin l’absorption dans l’énergie fortement agitée par l’union avec une parèdre (shakti), c’est elle précisément qu’on nomme jouissance intime.

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O Maîtresse des Dieux ! l’afflux de la Félicité se produit même en l’absence d’une énergie (femme), si l’on se remémore intensément la jouissance née de la femme grâce à des baisers, des caresses et des étreintes.

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Ou encore à la vue d’un parent dont on a été longtemps séparé, on accède à une Félicité très grande. Ayant médité sur la Félicité qui vient de surgir, on s’y absorbe, puis la pensée s’identifie à elle.

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Grâce à l’épanouissement de la Félicité qui comporte l’euphorie causée par la nourriture et la boisson, qu’on adhère de tout son être à ce état de surabondance et l’on s’identifiera alors à la grande Félicité.

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Si un yogin se fond dans le bonheur incomparable éprouvé à jouir des chants et autres plaisirs sensibles, parce qu’il n’est plus que ce bonheur, une fois sa pensée stabilisée, il s’identifiera complètement à lui.

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Là où la pensée trouve satisfaction, c’est en ce lieux même, qu’il faut river cette pensée sans fléchir ; c’est là, en effet, que l’essence de la suprême Félicité se révèle pleinement.

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Lorsque le sommeil n’est pas encore venu et que pourtant le monde extérieur s’est effacé, au moment où cet état devient accessible à la pensée, la Déesse suprême se révèle.

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Le regard doit être fixé sur une portion d’espace qui apparaît tachetée sous le rayonnement du soleil, d’une lampe etc… C’est là même que resplendit l’essence de son propre Soi.

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La suprême fusion dans le Tout se révèle au moment de la perception intuitive de l’univers, grâce aux attitudes suivantes : le repos de la mort, la fureur, la fixité du regard, la succion ininterrompue et la concentration sur l’éther.

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Installé sur un siège moelleux, ne reposant que sur son séant, pieds et mains privés de support ; par l’effet de cette attitude, l’intelligence intuitive la plus haute accède à la plénitude.

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Confortablement installé sur un siège, les bras croisés ayant fixé la pensée au creux des aisselles, grâce à cette absorption on obtiendra la quiétude.

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Ayant fixé les yeux sans cligner sur un objet à forme grossière et si l’on prive la pensée de tout support, l’on parviendra sans tarder à Shiva.

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La bouche étant largement ouverte, la langue au centre, si l’on fixe la pensée sur ce centre en récitant mentalement le phonème Ha, l’on s’abîmera alors dans la paix.

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Se tenant assis ou couché, un yogin, doit évoquer avec intensité son propre corps comme privé de support ; dans une pensée qui s’évanouit, à l’instant même, ses prédispositions inconscientes s’évanouiront.

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Ou encore si l’on se trouve dans un véhicule en mouvement, ou si l’on meut le corps très lentement, O Déesse ! jouissant alors d’une disposition d’esprit bien apaisée, l’on parviendra au flot Divin.

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Si contemplant un ciel très pur, on y fixe le regard sans la moindre défaillance, l’être tout entier étant immobilisé, à ce moment même O Déesse ! on atteindra la merveille de Bhairava.

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Qu’on évoque tout l’espace-vide sous forme d’essence de Bhairava, comme dissous dans sa propre tête. Alors l’univers tout entier s’absorbera dans la Réalité de l’éclat, expression même de Bhairava.

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Quand on connaît pleinement la forme de Bhairava dans la veille et autres états, c’est à dire : connaissance limitée et production de dualité quant à la veille, vision extériorisante quant au rêve et aussi ténèbres quant au sommeil profond, on est alors empli de la splendeur infinie de la Conscience. Une chose limitée étant connue, engendre la dualité. Telle est la lumière extérieure, qui équivaut aux ténèbres. D’autre part qu’on la perçoive comme pleine de la Lumière infinie de la Conscience, et l’univers entier, assumera la forme de Bhairava.

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De même durant une nuit noire, à l’arrivée de la quinzaine sombre, ayant évoqué sans discontinuer la forme ténébreuse, on accèdera à la Réalité de Bhairava.

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De même, tenant d’abord les yeux bien fermés, une couleur sombre apparaît. Si on les ouvre, tout grands en évoquant la forme de Bahirava, on s’identifiera à elle.

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Qu’un obstacle s’oppose à l’exercice d’un organe quelconque ou que de soi-même on y fasse obstruction, si l’on s’enfonce dans le vide sans dualité, la même le Soi resplendit.

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Si l’on récite le phonème A sans bindu ni visarga, le Seigneur suprême, ce puissant torrent de connaissance, surgit imprévisible O Déesse !

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Qu’on fixe l’esprit sur la fin du visarga de n’importe quelle lettre pourvu de visarga et, par l’intermédiaire d’une pensée libérée de tout fondement, on entrera en contact avec l’éternel Brahman.

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Qu’on médite sur son propre Soi en forme de firmament illimité en tous sens. Dès que la Conscience se trouve privée de tout support, alors l’énergie manifeste sa véritable essence.

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Après avoir perforé une partie quelconque de son corps avec un instrument pointu ou autre, si l’on tient alors son esprit appliqué à cet endroit précis, la progression éclatante, vers Bhairava se produira.

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On doit se convaincre de l’idée, que les organes, les souffles, la pensée n’existent pas en moi. Grâce à l’absence de pensée dualisante qui en résulte, on transcende à jamais tous les vikalpa (les notions duelles).

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L’illusion est dite la perturbatrice. La fonction de kalâ, consiste en une activité fragmentaire et ainsi de suite pour les autres cuirasses et limitations. Considérant qu’il n’y a là qu’attribut des catégories, qu’on ne s’en sépare pas.

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Ayant observé un désir qui surgit soudain, qu’on y mette fin brusquement. Quelle que soit la source d’où il jaillit, que là même il s’absorbe.

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Quand ma volonté ou ma connaissance n’ont pas encore surgi, que suis-je, en vérité ? Telle est, dans l’ordre de la Réalité, la nature du Je. La pensée s’identifie à cela, puis s’absorbe en cela.

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Mais une fois que la volonté ou la connaissance se sont produites, on doit y river la pensée au moyen de la conscience de Soi ; l’esprit étant indifférent à toute autre chose, alors jaillira l’intuition du sens de la Réalité.

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Toute connaissance est sans cause, sans support et fallacieuse par nature. Dans l’ordre de la Réalité absolue, cette connaissance n’appartient à personne. Quand on est ainsi totalement adonné à cette concentration. O Bien-aimée ! on devient Shiva.

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Celui qui a pour propriété la Conscience réside dans tous les corps ; il n’y a nulle part de différenciation. Ayant alors réalisé que tout est fait de cette Conscience, il est l’homme qui a conquis le devenir.

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Si l’on réussit à immobiliser l’intellect alors qu’on est sous l’emprise du désir, de la colère, de l’avidité, de l’égarement, de l’orgueil, de l’envie, la Réalité de ces états subsiste seule.

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Si l’on médite sur le cosmos en le considérant comme une fantasmagorie, une peinture ou un tourbillon et qu’on arrive à le percevoir tout entier comme tel, le bonheur surgira.

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On ne doit pas fixer la pensée dans la douleur ni la gaspiller dans le bonheur, O Bhairavi ! Veuille connaître toute chose au milieu des extrêmes. Eh quoi ! la Réalité seule subsiste.

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Après avoir rejeté son propre corps en réalisant : « je suis partout » d’une pensée ferme et d’une vision qui n’a égard à rien d’autre, on accède au bonheur.

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La discrimination ou le désir, ne se trouve pas seulement en moi mais apparaît aussi partout, dans les jarres et autres objets. Réalisant cela, on devient omnipénétrant.

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La perception du sujet et de l’objet est la même chez tous les êtres nantis d’un corps. Mais ce qui caractérise les yogins c’est leur attention ininterrompue à l’union du sujet et de l’objet.

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Que même dans le corps d’autrui on saisisse la conscience comme dans le sien propre. Se désintéressant de tout ce qui concerne son corps, en quelques jours on devient omnipénétrant.

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Ayant libéré l’esprit de tout support, qu’on cesse de penser selon une pensée dualisante. Alors, O femme aux yeux de gazelle ! l’état de Bhairava réside dans le fait que le Soi devient le Soi absolu.

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Quand on se renforce dans la réalisation suivante : Je possède les attributs de Shiva, je suis omniscient, tout-puissant et omnipénétrant ; je suis le Maître suprême et nul autre, on devient Shiva.

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Comme les vagues surgissent de l’eau, les flammes du feu, les rayons du soleil, ainsi ces fluctuations de l’univers se sont différenciées à partir de moi, le Bhairava.

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Lorsque, physiquement égaré, on a tourné de tous côtés et en tout hâte au point de tomber à terre d’épuisement ; grâce à l’arrêt de l’effervescence produite par l’envahissement de l’énergie, la condition suprême apparaît.

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Si l’on est privé de force ou de connaissance à l’égard des choses ou encore si la pensée se dissout dans l’extase, dès que prend fin l’effervescence produite par l’envahissement de l’énergie, la forme merveilleuse de Bhairava se révèle.

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Écoute, O Déesse ! Je vais t’exposer tout entier cet enseignement traditionnel et mystique : il suffit que les yeux fixent sans cligner pour que se produise aussitôt l’isolement.

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S’étant bouché les oreilles ainsi que l’ouverture inférieure (anus), puis méditant sur la résonance sans consonne ni voyelle, qu’on entre dans l’éternel Brahman.

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Se tenant au-dessus d’un puits très profond, les yeux fixés sur le fond sans cligner, dès que l’intelligence intuitive du yogin est exempte de dualité conceptuelle, aussitôt la dissolution de la pensée se produira clairement en lui.

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Partout où va la pensée, vers l’extérieur ou encore vers l’intérieur, O Bien-aimée ! là se trouve l’état shivaïte ; celui-ci étant omnipénétrant, où donc la pensée pourrait-elle aller pour lui échapper.

 

Chaque fois que par l’intermédiaire des organes sensoriels, la conscience de l’omniprésent se révèle, puisqu’elle a pour nature fondamentale de n’être que cela, à savoir pure conscience, grâce à l’absorption dans la Conscience absolue, on accède à l’essence de la plénitude.

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Au commencement et à la fin de l’éternuement, dans la terreur et l’anxiété ou quand on surplombe un précipice, lorsqu’on fuit le champ de bataille, au moment où l’on ressent une vive curiosité, au stade initial ou final de la faim, etc ... la condition faite d’existence brahmique se révèle.

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A la vue d’un certain lieu, qu’on laisse aller sa pensée vers des objets dont on se souvient. Dès qu’on prive son corps de tout support, le Souverain omniprésent s’avance.

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Après avoir posé le regard sur un objet quelconque, qu’on l’en retire très lentement. Alors la connaissance de cet objet n’est accompagnée que de pensée, O Déesse, et l’on devient le réceptacle du vide.

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Cette sorte d’intuition qui, grâce à l’intensité de l’adoration, naît chez l’homme parvenu au parfait détachement, c’est l’énergie même du Bienfaisant. Qu’on l’évoque perpétuellement et l’on s’identifiera à Shiva.

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Alors qu’on perçoit un objet déterminé, la vacuité s’établit peu à peu à l’égard des autres objets. Ayant médité en pensée sur cette vacuité même, bien que l’objet reste connu, on s’apaise.

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Cette pureté qu’enseignent les gens de peu de savoir, apparaît dans la doctrine de Shiva comme une véritable impureté. Il ne faut pas la considérer comme pure, en vérité, mais comme polluée. C’est pourquoi s’affranchissant de pensée dualisante, qu’on parvienne au bonheur.

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La réalité de Bhairava a partout son domaine y compris chez les gens du commun. Et l’homme qui prend conscience de ceci : « rien n’existe qui en soit distinct », accède à la condition Sans-second.

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Étant le même à l’égard d’amis et d’ennemis, le même dans l’honneur et le déshonneur ; grâce à la parfaite plénitude du Brahman, ayant compris cela, qu’on soit heureux.

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L’inconnaissable, l’insaisissable, le vide et ce qui n’accèdera jamais à l’existence, imaginez tout cela comme Bhairava et à la fin de cette évocation, l’illumination se produit.

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Ayant fixé la pensée sur l’espace externe qui est éternel, sans support, vide, omnipénétrant et dépourvu d’opération, qu’on se fonde alors dans le non-espace.

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Quel que soit l’objet vers lequel la pensée se dirige, il faut à cet instant précis et à l’aide de cette pensée quitter l’objet complètement sans laisser un autre s’installer à la place. Alors on sera exempt de fluctuation.

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A l’occasion d’affirmations comme « je suis, ceci est à moi », etc., la pensée accède à ce qui n’a pas de fondement. Sous l’aiguillon d’une telle méditation, on s’apaise.

Éternel, omniprésent, sans support, omnipénétrant, souverain de tout ce qui est. Méditant à chaque instant sur ces mots, on en réalise la signification conformément à l’objet signifié (Shiva).

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Tout cet univers est privé de réalité à l’image d’un spectacle fictif. Quelle est la réalité d’un tel spectacle ? Si l’on est fermement convaincu de cette vérité, on acquiert la paix. Comment y aurait-il connaissance ou activité pour un Soi affranchi de toute modalité ? Les objets externes dépendent de la connaissance et partant de là, ce monde est vide.

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Il n’existe plus pour moi de lieu, il n’y a plus pour moi de libération. Lien et libération ne sont que deux épouvantails à l’usage d’un être terrifié. Cet univers apparaît comme un reflet dans l’intellect à l’image du soleil sur l’eau.

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Toute impression comme le plaisir, la douleur, etc nous parvient par l’intermédiaire des organes sensoriels. S’étant détaché de ces organes, on prend assise en soi-même, puis on demeure à jamais dans son propre Soi.

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Toute chose se manifeste par la Connaissance et le Soi se manifeste par toute chose. En raison de leur essence unique, connaissance et connu se révèlent comme ne faisant qu’Un.

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Faculté mentale, conscience intériorisée, énergie du souffle, et soi limité aussi ; quand ce quatuor a complètement disparu. O Bien-aimée ! alors la forme merveilleuse de ce Bhairava subsiste seule.

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Ainsi 112 instructions concernant le sans-houle viennent d’être brièvement exposées. O Déesse ! l’homme qui les connaît reçoit le nom de « familier de la Connaissance ». Quiconque s’adonne à une seule de ces instructions ici décrites devient Lui-même Bhairava en personne. Ses paroles se réalisent en actes et il confère bénédictions et malédictions. O Déesse ! il ne vieillit pas, il ne meurt pas ; il est doué d’attributs supranaturels comme les pouvoirs d’exiguïté et autres. Choyé des yoginis, il agit en maître au cours de toutes leurs réunions. Il est libéré bien qu’il demeure encore en cette vie et bien qu’il s’adonne à des activités ordinaires.

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La Déesse dit : O Seigneur tout-puissant, si telle est la forme merveilleuse de la suprême énergie et qu’on la prenne comme règle générale, O Dieu ! qui récite et quelle est la récitation ? Qui médite, O grand Maître ! qui adore et qui tire satisfaction de l’adoration ? Qui offre l’oblation et quel est le sacrifice, qui le fait et comment et pour qui ?

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Bhairava répond : O femme aux yeux de gazelle ! cette pratique ici mentionnée est extérieure et ne relève que des seules modalités grossières. En vérité cette Réalisation qu’on expérimente encore et encore à l’intérieur de la suprême réalité, voilà ce qu’est ici la véritable récitation. De même, on doit considérer ce qui est récité comme une résonance spontanée consistant en une formule mystique.

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Un intellect inébranlable, sans aspects ni fondements, voici, en vérité ce que nous appelons méditation. Mais la représentation imagée de divinités nanties de corps, organes, visages, mains, etc. n’offre rien de commun avec la vraie méditation. L’adoration véritable ne consiste pas en une offrande de fleurs et autres dons, mais en une intelligence intuitive bien établie dans le suprême firmament de la Conscience, exempt de pensée dualisante. En vérité, cette adoration se confond avec l’absorption en Shiva issue de l’ardeur mystique.

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Le Soi, en vérité a pour moelle autonomie, Félicité et Conscience. Si l’on plonge intégralement son propre soi dans cette essence, c’est là ce qu’on appelle le bain rituel. Le transcendant et l’immanent que l’on honore précisément avec des offrandes et qui en tirent satisfaction ; celui aussi qui les offre ; tous ne forment qu’un. Où est l’adoration véritable, sinon là ? Que le souffle exhalé sorte et que le souffle inhalé entre, de leur propre accord. La Kundalini dont l’aspect est sinueux retrouve son essence dressée. C’est la grande Déesse immanente et transcendante, le suprême sanctuaire. Lorsqu’on prend de fermes assises dans le rite de la grande félicité et qu’on suit attentivement la montée de cette énergie, grâce à cette Déesse, étant bien absorbé en elle, on atteindra le suprême Bhairava.

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En émettant le phonème SA, il se dirige vers l’extérieur par le souffle, en énonçant le phonème HA, il entre à nouveau. C’est ainsi que l’individu répète inlassablement cette formule hamsa, hamsa. 21600 fois jour et nuit, cette récitation est prescrite comme celle de la suprême Déesse. Très facile à accomplir, elle n’apparaît difficile qu’aux ignorants.

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O Déesse ! je viens ainsi de t’exposer cette suprême ambroisie que rien ne surpasse, mais qu’il ne faut jamais révéler à quiconque est disciple d’un autre ordre, est un méchant, un cruel, ou manque de dévotion envers le Maître spirituel. Par contre, qu’on la dévoile, aux intelligences intuitives que n’effleure jamais aucun doute, aux héros, aux magnanimes, à tous ceux qui vénèrent la lignée des Maîtres. A tous ceux-là, qu’on dispense sans hésiter. O belle aux yeux de gazelle ! village, royaume, ville, pays, fils, parent, tout ce dont on peut s’emparer, il faudra l’abandonner complètement ! A quoi bon ces choses évanescentes, O Déesse, seul ce suprême trésor est permanent !

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O Dieu des dieux, grand Dieu ! me voici parfaitement satisfaite, O Seigneur ! Maintenant j’ai reconnu avec certitude la quintessence du Rudrayâmalatantra et maintenant aussi j’ai perçu intuitivement le Cœur de toutes les énergies différenciées.

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Après avoir proféré ces paroles, la Déesse, pleine de béatitude, tenant Shiva embrassé, s’identifia à Lui. »

 

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Yoga-sutras de Patanjali

Yoga-sutras de Patanjali

(traduction, de Françoise Mazet - Albin Michel éditeur - Spititualités vivantes.)


I - SAMADHI  PADA

 

1. Maintenant, le Yoga va vous  être enseigné, dans la continuité d'une transmission sans interruption.

2. Le Yoga est l'arrêt des perturbations du mental.

3. Alors se révèle notre Centre, établi en soi-même.

4. Dans le cas contraire, il y a identification de notre Centre avec cette agitation du mental.

5. Les modifications du mental sont au nombre de cinq, douloureuses ou non.

6. Ce sont le raisonnement juste, la pensée erronée, l'imagination, le sommeil et la mémoire.

7. Les raisonnements justes s'appuient sur la perception claire, la déduction, la référence aux textes sacrés.

8. L'erreur est une connaissance fausse parce qu'elle n'est pas en relation avec la conscience profonde.

9. L'imagination est vide de substance, car elle s'appuie sur la connaissance verbale.

10. Le sommeil est une agitation du mental, fondée sur un contenu fictif.

11. La mémoire consiste à ne pas dépouiller l'objet dont on a fait l'expérience de ce caractère d'expérience.

12. L'arrêt des perturbations du mental s'obtient par une pratique intense, dans un esprit de lâcher prise.

13. En l'occurrence, cette pratique intense est un effort énergique pour se centrer.

14. Mais elle n'est une base solide que si elle est pratiquée avec ferveur, persévérance, de façon ininterrompue, et pendant longtemps.

15. Le lâcher prise est induit par un état de conscience totale, qui libère du désir face au monde qui nous entoure.

16. Le plus haut degré du lâcher prise consiste à se détacher des gunas, grâce à la conscience du Soi.

17. Le samâdhi samprajnâta, où la conscience est encore tournée vers l'extérieur, fait appel à la réflexion et au raisonnement. Il s'accompagne d'un sentiment de joie et de la sensation d'exister.

18. Quand cesse toute activité mentale, grâce à une pratique intense, s'établit le samâdhi asamprajnâta, sans support. Cependant, demeurent les mémoires accumulées par le karma.

19. De naissance, certains êtres connaîssent le samâdhi ; ils sont libres des contraintes du corps physique, tout en étant incarnés.

20. Les autres le connaissent grâce à la foi, l'énergie, l'étude et la connaissance intuitive.

21. Il est accessible à ceux qui le désirent ardemment.

22. Même dans ce cas, il y a une différence, selon que la pratique est faible, moyenne, ou intense.

23. Le samâdhi peut s'établir aussi grâce à l'abandon au Seigneur.

24. Ishvara est un être particulier, qui n'est pas affecté par la souffrance, l'action et ses conséquences.

25. En Lui est le germe d'une conscience sans limites.

26. Echappant à la limite du temps, il est le maître spirituel, même des anciens.

27. On le désigne par le Om.

28. La répétition de ce mantra permet d'entrer dans sa signification.

29. Grâce à cela, la conscience périphérique s'intériorise, et les obstacles disparaissent.

30. La maladie, l'abattement, le doute, le désiquilibre mental, la paresse, l'intempérance, l'erreur de jugement, le fait de ne pas réaliser ce qu'on a projeté, ou de changer trop souvent de projet, tels sont les obstacles qui dispersent la conscience.

31. La souffrance, l'anxiété, la nervosité, une respiration accélérée accompagnent cette dispertion du mental.

32. Pour éliminer cela, il faut centrer sa pratique sur un seul principe à la fois.

33. L'amitié, la compassion, la gaieté clarifient le mental ; ce comportement doit s'exercer indifféremment dans le bonheur et le malheur, vis-à-vis de ce qui nous convient, comme vis-à-vis de ce qui ne nous convient pas.

34. L'expir et la suspension de la respiration produisent les mêmes effets.

35. La stabilité du mental peut venir aussi de sa relation avec le monde sensible.

36. Ou bien de l'expérience d'un état lumineux et serein.

37. On peut également le stabiliser en le dirigeant sur un être qui connaît l'état sans désir.

38. Ou en restant vigilant au coeur même du sommeil et des rêves.

39. Ou encore, en se concentrant sur un objet qui favorise l'état de méditation.

40. La force de celui qui a expérimenté cela va de l'infiniment petit à l'infiniment grand.

41. Les fluctuations du mental étant apaisées, comme un cristal reflète le support sur lequel il est posé, le mental est en état de réceptivité parfaite, vis-à-vis du connaissant, du connu, et du moyen de connaissance. Cet état de réceptivité est samâpatti.

42. Samâpatti vitarka (ou réceptivité parfaite avec raisonnement) n'est pas encore dégagé des constructions mentales, liées à l'usage des mots, à leur signification et à la connaissance qui en découle.

43. Quand la mémoire est purifiée, comme vide de sa substance, le samâpatti nir-vitarka, sans raisonnement, nous met en relation avec l'objet lui-même, libre des connotations mentales.

44. Cet état de fusion permet alors à la conscience d'appréhender la réalité subtile des choses, avec ou sans activité mentale.

45. En atteignant la nature subtile des choses, le samâdhi participe de l'indifférencié.

46. Mais ces samâdhi eux-mêmes comportent des graines.

47. L'expérience du samâdhi sans activité conduit à un état de paix et de clarté.

48. Là est la connaissance de la réalité.

49. La connaissance qui découle de l'enseignement des textes sacrés et qui participe de la déduction logique est différente de celle du samâdhi, parce que son champ d'expérimentation est différent.

50. L'imprégnation qui résulte de ce samâdhi s'oppose à la formation d'autres types d'imprégnations.

51. Quand toutes les mémoires énergétiques sont supprimées, on atteint le samâdhi nirbîja (sans graine).

 

II - SADHANA  PADA

 

1. Le kriya-Yoga (ou pratique du Yoga) se fait selon trois modalités inséparables : un effort soutenu, la conscience intérieure de soi et l'abandon à la volonté divine.

2. Le kriya-Yoga est pratiqué en vue d'atténuer les causes de souffrances et de permettre le samâdhi.

3. les causes de souffrance sont l'aveuglement, le sentiment de l'égo, le désir de prendre, le refus d'accepter, l'attachement à la vie.

4. L'avidya (ou ignorance de la réalité) est à l'origine des autres causes de souffrance, qu'elles soient développées, ou en sommeil.

5. L'ignorance de la réalité, c'est prendre l'impermanent, l'impur, le malheur, ce qui n'est pas le Soi, pour le permanent, le pur, le bonheur, le Soi.

6. Le sentiment de l'égo vient de ce que l'on identifie le pouvoir de voir et ce qui est vu.

7. Le désir de prendre est lié à la mémoire du plaisir.

8. Le refus, à la peur de souffrir.

9. L'attachement à la vie est lié au sentiment que l'on a de son importance, qui est enraciné en soi, même chez l'érudit.

10. Quand ces causes de souffrances sont légères, on peut les éliminer en les prenant à contre-courant.

11. Les perturbations mentales qu'elles entraînent peuvent être éliminées par la méditation.

12. La loi du karma, que l'on expérimente au cours de naissances successives, trouve ses racines dans nos afflictions.

13. Tant que la racine est là, le développement des causes de souffrance se fait au cours de naissances, de vies et d'expériences différentes.

14. En raison de leur caractère juste ou non, ces expériences produisent la joie ou la peine.

15. Pour le sage, tout est douleur, parce que nous sommes soumis aux conflits nés de l'activité des gunas, et à la douleur inhérente au changement, à l'effort, aux forces de l'habitude.

16. La douleur à venir peut et doit être évitée.

17. L'identification entre celui qui voit et ce qui est vu est  la cause de cette douleur que l'on peut éviter.

18. Ce qui est vu se manifeste par l'immobilité, l'activité ou la clarté. Les éléments naturels et les organes sensoriels le composent et le révèlent. La raison de cette manifestation est d'en jouir ou de s'en libérer.

19. L'activité des gunas se manifeste à des niveaux différents, sur des éléments grossiers ou subtils, manifestés ou non.

20. Le drashtar (celui qui voit) est seulement faculté de voir. Bien que pur, il est témoin de ce qu'il regarde (et donc altéré par le spectacle du monde manifesté).

21. La raison d'être de ce qui est vu est seulement d'être vu.

22. Pour l'éveillé, cela devient inutile, mais continue d'exister pour ceux qui sont dans l'ignorance.

23. Le samyoga permet de comprendre la nature propre de ces deux facultés, celle de voir et celle d'être vu.

24. La non-connaissance du réel est cause de cette confusion entre les deux.

25. Quand elle disparaît, disparaît aussi l'identification du spectateur et du spectacle. Alors le spectacle n'a plus de raison d'être ; c'est la libération du spectateur.

26. Le discernement, pratiqué de façon ininterrompue, est le moyen de mettre fin à la non-connaissance du réel.

27. La connaissance de celui qui pratique le discernement devient graduellement sans limite.

28. Quand les impuretés du mental sont détruites par la pratique du Yoga, la lumière de la connaissance donne à l'esprit ce discernement.

29. L'ashtanga Yoga, ou les huit membres du Yoga :

- Yamas : les règles de vie dans la relation aux autres ;

- Niyamas : les règles de vie dans la relation avec soi-même ;

- Asana : la posture ;

- Prânâyama : la respiration ;

- Pratyâra : l'écoute sensorielle intérieure ;

- Dhâranâ : le pouvoir de concentration ;

- Dhyâna : la méditation ;

- Samâdhi : l'état d'unité.

30. Les yamas sont la non-violence, la vérité, le désintéressement, la modération, le non-désir de possessions inutiles.

31. Ils constituent une règle universelle, car ils ne dépendent ni du lieu, ni de l'époque, ni des circonstances.

32. Etre clair dans ses pensées et ses actes, être en paix avec ce que l'on vit sans désirer plus ou autre chose, pratiquer avec ardeur, apprendre à se connaître et à agir dans le mouvement de la vie, tels sont les niyamas.

33. Quand les pensées perturbent ces attitudes, il faut laisser se manifester le contraire.

34. Ces pensées, comme la violence, qu'on la pratique, la provoque ou l'approuve, sont causées par l'impatience, la colère et l'erreur.

35. Si quelqu'un est installé dans la non-violence, autour de lui, l'hostilité disparaît.

36. Quand on est établi dans un état de vérité, l'action porte des fruits appropriés.

37. Lorsque le désir de prendre disparaît, les joyaux apparaissent.

38. Etre établi dans la modération donne une bonne énergie de vie.

39. Celui qui ne se préoccupe jamais de l'acquisiotion de biens inutiles connaît la signification de la vie.

40. Lorsqu'on est dans un état de pureté, on est détaché de son corps et de celui des autres.

41. Le fait d'être pur engendre la bonne humeur, la concentration d'esprit, la maîtrise des sens et la faculté d'être en relation avec la conscience profonde.

42. Se contenter de ce que l'on a constitue le plus haut degré de bonheur.

43. Grâce à une pratique soutenue, qui entraîne la destruction de l'impureté, on améliore considérablement le fonctionnement du corps et des sens.

44. L'état d'intériorisation permet l'union totale avec la divinité d'élection.

45. Par l'abandon à Dieu, on parvient à l'etat de pure conscience.

46. La posture, c'est être fermement établi dans un espace heureux.

47. Grâce à la méditation sur l'infini et au renoncement à l'effort volontariste.

48. A partir de là, on n'est plus assailli par les dilemmes et le conflits.

49. La cessation de la perturbation de la respiration caractérise le prânâyâma, et intervient quand on a maîrisé asana.

50. Les mouvements de la respiration sont l'expir, l'inspir et la suspension. En tenant compte de l'endroit où se place la respiration, de son amplitude et de son rythme, on obtient un souffle allongé et subtil.

51. Une quatrième modalité de la respiration dépasse le plan de conscience où l'on distingue inspir et expir.

52. Alors ce qui cache la lumière se dissipe.

53. Et l'esprit devient capable des diverses formes de concentration.

54. Quand le mental n'est plus identifié avec son champ d'expérience, il y a comme une réorientation des sens vers le Soi.

55. Alors les sens sont parfaitement maîtrisés.

 

 

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Shiva samhita

Shiva samhita

La Shiva Samhitâ est un texte classique d’Hatha-yoga, qui traite plus particulièrement de l’aspect philosophique et métaphysique de cette disciple.

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CHAPITRE I

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1 à 19 - « Il n’y a que la Connaissance qui soit éternelle car elle n’a ni début ni fin. Il n’existe aucune autre Réalité essentielle, bien que celle-ci ne soit pas perçue dans notre monde à cause de la limitation des sens. Cette limitation n’apparaît qu’à celui qui a la Connaissance et non aux autres. C’est pourquoi, Moi, le Seigneur, qui aime ceux qui suivent Ma Voie et qui accorde aux êtres vivants la Libération de l’esprit, je vais expliquer les principes du Yoga. Ceci est pour l’affranchissement spirituel des êtres qui ne suivent que Ma Voie et qui laissent de côté les croyances de ceux qui passent leur temps à la controverse et qui répandent des opinions produisant la fausse connaissance. Certains louent la vérité, d’autres l’ascèse et la pureté, d’autres encore la patience, d’autres enfin l’équanimité et la vertu. D’autres louent la charité, d’autres les sacrifices aux ancêtres, d’autres encore l’action, d’autres retiennent comme valeur absolue l’indifférence aux plaisirs du monde. D’autres louent les devoirs du chef de famille, d’autres considèrent le sacrifice comme essentiel, à commencer par celui du feu. Certains louent les paroles sacrées, d’autres les pèlerinages. En fait il est possible de montrer de multiples voies de salut. En étant ainsi impliqués dans le monde, même ceux qui savent distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux tombent dans les griffes de la confusion, bien qu’ils soient purs. Ceux qui suivent toutes ces voies commettent de bonnes et de mauvaises actions qui les font errer aveuglés dans ce monde, pris dans le cycle des naissances et des morts. D’autres sages honorables, entièrement voués à la recherche de l’Invisible, déclarent que les consciences sont multiples, éternelles et omniprésentes. D’autres en vérité sont fermement convaincus qu’il n’existe que ce qui est perceptible par les sens et rien d’autre. Ils se demandent où sont le paradis et l’enfer. D’autres encore croient que l’univers est un flux de Conscience, d’autres que l’Essence unique est le Vide, d’autres que la Réalité est une réplique parfaite de l’Énergie et de la Conscience. Certains, ayant des opinions très diverses, entièrement détournés de la recherche suprême, d’après leurs propres expériences et ce qu’ils ont entendu, disent que cet univers existe sans Dieu. Tandis que d’autres affirment, en se basant sur de bons arguments, que Dieu existe. En fait le doute est permis sur son existence à cause de la multitude des affirmations à son sujet. Il est dit dans les Écritures que ces gens et d’autres ascètes encore, appelés de différentes façons et enseignant d’autres théories, ont amené la confusion dans le mental des hommes. Il n’est pas possible de se baser sur les opinions de ceux qui sont habitués à discuter sans fin à propos de toutes ces théories. C’est pourquoi tous les hommes errent ainsi dans le monde, se fourvoyant longtemps pour trouver la Voie de la Connaissance. La science du Yoga, unique méthode pour atteindre la Connaissance, est née de l’examen de tous les enseignements et de la vision intérieure concentrée. Le Yoga, une fois appris, procure une Connaissance profonde de tout, mais pour cela il faut s’en imprégner complètement afin de le maîtriser. Arrivé à ce niveau de maîtrise il n’est plus utile de connaître d’autres théories. Nous allons enseigner cette science secrète du Yoga, qui ne doit être révélée qu’à ceux qui se dévouent à cette recherche et dont le cœur est pur dans les trois mondes. »

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32 à 35 – « Quand le yogin intelligent a pris conscience de l’importance du karma-kânda (la voie de l’action), il y renonce. Il doit abandonner les notions de bien et de mal et entrer dans la voie du jnâna-kânda (la voie de la Connaissance). Les textes traditionnels affirment que l’on doit voir ou rechercher la Conscience, même dans ce qui la cache. Ces textes doivent être étudiés avec ardeur parce qu’ils confèrent la Libération, et guident sur la voie de la Connaissance. Cet intellect qui dirige le comportement de l’homme vers la notion de bien et de mal, c’est Moi (le Seigneur). Tout le monde composé d’êtres animés et d’êtres inanimés vient de Moi. Tout est une manifestation de Moi et tout se dissout en Moi. Je suis inséparable de ce monde et rien ne peut exister sans Moi. Dans les innombrables puits pleins d’eau se réflètent les rayons du soleil, bien que le soleil soit unique et toujours identique. De la même façon que dans les puits se trouve l’Essence absolue, qui est aussi le soleil, ainsi en est-il aussi dans les êtres où est présente la même essence que dans la Conscience. »

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49 à 59 – « Tout ce monde mobile et immobile est produit par la Conscience. C’est pourquoi le sage se réfugie en elle quand il a renoncé à tout. A l’image de l’espace, qui emplit l’intérieur et l’extérieur de la jarre, de la même façon la Conscience pénètre l’intérieur et l’extérieur de toutes choses. Comme l’espace qui ne mélange pas avec les cinq élèments composant la matière, de même la Conscience ne se confond en aucune façon avec les multiples choses. Tout le monde, en commençant par Îshvara est imprégné entièrement de la Conscience qui est Unité et Plénitude sans aucune dualité et composée par Sat (être), Cit (Conscience) et Ananda (Béatitude). C'est pourquoi la Conscience ne brille pas par autre chose qu'Elle même. Sa lumière irradie d'Elle-même car la nature de l'esprit est lumineuse. Puisqu'il n'existe dans la Conscience aucune limitation faisant référence au temps et à l'espace, Elle est réellement le Tout. Puisque la destruction ne s'applique qu'aux cinq éléments de la matière qui produisent l'erreur, il s'en suit que la Conscience est éternelle, et qu'elle ne peut être détruite. Puisqu'il n'existe rien au-delà de la Conscience, celle-ci est éternellement unique. Et puisque ce qui n'est pas la Conscience est irréel, il s'en suit qu'Elle est la Réalité ultime. Dans le samsâra, qui est empreint d'ignorance, la Félicité - qui n'est autre que la cessation de la douleur, et qui est sans début ni fin - vient de la Connaissance. C'est pourquoi la Conscience est Félicité. Puisque l'ignorance, cause de l'univers, est détruite par la Connaissance, il s'en suit que la Conscience est Connaissance et qu'elle est éternelle. L'univers, qui est la multiplicité, tire son origine du temps alors que la Conscience est éternellement unique et étrangère à toute tentative de définition. »

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60 à 67 – « Tous les éléments (de la matière) sont détruits par l'usure du temps tandis que la Conscience, qui ne peut jamais être définie par des mots existe dans la parfaite non-dualité. Ni l'espace, ni le vent, ni le feu, ni l'eau, ni la terre, ni la combinaison des uns et des autres ne sont parfait, pas même Ishvara. Il n'y a que la Conscience qui soit parfaite. Lorsque le yogin a renoncé à tous ses désirs, et qu'il a abandonné les chaînes du monde illusoire, il reconnaît alors en Lui la Conscience par l'intermédiaire du Soi (Atman). Reconnue intérieurement grâce au Soi, la Conscience, qui est éternelle, et qui a comme qualité la Félicité, grâce à l'intensité provoquée par le samâdhi produit la jouissance dans l'être humain détaché de tout. Il n'y a que mâyâ qui soit la matrice de tout. Lorsqu'elle disparaît grâce à la prise de conscience de la Réalité toutes les apparences disparaissent. Celui qui comprend que tout ce monde n'est que l'oeuvre de mâyâ n'éprouve plus de joie ni dans les richesses, ni dans la jouissance du corps, ni dans les plaisirs mondains. »

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66 à 68 – « Le monde nous apparaît sous trois aspects : ennemi, ami, indifférent. C'est ainsi et non pas autrement que se déroule la vie de chacun. On retrouve la même distinction d'ennemi, d'ami et d'indifférence dans tous les éléments de la nature. En fait la Conscience, à travers la limitation corporelle, devient fils, père, mère, etc. Une fois que le yogin a compris, grâce à la Révélation intérieure, que tout l'univers est une oeuvre de mâyâ, il doit détruire cette illusion, qui ne produit que l'erreur, et refuser les croyances fausses. »

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68 à 74 – « Quand l'être humain devient libre de toutes les limitations il peut se voir fait uniquement de Connaissance et parfaitement pur. Le Purusha crée les êtres par la puissance de sa volonté, et c'est de là que naissent l'ignorance et l'erreur. Liés temporairement dans cette création le pur Brahman et l'ignorance s'accouplent. De cette union naît Brahmâ qui crée à son tour akâsha (l’éher). De celui-ci vient le vent, du vent le feu, du feu l'eau, de l'eau la terre, telle est l'émanation. Le vent est créé par l'espace ; le feu est créé par l'espace et le vent ; l'eau est créée par l'espace, le vent et le feu ; la terre est créée par l'espace, le vent, le feu et l’eau. La qualité de l'espace est le son, celle du vent est le mouvement et le toucher, celle du feu est la forme, celle de l'eau est le goût, celle de la terre est l'odorat. Voilà la Réalité. On dit que l'espace a une qualité, que le vent en a deux, que le feu en a trois, que l'eau en a quatre et que la terre en a cinq : son, toucher, forme, goût et odeur. Voilà ce qu'ont dit les sages. »

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75 à 78 – « La forme est perceptible par l'oeil, l'odeur par le nez, le goût par la langue, le toucher par la peau, le son par l'oreille. Ceci est une certitude. Tout ce monde composé d'être mobiles et immobiles vient de la Conscience. Que les apparences soient vraies ou fausse est une question de point de vue, par contre il est sûr que la Conscience existe. La terre devient subtile et disparaît dans l'eau, l'eau dans le feu, le feu dans l'air, l'air dans l'espace et l'espace s'évanouit dans l'ignorance qui elle-même disparaît dans l'Absolu. »

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79 à 82 – « Il existe deux énergies, vikshepa et âvaranâ qui sont illimitées et dont la forme est la Béatitude. La grande mâyâ, quand elle se présente sous son aspect non conscient, a trois qualités qui sont sattva, rajas et tamas. Quand cette grande mâyâ non consciente est animée par l'énergie âvaranâ, le monde des formes se manifeste par le pouvoir de l'énergie vikshepa. Quand l'ignorance a un excès de tamas l'énergie se manifeste sous la forme de Durgâ ayant comme maître Îshvara. Quand c'est sattva qui domine la belle Lakshmî se manifeste ayant comme maître Vishnu. Quand l'ignorance a en excès rajas c'est Sarasvatî qui agit ayant comme maître Brahmâ. »

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83 à 87 – « Tous les dieux sont dans la sphère de l'Absolu. Mais les corps, la matière inanimée, et tout le reste sont dans la sphère de l'ignorance. C'est de cette façon que les sages ont décrit l'origine de l'univers. Tattva et attatva apparaissent-ils ainsi de différentes manières. Toute chose apparaît comme objet de connaissance, et la différence réside uniquement dans les mots et les noms qui les définissent et pas ailleurs. En fait rien n'existe à part l'Absolu qui crée l'apparence. On croit que les choses ont une réalité parce qu'elles ont une forme qui semble réelle. L'Absolu, qui n'est que Béatitude et Plénitude, origine de toutes choses, est le seul à exister. Celui qui arrive à rester constamment dans cette perception est libéré de la mort, du samsâra et de la souffrance. »

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88 à 91 – « Quand on a pris Conscience de l'état illusoire des perceptions et que toute croyance fausse a été éliminée, alors tout se dissout, et il ne reste plus que l'Absolu. Plus rien d'autre ne peut émaner des pensées. La Conscience se réincarne, en accord avec les traces des vies passées, dans un corps physique issu d'un père. Les sages considèrent que ce superbe corps est fait de douleur parce que la Conscience doit y expérimenter ce qui n'a pas encore été fait dans le passé. Ce temple fait de jouissance et de souffrance, de chair, d'os, de tendons, etc., parcouru par tout un réseau de veines, existe en fait pour jouir de la souffrance. Ce corps, issu du merveilleux Brahmâ, composé des cinq éléments, que l'on appelle oeuf de Brahmâ, sert à expérimenter la souffrance et la joie. »

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92 à 96 – « Bindu est Shiva, Rajas est Shakti. De l'union de cette Conscience immobile et de cette énergie naissent spontanément toutes les créatures. Tous les innombrables objets visibles qui sont dans le monde sont le fruit du mélange des cinq éléments. Sous l'effet du karma la Conscience incarnée se trouve prise en eux. Tout dérive des cinq éléments et le jîva est condamné à jouir des fruits de leurs actions. C'est Moi (le Seigneur) qui détermine l'union du jîva et du corps en accord avec le karma passé. La Conscience individuelle n'est pas limitée et avec le corps matériel elle expérimente les conséquences des actes. La Conscience individuelle (jîva) qui est liée à l'enchaînement de la matière par l'effet de son propre karma est nommée de différentes façons. Ainsi on se réincarne dans le monde sous l'effet du pouvoir de Brahmâ afin de trouver l'expérience dans l'action. Quand la Conscience individuelle a épuisé les potentialités de son karma elle peut se dissoudre dans l'Absolu. […] »

 

 

 

 

 

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Hatha-yoga Pradipika

Hatha-yoga Pradipika

HATHA-YOGA PRADIPIKA (traduction de Tara Michaël - Fayard éditeur)

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« Je me prosterne devant le Maître Originel, Sri Adinâtha (Shiva), par qui fut enseignée la science du Hatha-yoga. Cette science glorieuse resplendit comme une échelle pour qui désire atteindre les cimes du Râja-yoga.

Ayant salué en son Guru Nâtha Lui-même, le yogin Svâtmârâma entreprend cet exposé de la science de Hatha uniquement en vue du Râja-yoga.

A ceux qui ne peuvent connaître le Râja-yoga, tout égarés qu’ils sont dans les ténèbres résultant de la multiplicité des opinions, Svâtmârâma dans sa compassion offre cette « lampe du Hatha-yoga ».

Cette science de Hatha, ceux en tête de qui sont Matsyendra et Goraksa l’ont connue. Par la grâce de cette lignée de Guru, le yogin Smâtmârâma vint à la connaître.

Sri Adinâtha, Matsyendra, Sâbara, Anandabhairava, Gaurangî, Mîna, Goraksa, Virûpâksa, Bilesaya, Manthânabhairava, Siddhi, Buddha, Kanthadi, Korantaka, Surânanda, Siddhipâda, Carpati. Kânerî, Pûjyapâda, Nityanâtha, Niranjana, Kapâli, Bindunâtha Kâkacandîsvara, Allâma, Prabhudeva, Ghodâcoli, Tintini, Bhanûkî, Nâradeva, Khandakâpâlika,

Et tant d’autres Mahâsiddha, ayant par la puissance du Hatha-yoga brisé la férule de la mort, se meuvent librement dans l’univers.

Le Hatha est la cellule où trouvent un asile ceux que tourmentent toutes les formes de souffrance. Le Hatha est la tortue qui supporte l’univers, pour ceux qui sont adonnés à toutes formes de Yoga. La science de Hatha doit être gardée éminemment secrète par le yogin désireux de perfection. Gardée secrète, elle devient effective. Divulguée, elle perd sa force. » (Hatha-yoga-Pradîpikâ I. 1 à 11)

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La Bhagavad-Gîtâ

La Bhagavad-Gîtâ

La Bhagavad-Gîtâ (le Chant du Bienheureux Seigneur) est le texte le plus sacré de tout l’enseignement du Yoga. Il fait partie du Mâhabâratha, grand poème épique de l’Inde ancienne. Le Yoga Suprême y est exposé en 18 chapitres, par Krishna l’Instructeur Divin. Les indianistes pensent que la Bhagavad-Gîtâ a été écrite entre le Ve et le IIe siècle av. J.-C. Voici l'essence même de cet enseignement. La Bhagavad-Gîtâ demande a être lue avec dévotion tous les jours de notre vie, pour bien rentrer dans toute la profondeur de son enseignement, qui inclut les différentes voies du Yoga : Karma-yoga - Râja-yoga - Jnâna-yoga - Bhakti-yoga. (traduction de Shrî Aurobindo - Spiritualités vivantes  Albin Michel éditeur)   (Traduction de Shrî[][]

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CHAPITRE  2   

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« |...| Sache-Le impérissable, Ce par quoi tout ce monde est étendu. Qui peut tuer l'Esprit immortel ? Les corps limités ont une fin, mais ce qui possède et emploie le corps est infini, illimitable, éternel, indestructible. Ainsi donc, ô Bhârata, lutte ! Celui qui regarde ceci comme ce qui tue et celui qui pense que ceci est tué, ni l'un ni l'autre ne perçoivent la Vérité. Ceci ne tue pas, ni n'est tué. Ceci ne naît ni ne meurt et ce n'est pas une chose qui un jour commença d'exister et qui, s'en allant, ne reviendra jamais plus à l'existence. C'est non-né, ancien, éternel ; ce n'est pas tué lorsqu'est tué le corps. »    

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« Tu as droit à l'action, mais seulement à l'action et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile ; et pourtant ne permets en toi aucun attachement à l'inaction. Etabli dans le Yoga, accomplis tes actions, ayant abandonné tout attachement, égal dans l'échec et dans le succès, car c'est égalité que signifie le Yoga. »    

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« Les œuvres, ô Dhananjaya, sont bien inférieures au Yoga de l'intelligence ; ce sont de pauvres âmes misérables, celles qui font du fruit de leurs œuvres l'objet de leurs pensées et de leurs activités. Celui qui a uni avec le Divin sa raison et sa volonté, celui-là rejette loin de lui-même en ce monde des dualités, à la fois l'action bonne et l'action mauvaise.  

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« Aussi efforce-toi d'être en Yoga ; le Yoga est l'habilité dans les œuvres. Les sages qui ont unis avec le Divin leur raison et leur volonté renoncent aux fruits que donne l'action et libérés de la servitude de la naissance, ils parviennent à cet état qui est par-delà la souffrance. »    

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« Quand un homme, ô Pârtha, chasse de son esprit tous désirs et qu'il est satisfait dans le moi par le moi, on le dit alors stable en son intelligence. Celui dont le mental n'est pas troublé au milieu des chagrins et qui, parmi les plaisirs, reste libre de désirs, celui qu'ont quitté attraction, peur et colère, celui-là est le sage dont est fermement fixé l'entendement. Qui en nulle chose n'est affecté, même si tel bien ou tel mal lui échoit et ne hait ni ne se réjouit son intelligence est fermement établie dans la sagesse. »  

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« Pour qui n'est pas en Yoga, il n'est ni intelligence, ni concentration de pensée ; pour qui est sans concentration, il n'y a pas de paix : et pour qui est sans paix, comment y aurait-il bonheur ? Tel de nos sens vagabonds auquel s'attache le mental emporte la compréhension, comme sur l'océan les vents emportent un navire. »    

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« Aussi, guerrier au bras puissant, chez celui qui a réfréné entièrement l'excitation des sens par leurs objets, l'intelligence est fermement établie dans une calme connaissance de Soi. Cet être supérieur qui pour toutes les créatures est une nuit, est pour le sage qui se maîtrise l'état de veille ; la vie des dualités qui est pour les créatures l'état de veille est une nuit pour le sage qui voit. »  

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« Celui-là atteint la Paix, en qui tous les désirs pénètrent comme les eaux dans l'océan, qui toujours se remplit et pourtant demeure immobile - non pas celui qui comme les eaux troubles et boueuses est troublé par le moindre afflux de désir. »  

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« Qui abandonne tous les désirs et vit et agit libre de tout appétit, qui n'a ni « moi » ni « mien », il parvient à la grande Paix. Telle est brâhmâ sthiti (état de stabilité en Brahman), ô fils de Prithâ. L'ayant atteint, l'homme n'est plus égaré. Ferme en cet état à l'heure de sa fin, il peut parvenir à l'extinction en Brahman. »

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CHAPITRE  3 

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« En ce monde, double est l’effort de l’âme sur elle-même, comme Je l’ai dit déjà, ô toi sans péché : celui des sâmkhiens par le Yoga de la connaissance, celui des yogins par le Yoga des œuvres. Ce n’est pas en s’abstenant des œuvres qu’un homme jouit de la non-activité, ni en renonçant seulement aux œuvres qu’il parvient à sa perfection. Car nul ne demeure même un instant sans action ; tout être est inévitablement contraint à l’action par les modes nés de Prakriti. »  

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« En faisant les œuvres autrement que comme sacrifice, ce monde des hommes est tenu enchaîné par les œuvres ; pratique les œuvres en tant que sacrifice, ô fils de Kuntî, te libérant de tout attachement. Avec le sacrifice le Seigneur des créatures créa jadis les créatures et dit : Par ceci tu engendreras ; que ceci soit pour toi la « vache qui exauce les désirs ». Par ceci nourris les dieux et laisse les dieux te nourrir. L'un par l'autre étant nourri, tu atteindras le bien suprême. »  

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« De même que ceux qui ne savent agissent avec attachement à l’action, celui qui sait doit agir sans attachement, ayant pour mobile de maintenir ensemble les peuples. Il ne doit point jeter le trouble dans l’entendement des ignorants attachés à leurs œuvres ; il doit les engager dans toutes les actions, qu’il accomplit lui-même avec connaissance et en Yoga.    

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« Abandonnant tes œuvres à Moi, ta conscience fondée dans le Moi, libre de désir et d'égoïsme, lutte libéré de la fièvre de ton âme. Ceux qui, ayant la foi et ne se fiant pas à l'intelligence critique, suivent constamment cet enseignement que je donne, sont aussi libérés de la servitude des œuvres. Mais ceux qui censurent Mon enseignement et n'y conforment pas leurs actes, sache que leur mental n'est pas mûr, que leur connaissance entière est égarée et qu'ils sont voués à la destruction. »  

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« C'est le désir et sa compagne la colère, enfants de rajas, qui souillent tout, qui dévorent tout. Sache que c'est là le grand ennemi de l'âme qu'il faut abattre. Comme un feu est recouvert par la fumée, un miroir par la poussière et un embryon entouré par l'amnios, de même cette connaissance est enveloppée par lui. Enveloppée est la connaissance, ô Kaunteya, par cet ennemi éternel de la connaissance qui sous la forme du désir est un feu insatiable. Les sens, le mental et l'intellect en sont le siège ; enveloppant par eux la connaissance, il égare l'âme incarnée. »  

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« Aussi, ô toi le meilleur des Bhâratas, maîtrisant d'abord les sens, abats cet objet de péché destructeur de connaissance. Suprêmes, disent-ils, sont les sens ; souverain sur les sens est le mental ; souveraine sur le mental est la volonté intelligente ; ce qui est souverain sur la volonté intelligente, c'est Lui. Ainsi, par la compréhension t'éveillant au Suprême, qui est au-delà même du mental de discernement, donnant force au Moi par le Moi pour le rendre stable, ô guerrier au bras puissant, abats cet ennemi à forme de désir, qu'il est si dur d'attaquer. »

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CHAPITRE  4 

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« Nombreuses sont mes vies passées et les tiennes aussi, ô Arjuna ; toutes Je les connais, mais tu ne les connais pas, ô fléau des ennemis. Bien que je sois le non-né, bien que Je sois impérissable dans Mon existence propre, bien que Je sois le Seigneur de toutes les existences, cependant Je repose sur Ma propre nature et Je prends naissance par Ma propre mâyâ. Chaque fois que le dharma s'efface et que monte l'injustice, alors je prends naissance. Pour la libération des bons, pour la destruction de ceux qui font le mal, pour mettre sur le trône la justice, Je prends naissance d'âge en âge. Celui qui connaît ainsi dans leurs justes principes Ma divine naissance et Mon Œuvre Divine, celui-là, quand il abandonne son corps il n'a pas à renaître, il vient à Moi, ô Arjuna. Délivrés de l'attraction et de la peur et de la colère, pleins de Moi, prenant refuge en Moi, beaucoup d'êtres purifiés par l'austérité de la connaissance sont arrivés à Ma nature d'être. »  

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« Même si tu es le plus grand pécheur par-delà tous les pécheurs, tu franchiras tout le mal tortueux dans la nef de la Connaissance. Comme un feu attisé réduit son bois en cendres, ô Arjuna, ainsi le feu de la Connaissance réduit en cendres toutes les œuvres. Il n'est rien au monde qui soit égal en pureté à la Connaissance ; l'homme rendu parfait par le Yoga découvre cela dans le Moi, de Lui-même, avec le temps. Celui qui a foi, qui a conquis et maîtrisé son mental et ses sens, qui a fixé tout son être conscient sur la Réalité suprême, celui-là atteint la Connaissance ; et, ayant atteint la Connaissance, il va rapidement à la Paix Suprême. »  

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« L’ignorant sans foi, l’âme de doute, va à la perdition ; ni ce monde, ni le Monde Suprême, ni aucun bonheur n’est pour l’âme pleine de doutes. Celui qui a détruit tout doute par la Connaissance, qui a par le Yoga abandonné toutes les œuvres et qui est en possession du Moi n’est pas enchaîné par ses œuvres, ô Dhananjaya. C’est pourquoi, ayant par l’épée de la Connaissance, tranché ce doute qu’a soulevé ton ignorance et qui loge en ton cœur, aie recours au Yoga, ô Bhârata, et lève-toi. »    

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CHAPITRE  5   

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« L’Impersonnel qui pénètre tout n’admet ni le péché ni la vertu de quiconque ; la Connaissance est enveloppée d’ignorance ; c’est pourquoi les créatures sont égarées. »  

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« Tournant leur mental discriminateur vers Cela, dirigeant tout leur être conscient vers Cela, faisant de Cela leur but unique et le seul objet de leur dévotion, ils vont là d’où il n’est point de retour, leurs péchés lavés par les eaux de la Connaissance. »    

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« Quand un homme M’a connu comme Celui qui jouit du Sacrifice et de tout tapasya, le Seigneur puissant de tous les mondes, l’Ami de toutes les créatures, il vient à la Paix.    

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CHAPITRE  6   

« Celui qui accomplit l’œuvre qui lui incombe sans nul souci des fruits de l’œuvre, celui-là est le sannyâsin et le yogin, non l’homme qui n’allume pas le feu du sacrifice et ne fait pas les œuvres. Ce qu’on a appelé renonciation, sache-le, c’est en vérité le Yoga, ô Pândava ; car nul ne devient yogin qui n’a renoncé en son mental à la volonté-désir. »  

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« Par le moi tu dois délivrer le moi, tu ne dois pas déprimer ni abaisser le moi, car le moi est l’ami du moi et le moi est l’ennemi. Le moi est un ami pour l’homme en qui le moi inférieur a été conquis par le moi supérieur ; mais pour celui qui n’est pas en possession de son moi supérieur, le moi inférieur est comme un ennemi et il agit en ennemi. »  

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« Quand un homme a conquis son moi et atteint au calme d’une maîtrise de soi, d’une possession de soi parfaites, alors son Moi Suprême a une base et un équilibre dans le froid et le chaud, le plaisir et la peine aussi bien que dans l’honneur et le déshonneur. »    

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« Le yogin qui est satisfait de la Connaissance de soi, tranquille, qui a réalisé son propre équilibre, maître de ses sens, considérant d’un œil égal la motte d’argile et la pierre et l’or, on dit qu’il est en Yoga. Celui qui est égal en son âme envers l’ami et l’ennemi, et aussi envers le neutre et l’indifférent, le pécheur et le saint, celui-là excelle. »    

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CHAPITRE  7   

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« Les cinq éléments, le mental, la raison, l’ego, telle est Ma nature divisée, octuple. Celle-là, c’est l’inférieure. Mais connais Mon autre nature, différente de celle-là, ô guerrier au bras puissant, la Suprême qui devient le jîva et par laquelle ce monde est soutenu. Sache que c’est la matrice de tous les êtres. Je suis la naissance du monde entier et donc aussi sa dissolution. Au-delà de Moi, ô Dhananjaya, rien ne règne suprême. Sur Moi tout ce qui est en ce monde est enfilé comme des perles sur un fil. »  

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« Parmi les vertueux qui se tournent vers Moi avec dévotion, ô Arjurna, il y a quatre sortes de bhaktas : ceux qui souffrent, ceux qui cherchent le bien dans le monde, ceux qui cherchent la Connaissance et ceux qui M'adorent avec la Connaissance, ô seigneur des Bhâratas. Parmi eux, celui-là est le meilleur qui a la Connaissance qui est toujours en union constante avec le Divin, dont la bhakti est toute concentrée sur Lui ; il a pour Moi parfait amour et il est Mon bien-aimé. Nobles sont-ils, tous sans exception, mais celui qui a la Connaissance est en vérité Moi-même ; car pour son but suprême, il M'accepte, Moi, le Purushottama, avec qui il est en union. Après de nombreuses naissances, l'homme de connaissance atteint à Moi. Très rare est la grande âme qui sait que Vâsudéva, l'Etre omniprésent, est tout ce qui est. »  

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« Les petits esprits pensent de Moi, le non-manifesté, que je suis limité par la manifestation, parce qu’ils ne connaissent pas Ma nature d’être suprême, impérissable, d’une absolue perfection. Je ne suis pas non plus révélé à tous, enveloppé que Je suis dans Ma yogamâyâ ; ce monde égaré ne Me connaît pas, Moi, le non-né, l’impérissable. »  

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« Je connais toutes les existences passées, et toutes les existences présentes et futures, ô Arjuna, mais Moi, nul encore ne Me connaît. Par le mirage des dualités, qui provient du désir et de la répulsion, ô Bhârata, toutes les existences dans la création sont conduites à l’égarement. Mais ces hommes aux actions vertueuses, en qui le péché a pris fin, ceux-là, libérés du mirage des dualités, M’adorent, fermes dans le vœu de consécration de soi. »  

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« Ceux qui ont recours à Moi comme refuge, ceux qui se tournent vers Moi dans leur effort spirituel vers la délivrance de la vieillesse et de la mort, ceux-là en viennent à connaître ce Brahman et toute la plénitude de la nature spirituelle et l’intégralité du karma. »  

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« Parce qu’ils Me connaissent et qu’ils connaissent en même temps la nature d’être matérielle et la nature d’être Divine, et la Vérité du Maître du sacrifice, ils conservent aussi la connaissance de Moi au moment critique de leur départ de l’existence physique, et ils ont à ce moment leur conscience entière en union avec Moi. »

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CHAPITRE  8   

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« L’Akshara est le suprême Brahman ; le svabhâva est appelé adhyâtma, karma est le nom donné au mouvement créateur qui fait venir à l’existence tous les êtres et leurs états subjectifs et objectifs. Adhibhûta est kshrobhâva, Adhidaiva est le Purusha, Je suis Moi-même le Seigneur du sacrifice, adhiyajna, ici dans le corps, ô toi, le meilleur des êtres incarnés. »

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« Quiconque abandonne son corps et s’en va pensant à Moi au moment de sa fin, vient en Ma condition d’être ; on n’en saurait douter. Quiconque à la fin abandonne le corps, attachant sa pensée sur quelque forme d’être, celui-là atteint, ô Kaunteya, à la forme dans laquelle l’âme croissait intérieurement, à chaque instant, durant la vie physique. Aussi, à tout moment, souviens-toi de Moi et lutte ; car si ton mental et ton entendement sont toujours fixés sur Moi et donnés à Moi, à Moi sûrement tu viendras. Car c’est en pensant toujours à Lui, la conscience unie en un Yoga sans défaillance et de pratique constante, que l’on vient au divin et suprême Purusha, ô Pârtha. »  

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« Ce Moi suprême est le Voyant, l’Ancien des jours, plus subtil que le subtil et le Maître et le Régent de toute existence qui met à leur place dans son être toutes les choses qui sont. Sa forme est impensable, Il est resplendissant comme le soleil au-delà des ténèbres ; celui qui attache sa pensée sur ce Purusha au moment du départ, le mental immobile, l’âme armée de la force du Yoga, uni avec Dieu en Bhakti et la force de vie entièrement attirée et fixée entre les sourcils au siège de la vision mystique, celui-là atteint à ce Divin Purusha Suprême. »  

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« Cette Ame Suprême est le Brahman immuable existant en soi dont parlent ceux qui connaissent le Véda et c’est Cela en quoi entrent ceux qui pratiquent l’ascèse quand ils ont passé par-delà les affections du mental mortel et pour le désir de quoi ils exercent la maîtrise des passions corporelles ; cette condition Je te l’exposerai brièvement. Les portes des sens toutes closes, le mental enfermé dans le cœur, la force de vie élevée dans la tête hors de son mouvement dispersé, l’intelligence concentrée sur l’émission de la syllabe sacrée AUM et sur sa pensée féconde, dans le souvenir de la Divinité Suprême, celui qui s’en va ainsi, abandonnant le corps, atteint à la plus haute condition. »  

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« Celui qui se souvient de Moi sans cesse, ne pensant à nul autre, le yogin qui est en union constante avec Moi, ô Pârtha, Me trouve facile à atteindre. Etant venues à Moi, ces grandes âmes ne reviennent pas à la naissance, condition transitoire et pénible de notre être mortel ; elles parviennent à la suprême perfection. Les cieux suprêmes du plan cosmique sont sujets à un retour à la naissance, mais ô Kaunteya, il n’est point de renaissance imposée à l’âme qui vient à Moi (le Purushottama). »  

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« Ceux qui connaissent le jour de Brahmâ qui dure mille âges et sa nuit qui ne prend fin qu’après mille âges, ceux-là connaissent le jour et la nuit. Avec la venue du jour, toutes les manifestations naissent à l’existence hors du non-manifesté ; à la venue de la nuit, tout se dissipe ou se dissout en Lui. Cette multitude d’êtres, inévitablement, entre sans cesse dans le devenir, se dissout à la venue de la nuit, ô Pârtha et naît à l’existence à la venue du jour. »

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« Mais ce non-manifesté n’est pas la divinité originelle de l’Etre ; il y a un autre état de son existence, un non-manifesté supra-cosmique par-delà cette non-manifestation cosmique qui n’est pas contraint de périr quand périssent toutes ces existences. On l’appelle le non-manifesté immuable ; de Lui on parle comme de l’âme et de la condition suprêmes et ceux qui atteignent à Lui point ne reviennent ; telle est la suprême demeure de Mon être. Mais ce Suprême Purusha doit être conquis par une bhakti concentrée sur Celui-là seul en qui existent tous les êtres et par qui tout ce monde a été étendu dans l’espace. »

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CHAPITRE  9

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« Ce que je vais te dire, à toi qui ne t'adonnes point aux critiques vaines, c'est le plus secret de tout, la connaissance essentielle, avec aussi la connaissance totale, par quoi, la connaissant, tu seras libéré du mal. C'est la Connaissance Royale, le Royal Secret, c'est une Pure et Suprême Lumière que l'on peut vérifier par l'expérience spirituelle directe, c'est la connaissance juste et vraie, la loi même de l'être. Elle est facile à mettre en pratique et impérissable. Mais il y faut la foi. L'âme qui n'a pas foi dans la Vérité et la loi supérieures, ô Parantapa, n'atteignant pas à Moi, devra retourner dans la voie de la vie mortelle ordinaire. »

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« Par Moi tout cet univers a été étendu dans l'ineffable mystère de Mon Etre ; toutes les existences sont situées en Moi et non Moi en elles. Et cependant toutes les existences ne sont pas situées en Moi. Vois Mon Divin Yoga ; Mon Moi est la source et le support de toutes les existences et Il n’est pas situé dans les existences. »

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« Ainsi que demeure en l’éther le grand, le tout-pénétrant principe air, ainsi toutes les existences demeurent en Moi ; c’est ainsi que tu dois le concevoir. Toutes les existences, ô Kaunteya, retournent en Ma Divine Nature dans le cours du cycle ; au commencement du cycle nouveau Je les projette. M’appuyant, pressant sur Ma propre Nature, Je crée cette multitude d’existences, toutes irrémédiablement sujettes à la domination de la nature. Et ces œuvres point ne M’enchaînent ô Dhanajaya, car Je Me tiens au-dessus d’elles comme indifférent, non attaché à ces actions. Je suis la maîtrise qui préside à Ma propre action de la nature, non point un esprit né en elle, mais l’Esprit créateur qui lui fait produire tout ce qui apparaît en manifestation. A cause de cela, ô Kaunteya, le monde procède par cycles. »

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« Ceux qui sont dans l’erreur Me méprisent logé dans le corps humain, parce qu’ils ne savent pas Ma suprême nature d’être, à Moi qui suis le Seigneur de toutes les existences.  Toute leur action, toute leur connaissance, tout leur espoir sont vains ; ils demeurent dans la nature râkshasique et asurique qui égare la volonté et l’intelligence. »                          

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« Ceux dont l'âme est grande, ô Pârtha, qui demeurent dans la nature Divine, ceux-là Me connaissent comme l'Impérissable, et, Me connaissant tel, ils se tournent vers Moi d'un amour unique et entier. Toujours M'adorant, persévérant dans leur effort spirituel, se prosternant devant Moi avec dévotion, ils Me rendent un culte en un constant Yoga. »  

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« Celui qui M'offre avec dévotion une feuille, une fleur, un fruit, une coupe d'eau - cette offrande d'amour, venue d'une âme qui s'efforce, M'est agréable. Quoi que tu fasses, de quoi que tu jouisses, quoi que tu sacrifies, quoi que tu donnes, quelque énergie de tapasya que tu déploies, de volonté ou d'effort d'âme, fais-en une offrande à Moi. Ainsi tu seras libéré des résultats bons ou mauvais qui constituent les chaines de l'action ; ton âme en union avec le Divin par la renonciation, tu deviendras libre et parviendras à Moi. Je suis égal en toutes les existences, nul ne M'est cher, nul par Moi n'est haï ; cependant ceux qui se tournent vers Moi avec amour et dévotion, ils sont en Moi et Je suis aussi en eux. »

CHAPITRE  10  

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« Celui qui Me connaît comme le non-né, sans origine, Seigneur souverain des mondes et des peuples, celui-là vit sans égarement parmi les mortels, et il est délivré de tout péché et de tout mal. »

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« Compréhension et Connaissance et Libération de l’égarement de l’ignorance, pardon et Vérité et domination de soi, et calme de la maîtrise intérieure, affliction et plaisir, venue à l’existence et destruction, peur et intrépidité, gloire et ignominie, non-violence et équanimité, contentement et austérité et charité, toutes ces choses en leur diversité séparée sont des devenirs subjectifs d’existences, et toutes procèdent de Moi. Les grands Rishis, les sept Anciens du monde, et aussi les quatre Manous, sont les devenirs de Mon intelligence ; d’eux émanent toutes ces créatures vivantes dans le monde. »  

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« Celui qui connait en leurs justes principes ceci Ma Souveraineté qui tout pénètre, et ceci Mon Yoga, s’unit à Moi par un Yoga qui ne temple pas ; on n’en saurait douter. Je suis la naissance de toute chose, et de Moi tout émane pour se développer en action et mouvement ; comprenant cela, les sages M’adorent dans le ravissement. Leur conscience pleine de Moi, leur vie entièrement donnée à Moi, s’illuminant les uns les autres, ne s’entretenant que de Moi, ils sont à jamais satisfaits et joyeux. »  

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« A ceux qui sont ainsi en union constante avec Moi, et qui M’adorent en un délice intense d’Amour, Je donne le Yoga de la compréhension, , par lequel ils viennent à Moi. Par compassion pour eux, logé en leur moi, Je détruis par la lampe resplendissante de la Connaissance les ténèbres nées de l’ignorance. »  

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« Je suis, ô Gudâkesha, le Moi, qui siège au cœur de toutes les créatures ; Je suis le commencement et le milieu et la fin de tous les êtres. »  

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« Tout être de gloire et de beauté que tu vois dans le monde, tout être de puissance et de force, sache qu’il est une splendeur, une lumière, une énergie de Moi, née d’une parcelle puissante et d’un pouvoir intense de Mon existence. »  

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CHAPITRE  12  

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« Ceux qui établissent en Moi leur esprit et qui, par une constante Union, possédés d’une foie suprême, Me cherchent, ceux-là Je les tiens pour le plus parfaitement unis en Yoga. Mais ceux qui cherchent le non-manifesté indéfinissable, immuable, omniprésent, impensable, tenant de soi son équilibre, immobile, constant, ceux-là aussi, par la maîtrise de tous leurs sens, par l’égalité de leur compréhension, par leur vision d’un moi unique en toutes choses, et par la bienveillance tranquille de leur silencieuse volonté appliquée au bien de toutes les existences, ceux-là aussi arrivent à Moi. »  

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« Pour ceux-là qui se consacrent à la quête du Brahman non-manifesté, la difficulté est plus grande ; les âmes incarnées n’y peuvent atteindre que par une mortification constante, une souffrance de tous les éléments réprimés, une peine austère et une angoisse de la nature. Mais ceux qui M’abandonnant toutes leurs actions et entièrement dévoués à Moi, M’adorent, méditant sur Moi en un Yoga sans défaillance, ceux qui fixent sur Moi leur conscience entière, ô Pârtha, rapidement Je les délivre de l’océan de l’existence enchainée à la mort. »  

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« Sur Moi repose tout ton esprit, et loge en Moi tout ton entendement ; ne doute pas que tu doives demeurer en Moi par-delà cette existence mortelle. »  

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« Celui qui n'a ni égoïsme, ni sens de « moi » et de « mien », qui a pitié et amitié pour tous les êtres et n'a de haine pour nulle chose vivante, qui a dans le plaisir et la peine une égalité tranquille, qui a patience et miséricorde, celui qui a un contentement sans désir la maîtrise constante du moi et la volonté et la résolution fermes et inébranlables du yogin et un amour et une dévotion qui M'abandonnent tout le mental et toute la raison, celui-là M'est cher. Celui par qui le monde n'est affligé ni troublé, qui non plus n'est affligé ni troublé par le monde, qui s'est libéré de la trouble agitation de la nature inférieure et de ses vagues de joie et de peur et d'anxiété et de ressentiment, celui-là M'est cher.  Celui qui ne désire rien, qui est pur, habille en tous ses actes, indifférent à tout ce qui vient, qui n'est peiné ni affligé par aucun résultat, aucun événement, qui a renoncé à toute initiative d'action, celui-là, Mon dévot, M'est cher.  Celui qui ne désire pas le plaisant et ne se réjouit à son contact, ni n'abhorre le déplaisant et ne s'afflige à son contact, celui qui a aboli la distinction entre événements heureux et malheureux, celui-là M'est cher. Egal envers l'ami et l'ennemi, égal dans l'honneur et l'insulte, le plaisir et la peine, la louange et le blâme, l'affliction et le bonheur, le chaud et le froid, silencieux, content et satisfait de toute chose et de chaque chose, non attaché ni à un être, ni à une chose, un lieu, un foyer, ferme en son esprit, cet homme M'est cher.  Mais bien plus chers Me sont ces dévots qui font de Moi leur but unique suprême et qui suivent jusqu'au bout, avec une foi et une exactitude parfaites, le Dharma décrit en cet enseignement et qui mène à l'immortalité. »

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CHAPITRE  13

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« Ce corps, ô fils de Kunti, est appelé le champ ; Ce qui prend connaissance du champ est appelé par les sages « le Connaissant du champ ». Comprends-Moi comme le Connaissant du Champ en tous les champs, ô Bhârata ; c’est la connaissance du champ et son Connaissant à la fois qui est la vraie illumination et la seule sagesse. »

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« D’abord vient l’énergie non-manifestée non-discriminée ; puis le résultat de l’évolution objective de cette énergie, les cinq états élémentaux de la matière ; ensuite le résultat de son évolution subjectives, les dix sens et l’unique mental, l’intelligence et l’ego ; enfin, les cinq objets des sens. Attraction et aversion, plaisir et douleur, conscience, position, persistance ; tel est brièvement décrit, ce qui constitue le champ et ses déformations. Une absence totale d’orgueil et d’arrogance, la non-violence, une âme candide, un cœur tolérant, bienveillant, patient à la souffrance, la pureté de l’esprit et du corps, la fermeté tranquille et la stabilité, la maîtrise de soi et la domination souveraine de la nature inférieure, et l’adoration du cœur donnée au Maître ; L’attraction de l’être naturel aux objets des sens résolument ôtée, l’élimination radicale de l’égoïsme, l’absence d’attachement aux possessions, aux absorptions de la famille et du foyer, une perception aiguë de l’infirmité de la vie ordinaire de l’homme physique, avec sa sujétion douloureuse et sans but à la naissance et à la mort et à la maladie et à la vieillesse, une égalité constante en tous les événements plaisants ou déplaisants ; Un esprit méditatif tourné vers la solitude et qui s’écarte du vain bruit des foules et des assemblées des hommes, une perception philosophique du vrai sens et des vastes principes de l’existence, une tranquille continuité de connaissance et de lumière intérieures spirituelles, le Yoga d’une dévotion sans défaillance, l’amour de Dieu, l’adoration constante et profonde de la Présence universelle et éternelle - telle est déclarée la Connaissance ; tout ce qui est opposé à cela est ignorance. »

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CHAPITRE  14

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« Je te proclamerai encore pour toi la Connaissance Suprême – le plus haut de tous les savoirs – telle que, la connaissant, tous les sages s’en sont allés à la perfection suprême. Ayant pris refuge en cette connaissance, étant devenus de même nature et de même loi d’être que Moi, ils ne naissant plus dans la création, ni ne sont tourmentés par l’angoisse de la dissolution universelle. Ma matrice est le Mahad Brahman ; en elle Je jette la semence ; d’elle sortent tous les êtres, ô Bhârata. Quelles que soient les formes produites par quelque matrice que ce soit, ô Kaunteya, le Mahad Brahman est leur matrice, et Je suis le Père qui jette la semence. Les trois gunas nés de Prakriti, sattva, rajas, et tamas enchaînent dans le corps, ô toi au bras puissant, l’Habitant impérissable du corps. D’entre eux, sattva, par la pureté de sa nature, est une source de lumière et d’illumination, et par la vertu de cette pureté ne cause en la nature ni maladie, ni morbidité, ni souffrance ; il enchaîne par l’attachement à la connaissance et par l’attachement au bonheur, ô toi sans péché. Rajas, sache-le, a pour essence l’attrait de l’affection et du désir, c’est un enfant de l’attachement de l’âme au désir des objets. Par l’attachement aux œuvres, ô Kaunteya, il enchaîne l’esprit incarné. Mais tamas, sache-le, né de l’ignorance, est ce qui leurre tous les êtres incarnés ; il enchaîne par la négligence, l’indolence et le sommeil, ô BhârataSattva attache au bonheur, rajas à l’action, ô Bhârata ; tamas voile la connaissance et attache à la négligence de l’erreur et à l’inaction. Tantôt c’est sattva qui l’emporte, ayant dominé rajas et tamas, ô Bhârata ; tantôt rajas, ayant dominé sattva et tamas ; et tantôt tamas, ayant dominé sattva et rajas. Quand, par toutes les portes du corps, viennent des flots de lumière, lumière de compréhension, de perception et de connaissance, on doit comprendre qu’il y a eu dans la nature un grand accroissement, une élévation du guna sattvique. Appétits, impulsion de convoitise, initiative d’actions, inquiétude, désir – c’est ce qui monte en nous quand s’accroit rajas. Non-connaissance, inertie, négligence et aberration – c’est ce qui naît quand tamas prédomine, ô joie des Kurus. »

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« Celui qui, fermement établi, et comme siégeant au-dessus, bien haut, n’est pas ébranlé par les gunas ; qui, voyant que l’action procède des gunas, se tient à part, impassible ; Celui qui regarde d’un œil égal le bonheur et la souffrance, pour qui l’or et la boue et la pierre sont d’égale valeur, pour qui sont égaux le plaisant et le déplaisant, la louange et le blâme, l’honneur et l’insulte, la faction de ses amis et la faction de ses ennemis ; qui est fermement établi dans une quiétude, un calme intérieurs imperturbables, inaltérables ; qui ne prend l’initiative d’aucune action – on dit qu’il est au-dessus des gunas. Celui-là aussi qui M’aime et s’efforce vers Moi avec une adoration, un amour sans défaillance, il passe au-delà des trois gunas et lui aussi est prêt à devenir le Brahman. Je suis la base du silencieux Brahmâ, de l’immortalité et de l’existence spirituelle impérissable, du Dharma éternel et d’une entière félicité de bonheur. »

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CHAPITRE   15

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« Etre libéré de l’égarement de cette Mayâ inférieure, sans égoïsme, la grande erreur de l’attachement vaincue, tous les désirs calmés, la dualité de joie et de peine répudiée, être établi toujours en une conscience spirituelle – telles sont les étapes sur la voie de cet Infini suprême. C’est là qu’on trouve l’être hors du temps, qui n’est pas illuminé par le soleil ou la lune ou le feu ; pour qui est sur cette voie, il n’est point de retour ; telle est la condition éternelle suprême de Mon Etre. C'est une éternelle portion de Moi qui devient le jîva dans le monde des créatures vivantes et qui cultive les pouvoirs subjectifs de Prakriti, le mental et les cinq sens. Quand le Seigneur revêt ce corps, Il y apporte avec Lui le mental et les sens, et en Son départ aussi, Il S'en va les emportant, comme le vent emporte d'un vase les parfums. L'oreille, l'œil, le toucher, le goût et l'odorat, Il les emploie et aussi le mental et jouit des objets du mental et des sens, Lui, l'Ame qui habite au dedans et au-dessus. Ceux qui sont dans l'erreur ne Le perçoivent pas en Sa venue, ni en Son départ, ni en Son séjour et Sa jouissance et Sa qualité assumée ; ceux-là Le perçoivent qui ont l'œil de la Connaissance. » 

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« La lumière du soleil qui illumine tout ce monde, ce qui est dans la lune et dans le feu, cette lumière, sache qu’elle vient de Moi. Je suis enté en cette forme de terre et Je soutiens par Ma puissance ces multitudes. Je suis la Divinité Soma qui par le rasa, nourrit toutes les plantes et tous les arbres. Devenu flamme de vie, Je soutiens le corps physique des créatures vivantes, et, uni avec prâna et apâna, Je digère les quatre sortes de nourriture. »

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CHAPITRE   18

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« Avec en toute chose une compréhension sans attachement, avec une âme souveraine d’elle-même et vide de désir, l’homme atteint par la renonciation à la perfection suprême de naishkarmya. Comment, parvenu à cette perfection, on parvient au Brahman, entends-le de Moi ô fils de Kunti, ce qui est l’ordre suprême, condensé de la Connaissance. Unifiant l’intelligence purifiée avec la pure substance spirituelle en lui, maîtrisant l’être entier par une volonté ferme et stable, ayant renoncé au son et aux autres objets des sens, se retirant de toute affection et de toute aversion, recouvrant à l’impersonnelle solitude, sobre, ayant maîtrisé la parole, le corps et le mental, constamment uni par la méditation avec son moi le plus profond, renonçant complétement au désir et à l’attachement, rejetant égoïsme, violence, arrogance, désir, courroux, sens et instinct de possession, délivré de tout sens de « moi » et de « mien », calme et lumineusement impassible – un tel homme est prêt pour devenir le Brahman. Quand un homme est devenu le Brahman, quand dans la sérénité du moi, il ne s'afflige ni ne désire, quand il est égal envers tous les êtres, alors il obtient le suprême amour et la dévotion pour Moi. Par la dévotion il en vient à Me connaître, à connaître qui Je suis et combien Je suis et en la réalité entière et en tous les principes de Mon être ; M'ayant ainsi connu, il entre en Cela (le Purushottama). Et s'il fait ainsi toutes les actions en demeurant toujours logé en Moi, il atteint par Ma grâce la condition éternelle et impérissable. »

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« Te vouant entièrement à Moi, abandonnant consciemment toutes tes actions à Moi, recouvrant au Yoga de la volonté et de l'intelligence, sois toujours en ton cœur et ta conscience Un avec Moi. Si, en tous temps, tu es Un avec Moi en ton cœur et ta conscience, alors, par Ma grâce, tu les franchiras sauf, tous les passages difficiles et périlleux ; mais si, à cause de ton égoïsme, tu n'entends pas, tu tomberas dans la perdition. »

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« Le Seigneur se tient au cœur de toutes les existences, ô Arjuna et Il les fait tourner et tourner montées sur une machine par le moyen de Sa Mâyâ. En Lui prends refuge, en toutes les voies de ton être et par Sa grâce tu parviendras à la Paix suprême et à la condition éternelle. Ainsi t'ai-Je exposé une connaissance plus secrète que celle-là même qui est cachée ; ayant pleinement réfléchi sur elle, agis comme tu le voudras. Et maintenant entends la parole suprême, la parole la plus secrète, que Je vais te dire ; tu es Mon bien-aimé intimement ; c'est pourquoi Je parlerai pour ton bien. Emplis de Moi ta pensée, deviens Mon amant et Mon adorateur, sacrifie à Moi, sois prosterné devant Moi, à Moi tu viendras, c'est l'assurance que Je te fais, car tu M'es cher. Abandonne tous les dharmas et prends refuge en Moi seul, Je te délivrerai de tout péché et de tout mal, ne t'afflige point. Cela, jamais tu ne devras le dire à ce qui est sans ascèse, à qui est sans dévotion, à qui ne se voue à servir ; ni non plus à qui Me méprise et Me rabaisse. Celui qui, avec la plus haute dévotion pour Moi, proclamera parmi Mes dévots ce secret suprême, sans aucun doute il viendra à Moi. »

Le Chant du Bienheureux Seigneur

Le Chant du Bienheureux Seigneur

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Le Yoga tibétain

Le Yoga tibétain

LE YOGA DU GRAND SYMBOLE (extraits) "Le Yoga du Grand Symbole" est un des textes fondamentaux de la tradition bouddhiste tibétaine.  (traduction du Lâma Kasi Dawa Samdup - Librairie d’Amérique et d’Orient – Adrien Maisonneuve éditeur)

     

LES SEPT POSTURES CORPORELLES

 

- Ensuite, ainsi qu'il a été écrit dans « La réalisation de Vairocana » :

" Redresser le corps et prendre la pose du dorje. La concentration de l'esprit sur un point unique est (le Sentier qui conduit vers) le Grand Symbole".

- (Donc) placer les pieds dans la posture du Bouddha.

- Placer les mains en ligne droite au dessus du nombril.

- Redresser la colonne vertébrale. Développer le diaphragme. Courber le cou en forme de crochet, le menton reposant contre l'oesophage. Appuyer la langue contre le palais.

- L'esprit est ordinairement contrôlé par les sens. C'est principalement la vue qui exerce ce contrôle. (Donc) sans cligner les yeux ni les bouger, concentrer le regard à une distance d'environ cinq pieds et demi, 1m65.

- Celles-ci (les sept postures décrites) sont appelées les sept Méthodes de Vairocana. Elles constituent la quintuple méthode d'induire en méditation par les moyens physiques.

 

LES EFFETS DES SEPT POSTURES CORPORELLES

 

- La position des jambes croisées régularise l'aspiration. La position d'équilibre égalise la chaleur vitale du corps. Le redressement de la colonne vertébrale en même temps que l'élévation du diaphragme régularise le fluide nerveux qui imprègne tout le corps. La flexion du cou régularise l'expiration. Placer la langue contre le palais en même temps que l'on centre le regard fait entrer la force vitale dans le nerf médian.

- Les cinq souffles ayant été ainsi amenés à entrer dans le nerf médian, les autres souffles contrôlent les fonctions, y entrent également et ainsi commence à luire la Sagesse de Non Cognition connue autrement comme la tranquillité du corps, l'immobilité du corps, ou le corps s'établissant dans son état naturel.

 

LA TRANQUILITE DE LA PAROLE

 

- L'observance du silence, après avoir rejeté le souffle mort (l'expiration) est appelé la tranquillité ou immobilité de la parole, ou la parole demeurant dans son état naturel.

- Ne pense pas au passé. Ne pense pas au futur. Ne pense pas que tu es actuellement engagé dans une méditation. Ne considère pas le Vide comme étant le néant.

- A ce stage, ne cherche pas à analyser une des impressions ressenties par les cinq sens en disant : "Cela est, cela n'est pas". Au moins pendant un petit peu de temps, pratique une méditation ininterrompue gardant le corps aussi calme que celui d'un enfant qui dort, et l'esprit dans son état naturel (libre de tout processus de pensée).

 

LA TRANQUILITE DE L'ESPRIT

 

- Il a été dit : " En s'abstenant de toute formation de pensée et de visualisations mentales. En maintenant le calme du corps comme celui d'un enfant qui dort. En s'efforçant humblement et avec zèle de suivre les enseignements autorisés du guru, s'élèvera, sans doute, "l'état Né Simultanément ".

- Tipola a dit : "N'imagine rien, ne pense pas, n'analyse pas, ne médite pas, ne réfléchis pas : Garde l'esprit dans son état naturel ".

- Le Maître des Doctrines, l'adolescent clair comme le rayon de lune a dit : " L'attention sans distraction est le sentier suivi par tous les Bouddhas ".

- Ceci est ce qui est appelé tranquillité mentale, immobilité de l'esprit, ou esprit demeurant dans son état naturel.

      

LA CONCENTRATION SUR LA RECITATION DU DORJE

 

- Le premier procédé en empoyant la récitation dorje est celui-ci : Pendant que l'on maintient la tranquilité corporelle et mentale, on doit concentrer l'esprit sur chaque inspiration et expiration du souffle à l'exclusion de toute autre chose. On doit compter (tout bas) de un et deux jusqu'à vingt et un mille six cents respirations. Ceci permettra d'atteindre l'habilité dans la connaissance du nombre d'expirations et d'inspirations (par jour).

- Ensuite noter quand commence l'inspiration (tant de secondes après l'expiration) et de quelle façon le souffle pénètre. Considérer si le souffle pénètre dans plus d'une partie du corps. - En vertu de ces pratiques, l'esprit suit l'entrée et la sortie du souffle (et devient comme la respiration rythmiquement harmonisée). Ainsi est-on bien averti de la nature et du processus de la respiration. - Alors gardant l'esprit concentré sur le processus de respiration, observer comment la respiration passe depuis la pointe du nez (par l'ouverture des narines) au fond des poumons, comment elle débute (ou commence à pénétrer) et combien de temps elle est tenue en rétention (avant d'être expirée).

- En pratiquant ainsi, on arrive à connaître telles qu'elles sont réellement les couleurs, la durée et la période de rétention de chaque temps de respiration.

- Alors, par l'observation de la condition des cinq éléments fondamentaux (du corps, qui sont : terre, eau, feu, air et éther) chacun par lui-même et sans être du nombre des inspirations et expirations doit être noté.

- Puis, en visualisant chaque expiration comme étant la syllabe AUM (ou OM) de couleur blanche, et chaque inspiration comme étant la syllabe HUM de couleur bleue, et la période de rétention (de la respiation) comme étant la syllabe AH de couleur rouge, on arrive à connaître (intuitivement et sans processus mental) le temps demandé par chaque partie du processus de respiration.

 

LA CONCENTRATION EN FORME DE CUVE

 

- Ensuite en employant l'attitude de cuve, le procédé est d'expulser complètement l'air de l'intérieur du corps en faisant un effort en trois temps pour l'expulser. Inspirer doucement l'air extérieur par les narines. Amener dans la forme de cuve l'air inhalé et le retenir là aussi longtemps que possible.

- En vertu de ces pratiques, cette chose appelée l'esprit - si difficile à contrôler,  à cause de son incapacité normale de fonctionner  en dehors du processus de respiration qui est cause de ses élans constants d'une pensée à l'autre - se discipline et se libère de cette dépendance avec la respiration.

 

L'INHIBITION DU PROCESSUS DE PENSEE

 

- Couper la racine d'une pensée au moment même où elle s'élève comme l'éclair, se pratique ainsi : en méditant de la manière indiquée plus haut, on trouve ceci : à cause de l'esprit, qui répond aux stimuli, les pensées foisonnent continuellement. Sachant que la naissance même d'une seule idée doit être prévenue, l'on doit tâcher d'inhiber cette production continuelle de pensées en exerçant la vigilance mentale. Ainsi, aussitôt qu'une pensée se manifeste, essayer de couper ses racines et ses ramifications et continuer à méditer.

- En prolongeant durant la méditation la période de temps pendant lequel on fait effort pour prévenir la parution des pensées, on devient finalement conscient de pensées se suivant sur les talons les unes des autres et si nombreuses que leur file paraît interminable. Ceci est la connaissance des pensées qui équivaut à la connaissance de l'ennemi.

Ceci est appelé "la première halte", le premier stage où l'esprit atteint la quiétude mentale : et le yogin alors regarde sans perturbation mentale le flot interminable des pensées, comme s'il était tranquillement au repos sur le bord d'une rivière regardant s'écouler le flot.

- Une fois que l'esprit a atteint cet état tranquille, même pendant le plus bref des moments, il comprend la production et la cessation des pensées. Cette compréhension donne l'impression que les pensées deviennent de plus en plus nombreuses, mais en réalité les pensées naissent toujours et il n'y a ni augmentation ni diminution de leur nombre. Les pensées naissent instantanément, ce qui est à part d'elles et capable d'arrêter immédiatement leur production est la Réalité.

 

LA NON-REACTION DES PENSEES

 

- Pour la deuxième méthode, ne pas laisser prendre forme à quelque concept ou l'idée qui paraît, le procédé est de rester indifférent à la pensée, la laissant aller comme elle veut sans tomber sous son influence, ni essayer de l'arrêter. Laisser l'esprit agir comme son propre berger et continuer à méditer. Par cela les pensées cesseront de s'élever et l'esprit atteindra l'état de tranquilité passive et de concentration sur un point unique.

- Les pensées peuvent aussi se mouvoir comme un météore (zébrant les cieux d'un trait instantané et ininterrompu).

- En méditant comme il vient d'être dit la durée de l'état de quiétude est prolongé. Ceci est appelé "l'état moyen de quiétude " et assimilé (dans son imperturbable  tranquilité) à une calme rivière qui s'écoule.

- Cette pratique de garder l'esprit dans cette condition de relâchement précipite le sédiment dans l'esprit.

- Le Maître de la Doctrine a dit : " Si l'esprit est détendu, il atteint la tranquilité ; Si l'eau n'est pas agitée, elle devient claire ".

- Et le grand Maître des yogins (Milarepa) a dit : " Quand l'esprit est laissé dans sa condition primordiale, non modifiée, le Savoir luit ; Quand cette condition est maintenue, comparable dans son calme au flot égal d'une rivière paisible, le Savoir est atteint dans sa plénitude. Abandonne entièrement la direction et la formation des pensées ; Maintien sans cesse la quiétude de l'esprit yogin ".

- Le grand Saraha a résumé l'essence de ces enseignements concernants ce double procédé qui est lié à la méditation dans les vers suivants : " Lorsqu'il est limité (tendu) l'esprit cherche à errer dans chacune des dix directions ; Lorsqu'il est libéré il demeure ferme et immobile. Je suis arrivé à comprendre qu'il est une chose aussi entêtée qu'un chameau de trait ".

      

L'ETAT FINAL DE QUIETUDE

 

- Cette (condition) a été désignée comme l'état final de quiétude et comparée (dans son calme) à un océan sans vagues.

- Malgré qu'il existe dans cette quiétude une connaissance du mouvement (mental des pensées qui paraissent et disparaissent) l'esprit ayant atteint cependant sa propre condition de repos ou de calme et étant indifférent au mouvement, cet état est appelé : "L'etat où disparaît la séparation entre le mouvement et le repos".

- Par cela on réalise la concentration de l'esprit sur un point unique.

- Ce qui connaît le "Mouvant" et "l'Immobile" (ou le mouvement et le repos comme un et inséparables) est appelé, lorsque cela est justement compris, "La sagesse de toute discrimination ou l'Intelligence supra-mondiale".

- Ainsi que le dit le Sûtra Elégant : "L'état maintenant atteint, par la vertue de l'entraînement excellent acquis par le corps et l'esprit dans ces pratiques, est appelé "Le stade de la Réflexion et de l'Analyse".

     

L'ANALYSE DU "MOUVANT" ET DE "L'IMMOBILE"

 

- Dans la première pratique, l'analyse du "Mouvant" et de "l'Immobile", le processus analytique suivant est nécessaire : - Avec l'intelligence de la Sagesse-de-toute-discrimination, née de l'état calme de non-connaissance (ou de l'indifférence à la naissance et la disparition des pensées) on observe : Ce qu'est la nature de "l'Immobile" (ou esprit) quand il est sans mouvement. Comment il demeure immobile. Comment il se meut de l'état d'immobilité ; Quand il se meut, s'il maintient le calme de son immobilité ;

S'il se meut le moindre moment alors qu'il maintient son état d'immobilité ; Si le "Mouvant" est autre que "l'Immobile" ; Quelle est la la nature réelle du "Mouvant" (ou pensée) ; et finalement : Comment le "Mouvant" devient "l'Immobile".

- L'on vient à savoir que, pas plus que le "Mouvant" n'est autre que "l'Immobile", "l'Immobile n'est autre que le "Mouvant".

- Si la nature rélle du "Mouvant" et de "l'Immobile" n'est pas découverte par ces analyses, l'on doit observer : Si l'intelligence qui observe est autre que le "Mouvant" et "l'Immobile" ; Ou si elle est le "Mouvant" et "l'Immobile" elle-même :

- Par l'analyse au regard de l'intelligence connaissant par elle-même, on ne découvre rien : l'observateur et la chose observée sont reconnus inséparables.

- Et parce que la nature réelle de cette inséparabilité ne peut être connue, le stade ainsi atteint est appelé : "Le but au-delà de l'esprit". Il est également appelé : "Le but au-delà de toutes théories".

- Le Seigneur des Conquérants a dit : "Les buts créés par l'esprit, si nobles soient-ils, finissent en désillusion ; Et "Cela" qui dépasse l'esprit ne peut être appelé un but ; A jamais inséparable de la chose qui voit est la chose qui est vue ; C'est par la bienveillance direction du Guru que le disciple peut glaner cette vérité".

 

LA REALISATION DE LA CONSCIENCE SUPRA-MONDIALE

 

- La seconde des pratiques : la réalisation de la Conscience supra-mondiale, est celle-ci : Quelles que soient les pensées, les concepts et les passions obscurcissantes (ou dérangeantes) qui s'élèvent, on ne doit ni les abandonner ni se soumettre à leur contrôle : on doit leur permettre de s'élever sans que l'on essaye de les diriger (ou les formuler). Si l'on ne fait que simplement les reconnaître quand ils naissent et si l'on persiste dans cela, on arrivera à les réaliser dans leur vraie forme (vide) puisqu'on ne les a pas abandonnés.

- Par cette méthode toutes choses qui peuvent sembler être des obstacles au commencement spirituel peuvent être utilisées comme des aides sur le Sentier. Et pour cela, cette méthode est appelée "l'utilisation des obstacles comme aide sur le Sentier".

- Cet art d'atteindre la Libération, par la simple reconnaissance des pensées, grâce auquel on acquiert la compréhension de la nature inséparable de celui qui abandonne (l'esprit) et de la chose qui doit être abandonnée (la pensée), est appelée "L'Essence de la Pratique du Sentier Sublime" ou "La méthode de méditation à rebours".

- Après avoir atteint la Libération vient une compassion infinie pour tous les êtres animés qui n'ont point encore reconnu la véritable nature de leur propre esprit.

- Bien que l'on doive dévouer tout son temps à la pratique du don mental de son corps, sa parole et son esprit pour le bien de tous les êtres animés, la croyance dans la réalité des choses ayant été corrigées en vertu du processus intellectuel décrit, l'on ne peut recevoir de mauvaise influence (de ce don apparemment égoiste) comme l'on ne peut être affecté dangereusement en prenant du poison devenu inoffensif.

- En considération de cette sorte de pratique (apparemment égoiste) une prière a été composée dont voici le premier vers : "Quoiqu'il apparaisse sur le Sentier puissè-je ni ne l'abandonner, ni ne l'adopter".

     

 LA REALISATION DE LA REALITE

 

- Comme résultat de ces méditations, tout attachement à la croyance à la réalité des choses est rejeté, et toute chose apparaît illusoire comme des phantasmagories produitent par magie.

- Ceci étant, il a été dit : "En face de moi et derrière moi et dans les dix directions, où que je regarde je ne vois que Cela même ; Aujourd'hui, O protecteur (ou Guru) l'illusion a été brisée. Désormais je ne demanderai rien de personne".

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LA MEDITATION SUR LE SOMMEIL ET LES REVES

 

- De ces trois pratiques, la première, la reconnaissance de tous les phénomènes comme étant l'esprit, par le moyen de la similitude du sommeil et des rêves, se fait d'après les méditations suivantes :

Quelle que soit la chose qui est vue durant le sommeil, elle n'est pas une chose séparée de l'esprit. De même, tous les phénomènes de l'état de veille ne sont que le contenu du rêve du sommeil de l'ignorance obscurcissante. En dehors de l'esprit (qui leur donne une existence illusoire) ils n'ont pas d'existence.

- En permettant à l'esprit détendu de se reposer sur n'importe quelle idée (ou visions) qui s'élève, tous les phénomènes externes et son propre esprit (avec tous phénomènes internes) sont réalisés comme étant inséparables les uns des autres, et sont transmués dans l'Unité.

   
LA MEDITATION SUR L'EAU ET LA GLACE

 

- La seconde pratique, l'identification des phénomènes comme noumènes par le moyen de la similitude de l'eau et de la glace, se fait d'après la méditation suivante : Puisque tous les phénomènes (ou les choses apparaissant phénoménalement) qui s'élèvent ne présentent aucune réalité en eux-mêmes, ils sont dits être de l'ordre des noumènes. Bien qu'ils soient sans forme, ils donnent formes à toutes choses. Ainsi se fait-il que les phénomènes et les noumènes sont toujours en union et dits être d'une seule nature. Ils sont par exemple comme la glace et l'eau (deux aspects d'une seule chose).

- Par ce moyen l'on arrive à savoir que les trois dualités : le Bonheur et le Vide, la Claire Lumière et le Vide, la Sagesse et le Vide sont des Unités et ceci est appelé "La Réalisation de l'Unité de toutes les Expériences Spirituelles".

- Il a été dit : "Si l'on a compris complètement que toutes choses sont Cela même, personne ne découvrira autre chose que l'identité de Cela même, Ce qui est lu est Cela même, Ce dont on se remémore est Cela même, et ce qui est médité est également Cela même".

 

LA MEDITATION SUR L'EAU ET LES VAGUES

 

- Le troisième procédé pour transmuer toutes choses en un état commun unique d'union par le moyen de la similitude de l'eau et des vagues, se fait d'après la méditation suivante : Ainsi que les vagues sont produitent par l'eau elle-même, ainsi de la même manière doit-il être compris comment toutes choses sont le produit de l'esprit qui, dans sa propre nature, est le Vide.

- Saraha a dit : " Puisque toutes choses sont nées de l'esprit, donc l'esprit lui-même est le Guru ". - Cet enseignement est appelé "La Vérité Unique qui baigne le Royaume de la Vérité" et est ainsi connu comme l'Unité se manifestant dans le multiple. Le yogin qui est arrivé à cette maîtrise réalise le Vide dans tout état (de conscience) comme étant le fruit du Savoir.

 

LA SECONDE DES PRATIQUES EXTRAORDINAIRE :

LE YOGA DE LA NON-MEDITATION

 

- Ensuite vient la pratique du Yoga de non-méditation par lequel toutes choses sont transmuées dans le Dharma-Kâya (ou Corps de Vérité) par l'Esprit immaculé né simultanément (ou Grand Symbole).

Quand l'ignorance qui devait être surmontée a été dispersée, l'effort de surmonter se termine ; le Sentier vient à sa fin et le Voyage est accompli. Le Voyage se terminant, il n'y a plus de régions à explorer au-delà de la fin du Sentier, et l'on obtient le suprême don du Grand Symbole, l'état sans demeure du Nirvâna.

 

LE  RESUME  DES  ENSEIGNEMENTS

 

- Dans les versions complètes de la Transmutation (Naropa cite ainsi son illustre Guru Tilopa) : "Salut à tous. Ceci est la Sagesse de l'Intelligence de Celui qui se connaît lui-même ; Ce ne peut être décrit par la parole et ce n'est pas un objet de l'esprit. Moi, Tilopa, je n'ai (au-delà de ceci) rien à révéler. Agis de façon à te connaître toi-même, au moyen de symboles dans ton propre esprit. Sans imaginer, sans délibérer, sans analyser, sans méditer, sans faire d'introspection ; gardant l'esprit dans son état naturel". Ici, dans ces vers, est contenue l'essence de tout ce qui a été dit avant. Ici se termine la seconde partie : l'essentiel du sujet traité.

     

 

 

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le secret des Siddhas

le secret des Siddhas

1 -

Les Shiva sûtras font partis des textes révélés du Shivaïsme du Cachemire. C’est le sage Vasuguptacharya qui les retransmit au IXe siècle. (commentaires de Swâmi Muktananda)

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(1/1) - L'Atman est Pure Conscience.

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« L'Atman est ce qui se révèle Lui-même et qui révèle tout ce qui existe dans l'univers. Il est totalement libre dans ses actions et ses perceptions : son essence profonde est la Conscience. De tout temps, en tous lieux et en toutes circonstances, l'Atman est toujours le même. Partout Il entend, Il voit, saisit, marche, donne et prend uniquement grâce à la Conscience. Il existe en tout et Il est cependant différent de tout. Il se trouve en chacun mais n'est l'ami de personne. Il vit dans la plus grande des libertés et sature l'univers de Conscience. Il est la Conscience. [...] La nature même de la Conscience est de se déployer et c'est la raison pour laquelle l'univers est appelé l'expansion extérieure de la Conscience. Comme d'innombrables étincelles jaillissent d'un brasier et y retombent librement, d'innombrables univers se créent et se fondent dans l'Atman. Au cœur de l'apparition et de la disparition des mondes, l'Atman reste toujours serein et immuable. Il est la félicité parfaite, Celui qui se trouve en tout ; Il est Pure Conscience […] »

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(1/2) - La connaissance (extérieure) est servitude.

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« Aussi étrange que cela puisse paraître, cet aphorisme est parfaitement vrai. Nos états intérieurs - repli sur soi ou épanouissement, joie ou peine, anxiété ou ignorance - ne sont que des réactions aux stimuli appropriés. La connaissance du monde extérieur est la source de tous les tourments, quand elle s'infiltre si profondément dans l'individu, qu'il finit par s'identifier à elle. [...] Quand nous nous identifions à notre corps, à notre condition et à nos titres, alors l'orgueil de la famille, de la caste et de la personnalité éclipse notre nature intérieure et c'est la servitude. Nos conceptions du péché et de la vertu, notre identification aux corps physique et subtil nous éloignent de notre vrai Soi. Passer sa vie sans s'intéresser au Soi, et prendre son ignorance pour du savoir n'est qu'esclavage ; c'est la cause de tous nos maux. […] »

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(1/5) - L'effort lui-même est Bhairava.

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« S'efforcer de rester constamment absorbé dans la réalisation du Soi intérieur dès qu'on a découvert la nature de la Réalité suprême - voilà en quoi consiste le véritable effort. [...] On s'établit fermement dans le Soi en comprenant que toutes les pensées qui jaillissent de l'intérieur et se manifestent au travers des mots ne sont que des vibrations de Parashakti. »

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(1/7) - On peut expérimenter la béatitude de turiya (le quatrième état ou état transcendantal) dans les trois autres états - veille, rêve et sommeil profond.

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« […] Dans turiya, on goûte à la plus haute félicité. Mais le véritable jnâni goûte également à l'extase du Samâdhi, la joie de la manifestation, dans l'état de veille : il voit le monde entier comme l'expansion de la même Citi. Il sait, pour en avoir eu l'expérience directe, que dans tous les états, qu'ils naissent l'un de l'autre ou se fondent l'un dans l'autre, le Soi-témoin reste toujours pur, indifférencié, inaffecté, inchangé, sans naissance ni repos. Parfait dans sa méditation et béni par son Guru, un tel jnâni jouit perpétuellement de la même béatitude de turiya quel que soit l'état dans lequel il se trouve - veille, rêve ou sommeil profond. Il éprouve bien sûr une paix immense en méditation mais il reste également libre de toute inquiétude en se plongeant dans les affaires du monde, car il goûte continuellement cette félicité qui est en lui. L'univers entier est en lui et il n'y a rien à quoi il puisse renoncer, rien qu'il puisse acquérir par la méditation. […] »

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(1/8) - La Connaissance est l'Eveil.

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« Celui dont la Kundalini est endormie est enveloppé de ténèbres. Il n'est pas véritablement éveillé, éveillé au Soi intérieur. Même en menant une vie très active et parfaitement organisée, il est endormi car il n'est pas conscient du magnifique royaume de Citi qui se trouve dans son cœur, ni de la vraie nature du monde extérieur. […]  Est véritablement éveillé celui qui a évolué de sa condition limitée à la liberté, de son ignorance à la Connaissance, et qui a banni à jamais de son esprit la distinction illusoire entre matière et Conscience. Il est submergé par la béatitude de la réalisation de l'unité. Pour lui, il n'y a plus ni un, ni deux, ni mille ; ni matière ni Conscience ; ni commencement ni fin ; ni jiva, ni Shiva ; ni dieux, ni déesses. Noms et formes se dissolvent dans l'océan de la Conscience et il devient lui-même Conscience. Il transcende l'action et le devenir. Il est Shiva l’Etre le plus pur. C’est l’éveil de la Connaissance qu’accorde la grâce du Guru. […] »

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(1/11) - Shiva, le Seigneur Suprême, est celui qui fait l'expérience des trois états.

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« […] Le Soi est le témoin de ces états et comme témoin, Il y goûte sans subir la moindre altération. Il est assurément Parashiva, le Seigneur Suprême. Dans l'état de veille Il agit dans le corps physique et expérimente les objets matériels au travers des cinq organes de perception, des cinq organes d'action, des cinq formes de prâna et des quatre instruments psychiques. Il expérimente également le monde subtil du rêve et dans le sommeil profond, l'oubli sans rêves empli de joie : ce Soi n'est autre que Parashiva. Parashiva est véritablement celui qui fait l’expérience des différents états. [...] Percevant et perçu sont deux aspects de la même Conscience. La véritable relation entre les sens et leurs objets a été décrite par un poète qui dit que les sens perçoivent leurs objets respectifs, en jouissent et agissent sur eux. Shiva est l'expérience et Shiva est l'expérimenté : une telle compréhension établit dans la Conscience de l'Unité. Celui qui se plonge dans le Soi intérieur, riche de cette connaissance et l'esprit en paix devient Dieu. »

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(1/13) - Le pouvoir de volonté est la jeune Uma.

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« […] Le Siddha est celui qui en s'immergeant dans la Volonté Divine, est devenu totalement libre, qui vit et agit sans la moindre contrainte. Pour ce Maître du Yoga qui peut appréhender n'importe quel domaine sans aucune difficulté, il n'est rien qui ne soit son propre Soi. Sa volonté est aussi la jeune Uma et Elle est réellement l'univers entier. »

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(1/16) - On atteint le pouvoir divin en réalisant l'Etre pur.

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« […] Jnaneshwar dit dans le Jnaneshwari, que seul le sage peut voir l'argile dans la poterie sans avoir à réduire celle-ci en poussière ; de même, le Soi est réalisé sans qu'il soit nécessaire de rejeter le monde ou de le fuir : c'est la réalisation de l'Etre pur grâce à laquelle on devient le Maître suprême, le Seigneur. Celui qui veut méditer sur l'Etre pur devrait méditer sur Parashiva qui sature tout de façon égale, l'intérieur comme l'extérieur. Qu'il médite sur l'univers extérieur, en considérant dans celui-ci la moindre particule, animée ou inanimée, comme Pure Conscience – car la Conscience qui resplendit dans son cœur, mais aussi son corps et ses sens, sont l’unique et même Chiti. [...] S'il pouvait considérer la multitude d'images qui naissent continuellement de son esprit comme rien d'autre que des créations de l'esprit, alors il serait libre. Comme l'univers fait de Conscience est Pure Conscience, que des poteries d'argile ne sont que de l'argile et que les bijoux d'or restent toujours de l'or, cette fantasmagorie de pensées et d'imaginations innombrables n'est autre que l'esprit ; et l'esprit est une vibration de Chiti. Il trouvera la paix dans cette juste vision des choses. […] »

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(1/17) - Vitarka est la connaissance de l'Etre pur.

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« […] Le Seigneur originel, le premier Guru, nomme vitarka « la perception de l'Unité fondamentale des multiples formes apparentes qui constituent le monde ». Le corps, le prâna et les sens peuvent sembler différents les uns des autres, mais en fait, ils sont Un avec la Conscience. Dieu est dans l'univers à la fois krama et akrama ; on devrait toujours se le rappeler. Krama est Dieu en tant qu'univers organisé et systématique des formes. Akrama est Dieu qui pénètre toute chose, de façon égale, partout, sans subir aucun changement. Parashiva, le Seigneur Suprême, assume donc d'innombrables formes et manifestations en suivant une évolution (krama), tout en conservant son aspect qui ne connaît ni hiérarchie ni évolution (akrama). En essence, Il reste toujours Le même, totalement et éternellement parfait. Vitarka est la perfection dans la compréhension, la prise de conscience : Je suis le Suprême Shiva, l’Unique, le Soi de tout. »

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(1/18) - La béatitude de loka est la béatitude du Samâdhi.

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« Loka (le monde) comprend à la fois le sujet et l'objet, l'observateur et l'observé, c'est-à-dire le sujet qui perçoit et l'objet perçu au travers des sens intérieurs et extérieurs. Conscient de la relation dans le temps entre le connaissant et le connu, le yogin en vient à réaliser, par le Yoga de la Connaissance, que l'observateur est l'observé et l'observé l'observateur. [...] Un tel homme n'a pas à se retirer dans une grotte ou une forêt perdue, pas plus qu'il n'a à se contraindre à garder les yeux fermés ou à retenir son souffle pour passer en Samâdhi inerte. Quoiqu'il fasse - qu'i mange ou boive, dorme ou veille, joue ou parle, qu'il goûte aux plaisirs des sens ou qu'il médite - il est toujours en état de Samâdhi naturel. Il vit dans une joie perpétuelle et spontanée. C'est la félicité de loka, l'extase du Samâdhi. »

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(1/21) - Quand la Connaissance Pure se révèle, on acquiert la maîtrise de tous les pouvoirs cosmiques.

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« L'homme qui a atteint la Connaissance Pure comprend que son essence profonde, Shakti, agit volontairement et librement et qu'il est Lui-même Parashiva. Il rejette l'illusion : « Je ne suis pas Shiva ». Dans cet état qui transcende l'esprit, sa vraie nature se révèle totalement. L'état de Shiva ou l'état Divin est la conscience parfaite du Soi intérieur et la réalisation d'être soi-même Shiva, l'Origine suprême, dans toute sa plénitude. Le Siddha se trouve dans cet état : il est au-delà de tout phénomène, fermement établi dans sa condition transcendante. La naissance, la mort, la pauvreté et la souffrance ne peuvent plus le toucher. Il s'est uni à jamais à Parashiva qui demeure dans les étendues infinies du Sahasrar. »

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(1/22) - On réalise la puissance du mantra dans la découverte de l'Océan Merveilleux.

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« [...] Parashakti reste toujours pure et détachée, bien qu'Elle reflète l'univers entier en Elle-même, comme un miroir reflète une image. Elle se manifeste partout mais son mystère est extrêmement difficile à percer. On l'appelle aussi l'Océan Merveilleux aux abysses insondables. Comme un océan qui reste toujours parfaitement calme bien qu'il contienne des rochers, des plantes et des montagnes dans ses profondeurs, la Conscience reste totalement inaffectée bien qu'Elle contienne le cosmos. Celui qui avance sur la voie spirituelle conscient de cette vérité expérimente la puissance du mantra. Faire l'expérience directe de Parashakti et ainsi, avoir le cœur débordant de béatitude infinie - c'est réaliser le pouvoir du mantra. »

 

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le secret de la reconnaissance du coeur

le secret de la reconnaissance du coeur

"Le secret dela reconnaissance du coeur" (Pratyabhijnâhrdayam) est l'oeuvre de Kshemarâja, sage indien du Xème siècle, disciple d'Abhinavagupta, grand Maître en Yoga, Tantra, poétique et en dramaturgie. Ce texte fait partie du courant mystique et philosophique du "Shivaïsme du Cachemire". (traduction Jaideva Singh, Bernard Dubant – Guy Trédaniel éditeur)   

  .     

"OM ; je me prosterne devant le Suprême Shiva qui exécute constamment le jeu des cinq fonctions cosmiques : création, maintien, dissolution, dissimulation et grâce.  Il révèle continuellement la vraie nature de la Réalité transcendante : Il est Conscience et Béatitude."

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1 - La Citi (Conscience absolue - Pouvoir universel), de sa propre volonté libre, est la cause de la siddhi (manifestation) de l'univers.

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2 - Par le pouvoir de sa seule volonté, Elle (Citi) déploie l'univers sur son propre écran (c'est à-dire en elle-même en tant que fondement de l'univers).

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3 - Cela (c'est à dire l'univers) est multiple à cause de la différenciation en objets et en  sujets qui s'adaptent réciproquement.

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4 – L'expérimentateur (individuel) aussi, dans lequel Citi ou la conscience est contractée, a l'univers (en tant que son corps) sous une forme contractée.

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5 - Citi (Conscience universelle) elle-même descendant de (l'état de) Cetana (l'état de Conscience non-contractée), devient citta (conscience individuelle), dans la mesure où elle devient contractée en conformité avec les objets de conscience.

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6 - Le mâyâ-pramâtrâ (le soi empirique gouverné par mâyâ) consiste en cela (c'est à dire en citta).

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7 – Et bien qu'il soit Un, il devient double, triple, quadruple et de la nature de sept pentades (les trente-cinq tattvas au-dessous de Shiva).

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8 - Les positions des différents systèmes philosophiques, sont seulement des rôles divers de cela (la Conscience ou Soi).

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9 - En conséquence de sa limitation de Sakti (énergie), la Réalité qui est toute Conscience, devient le samsârin (être transmigratoire) recouvert par les malas (ignorance-limitation).

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10 - Même dans cette condition (du soi empirique), il (l'individu) accomplit les cinq kriyas (actions) comme Lui (Shiva).

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11 – Création, maintien, dissolution, dissimulation et révélation.

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12 - Etre un sâmsarin signifie être illusionné par ses propres pouvoirs à cause de l'ignorance de cela (qu'il est l'auteur de l'Acte quintuple.).

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13 - Acquérant la pleine connaissance de ceci (c'est-à-dire d'être l'auteur de l’Acte quintuple), citta Lui-même devient Citi en s'élevant au statut de Cetana.

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14 - Le feu de Citi, même quand il descend à l'étape inférieure, bien qu'il soit recouvert (par mâyâ) brûle partiellement le combustible des objets connus.

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15 – En acquérant le pouvoir inhérent de Citi, lui, l'aspirant assimile l'univers à Lui-même.

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16 - Quand la félicité de Cit est atteinte, il y a stabilité de la conscience de l'identité avec Cit Lui-même en ayant l'expérience du corps etc. Cet état est jîvanmukti (c'est à-dire libération même en étant vivant).

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17 - Par le déploiement du Centre (Madhya), vient l'acquisition de la félicité de Cit.

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18 – Ici (c'est à-dire pour le développement du Centre), les moyens sont : dissolution de vikalpa, sankoca et vikâsa de sakti , couper les vâhas, pratique (de la contemplation) du   koti (point) du commencement et de la fin.

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19 - En vyutthâna qui est plein des effets postérieurs du Samâdhi, il y a obtention du Samâdhi permanent, en demeurant dans son identité avec Cit (Conscience universelle) encore et encore.

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20 - Alors (c'est-à-dire à l'obtention de la krama-mudrâ), comme résultat de l'entrée dans une parfaite conscience de Je ou Soi qui est dans son essence Cit et Ananda (Conscience et Béatitude) et de la nature du grand pouvoir du mantra, est obtenue la seigneurie sur un groupe de divinités de la Conscience, qui suscitent toute l'émanation et la résorption de l'univers. Tout cela est de la nature de Shiva."

 

.Shiva et Parvati

 Shiva et Parvati

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la doctrine secrète de la déesse Tripura

la doctrine secrète de la déesse Tripura

 

 

"La doctrine secrète de la déesse Tripura" (section de la Connaissance) a été composée en sanskrit, peut-être au Bengale, par un certain Haritâyana, vraisemblablement entre le Xe et le XVe siècle de notre ère.(Traduction de Michel Hulin - Documents spirituels - Fayard éditeur) 

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CHAPITRE II

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« C’est ainsi que les hommes, dans leur désir d’atteindre ce qu’ils croient être leur bonheur, se laissent paralyser par le venin du « je dois ». Hélas, sous l’empire de l’aveuglement, ils ne font que courir à leur perte ! Mais toi, Râma, tu as la chance de viser consciemment la délivrance. La réflexion en effet, est à l’origine de tout. Sache qu’elle est la première marche de l’escalier qui monte vers le Bien suprême. Sans elle, qui donc pourrait obtenir un bien quelconque ? Le défaut de réflexion, c’est par excellence la mort : Les hommes périssent à cause de lui. Celui qui réfléchit l’emporte en toutes circonstances et obtient ce qu’il désire. »

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« La réflexion est la graine qui, en germant, produit l’arbre du bonheur. C’est elle qui exalte l’homme au-dessus de tous les êtres de la nature. C’est elle qui fait l’excellence de la création. »

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« Heureux et mille fois dignes de louange, ceux que la réflexion jamais n’abandonne ! Par manque de réflexion, on rencontre le « je dois » et on succombe à l’aveuglement. Grâce à la réflexion, on échappe à d’innombrables dangers. Ainsi le monde a-t-il été de tout temps en proie à l’irréflexion. Et celui qui manque de capacité de réflexion, comment pourrait-il accéder à une quelconque prise de conscience ? »

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CHAPITRE III

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« Ecoute, Râma, je vais te révéler la cause ultime du salut. C’est la fréquentation des saints qui, en dernière analyse, entraîne la destruction de toute douleur. On dit qu’elle est le germe à partir duquel s’obtient le fruit suprême. Toi-même, c’est pour être entré en contact avec ce saint, cette grande âme qu’est Samvarta que tu es tombé dans cet état de trouble d’où procédera finalement ton salut. Seuls les saints, en effet, ont accédé à la félicité suprême et en montrent le chemin. Qui donc, privé de leur contact, a jamais pu atteindre le Bien suprême ? Même en ce bas monde il en va ainsi : de la valeur des gens avec qui on s’associe dépend celle des résultats que l’on obtient. »

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CHAPITRE VI

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« Le manque de confiance dans les paroles de ceux qui savent est, en ce monde, l’un de nos pires ennemis. La foi protège ceux qui ont recours à elle, comme une tendre mère protège son fils des terreurs de l’enfance. Cela ne fait aucun doute. La fortune, la gloire, le bonheur abandonnent le sot qui n’a pas confiance dans les paroles de ceux qui savent : privé de foi, il est dénué de tout. La foi est l’ordonnatrice des mondes, la foi est la vie des êtres. Comment un enfant pourrait-il continuer à vivre en n’ayant pas confiance en sa mère ? »

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CHAPITRE VII

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« Comme un singe, l’esprit est toujours en mouvement. Cette agitation perpétuelle de l’esprit cause le plus grand tort aux hommes ordinaires. A vrai dire, elle est la cause de tous leurs maux. Et c’est justement parce qu’elle est absente dans le sommeil profond qu’on y éprouve de la joie. »

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« Le raisonnement indéfiniment poursuivi est destructeur, il convient de l’abandonner. Au contraire, si l’on s’appuie sur la saine raison, on obtiendra rapidement des résultats car on pourra alors se concentrer sur les moyens. »

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« C’est pourquoi chacun doit tout d’abord déterminer, à l’aide de la droite raison et de la foi, en quoi consiste pour lui-même le Bien. Ensuite, il convient de se concentrer sur les moyens de l’atteindre. »

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« Celui qui prend prétexte d’un échec occasionnel pour perdre toute confiance est un homme perdu, un ennemi de lui-même. Aussi doit-on, en s’armant d’un courage que viennent renforcer la foi et la saine raison, s’appliquer à mettre en œuvre les moyens qui permettent le mieux de parvenir au Bien. »

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« Abandonne donc toute ratiocination, tout calcul intéressé et prends refuge auprès de Lui ! Il te mettra alors en possession du Bien suprême. Ceci est la première marche de l’escalier qui mène à la Maison de la Paix. Si tu la dédaignes, tu n’obtiendras aucun bien, même minime. »

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« Les sages ne doivent diriger leur adoration que vers sa forme transcendante, dépourvue de parties. Mais celui qui en est incapable pourra se tourner vers la forme grossière qu’aura façonné son imagination. »

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CHAPITRE VIII

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« Un tel état ne peut être atteint en ce monde sans la grâce du Suprême Seigneur. Cette propension de l’esprit à la réflexion est le signe principal de la proximité de la délivrance. Aussi longtemps, ô Râma, que l’esprit ne s’est pas entièrement consacré à la réflexion il ne peut, en aucun cas, accéder au salut, même en usant de centaines de moyens divers. »

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« Lorsque quelqu’un se détourne des jouissances, c’est là le premier signe de la Grâce Divine. Le second est l’absorption de l’esprit dans la réflexion. »

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CHAPITRE IX

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« C’est avec un esprit entièrement purifié qu’il convient de réfléchir sur la nature du Soi. Il n’est rien de visible, rien d’exprimable. Comment pourrais-je te le décrire ? Cependant, une fois que tu auras connu ta propre nature, tu connaîtras aussi celle qui est ta mère. Cette essence qui est la tienne, personne ne peut te la désigner de l’extérieur. C’est à toi de la voir par toi-même, à l’aide de ton esprit préalablement purifié. »

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« Il (le Soi) est révélé à tous, depuis les dieux jusqu’aux animaux, mais ce n’est pas la lumière physique qui Le révèle. Partout et toujours manifeste pour chacun, il échappe à la pensée. Qui donc, en quel lieu, à quel moment serait capable de le décrire même partiellement ? C’est comme si l’on demandait à quelqu’un de vous montrer vos propres yeux. On n’a pas besoin d’un instructeur pour cela. »

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« Il ne convient pas d’aller au loin pour le trouver : c’est en demeurant sur place qu’on l’a constamment à sa disposition. Il ne faut pas raisonner pour le connaître ; c’est lorsqu’on ne raisonne pas qu’il se manifeste. Qui donc réussira à rejoindre l’ombre de sa propre tête en courant après elle ? De même qu’un petit enfant peut voir mille choses reflétées dans un miroir immaculé sans soupçonner la présence même du miroir, de même les gens perçoivent le reflet des mondes dans le grand miroir de leur propre Soi et ne discernent pas le Soi Lui-même, faute d’être instruits à son sujet. »

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« Ainsi l’homme qui n’est pas informé de l’existence de l’espace perçoit bien le monde visible mais non l’espace, son substratum. Prends bien soin de noter cher époux, que l’univers est fait de la Connaissance et du connaissable. Or, la Connaissance est auto-établie, puisque sans elle rien n’existerait. Elle s’impose d’elle-même, sans le secours des moyens de connaissance droite, car ces derniers  ne sont eux-mêmes connus qu’à travers elle. Originellement établie, son existence n’a pas à être démontrée : c’est Elle au contraire, qui est l’âme de toute démonstration. »

CHAPITRE X

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« Les nœuds ont été noués par dizaines de millions sur la corde de l’égarement et cette corde n’est autre que la méconnaissance de notre propre nature. Partout où existent ces nœuds faits de méprise se rencontre la conviction erronée que le Soi est identique au corps. Et de là procède le cours du monde, auquel il est si difficile de s’opposer. »

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« Un autre nœud consiste à croire que le monde, pourtant fondé sur la manifestation, n’a pas la nature du Soi. D’autres nœuds encore sont constitués par l’idée d’une différence entre l’âme individuelle et le Seigneur, ou entre les âmes individuelles elles-mêmes. »

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« Ces croyances se sont formées dans un passé immémorial et ont été sans cesse réactivées. C’est pourquoi elles se présentent sous la forme de nœuds. La délivrance n’est pas autre chose que la rupture de ces nœuds dans lesquels les hommes sont enserrés. Cesse donc de chercher à atteindre ce domaine en fermant les yeux ! Il est ta nature propre elle-même. Il est l’indépassable Conscience Absolue. Il est la surface du grand miroir où vient se refléter le cours du monde dans toute sa diversité. »

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« Débarrasse-toi de ce nœud implanté en toi et consistant à croire qu’ « il faut d’abord contrôler l’activité mentale pour voir ». Dénoue aussi cet autre nœud, bien serré, en forme de « je ne suis pas cela ». Contemple alors le Soi partout présent et débordant de félicité. Vois l’univers entier reflété dans le Soi comme en un miroir. Cesse enfin de cultiver l’idée même que « le Soi est toutes choses » et, adhérant intérieurement à ce qui reste (la Conscience Pure), installe-toi paisiblement dans ta propre essence. »

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Dattâtreya 2

Dattâtreya

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CHAPITRE XII

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« Ecoute Rama, l'immémoriale illusion au sujet de l'univers consiste à méconnaître sa réalité et elle revêt l'aspect d'une croyance massive; vois la manière dont chacun, méconnaissant le Soi, le confond avec le corps. Et pourtant quelle commune mesure y a-t-il entre la chair, le sang et les os, d'une part et le Soi fait de Pure Conscience, d'autre part ? Seule une telle croyance massive permet d'expliquer cette assimilation et sa persistance au-delà même de la découverte (théorique) du Soi conscient. Le monde n'apparaît comme réel qu'en fonction de cette croyance et pour dissiper une telle illusion tenace, il convient de renforcer la croyance opposée. L'univers apparaît à chacun tel que sa propre croyance le lui présente. »

CHAPITRE XIII

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« Le monde prend le visage même de la croyance que l’on projette sur lui. Si tu crois fermement qu’il n’est que vacuité, il t’apparaîtra aussi vide que le pur espace. Une croyance, à condition de n’être jamais reconnue comme fausse, devient permanente. S’identifiant à cela même qu’elle pose, elle devient vraie. »

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« Tu vois bien que le monde n’est que la croyance que nous projetons sur lui. A l’instant même où cette croyance disparaît il se dissout. Apprends donc, prince, que la vie n’est qu’un songe et cesse de pleurer. Comprends que tes rêves c’est toi-même qui te projettes sur l’écran de ta propre conscience, toi-même encore qui, dans la vie éveillée, te projettes sur l’écran de cette même conscience. Réalise que tu es Pure Conscience et rejoins au plus vite le plan de la suprême félicité. »

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CHAPITRE XIV

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« Le principe de la manifestation doit donc être la pure action de manifester en sa plénitude indivise. C’est pourquoi la plénitude englobe l’existence de l’espace et du temps qui ne sont manifestés que par elle. Tout ce qui est manifesté, intérieurement ou extérieurement, est inclus d’avance dans cette essence même de la manifestation. »

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« Cette pure essence de la lumière, en laquelle le monde entier est comme résorbé, se manifeste librement à l’intérieur d’elle-même, partout et toujours. »

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« Elle est la Suprême Conscience, la Grande Déesse Tripura. C’est Elle que les védantins appellent Brahman, les vishnouïstes Vishnou, les shivaïstes Shiva, les çaktas Shakti. Quant aux éléments dogmatiques que les uns et les autres surajoutent à cette pure essence, ils sont de peu d’importance. Tout ce qu’Elle manifeste demeure contenu en Elle, comme les reflets dans le miroir. Pour Elle, l’action de manifester une forme particulière quelconque est adventice. La forme manifestée, en revanche, est totalement immergée en Elle et n’a pas, en dehors d’Elle, davantage d’existence que la cité reflétée dans le miroir. »

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« Aussi est-ce de manière spontanée, par la surabondance même de sa liberté et sans avoir recours à un quelconque matériau, qu’Elle fait apparaître dans le miroir de sa propre essence uniforme la prodigieuse variété des êtres mobiles et immobiles. De même que l’unité du miroir n’est en rien compromise par la diversité de ce qui se reflète en lui, de même l’unité de cette puissance de récollection qu’est la Conscience, n’est en rien compromise ou altérée par le foisonnement des apparences cosmiques. »

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« Quand la Pure Conscience indivise, semblable en cela au miroir qui reflète le vaste ciel, prend l’initiative de s’apparaître à Elle-même comme extérieure à Elle-même, cette première effusion prend le nom d’ « inscience » (avidya). Cette manifestation à la faveur de laquelle la plénitude originelle semble se fissurer est appelée « le phénomène de l’extériorité ». L’aspect de non-égoïté qu’il présente résulte d’un certain retranchement opéré sur la plénitude du « Je » absolu. On le nomme le « Non-développé » ou « la Puissance de Matérialité ».

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« C’est ainsi que la Suprême Conscience, après avoir suscité le phénomène de l’extériorité, se prend au jeu de la création, tout en restant le témoin de ses propres opérations. Au commencement, sous l’aspect de la Déesse Tripura, Elle a produit l’embryon d’or, le Dieu Brahma. Celui-ci à son tour, a créé mentalement notre univers. Mais la Pure Conscience du « Je » demeure l’Energie Suprême de la Conscience, celle qui jamais ne se divise. L’apparence de sa démultiplication à travers les corps des vivants est due à des conditions adventices créées mentalement par Brahma. »

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CHAPITRE XV

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« Aussi longtemps que le mouvement de l’intelligence vers le dehors n’a pas été suspendu, il n’y a pas de regard intérieur possible. Aussi longtemps qu’il n’y a pas de regard intérieur, on n’accède pas à cette Pure Conscience. Le regard intérieur est dépourvu de toute tension : comment pourrait-il appartenir à un intellect tendu dans l’effort ? C’est pourquoi tu dois t’approcher de ta propre essence en abandonnant toute espèce de tension. »

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CHAPITRE XVI

« Inverse la direction de ton regard et contemple la pensée pure, ton propre Soi. Les meilleurs esprits parviennent à la saisir au moment même où on les instruit à son sujet. Mais le regard dont il est question ici n’est pas celui de l’œil de chair, mais le regard intérieur par lequel tu vois dans tes rêves. C’est lui qu’il s’agit de tourner vers l’intérieur. »

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« Voilà pourquoi, lorsqu’il s’agit de manifester le Soi conscient, seul le retrait de l’esprit est requis : il n’a pas à être mis en présence d’un nouvel objet. C’est l’impossibilité d’une telle mise en présence qui fait parler du Soi comme inconnaissable. Mais il est en réalité connaissable par un esprit purifié, la pureté de l’esprit coïncidant ici avec la mise à l’écart de tout objet autre que le Soi. Telle est la Voie Royale vers la connaissance de la Réalité. »

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« Aussi longtemps qu’il n’est pas purifié, comment l’esprit pourrait-il accéder à la Connaissance ? Inversement comment celle-ci pourrait-elle ne pas s’installer à demeure dans un esprit purifié ? Chacun des autres moyens, rites, adoration, détachement, a pour unique utilité de contribuer à cette purification de l’esprit. A cela se limite son efficacité. C’est ainsi que la Réalité Suprême n’est « manifestable » qu’à l’aide d’un esprit purifié. »

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CHAPITRE XVII

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« Ecoute, ô brahmane, je vais te révéler l’ultime secret. De toute éternité le cours du monde, en son immensité, procède de l’inconnaissable (ajnâna). Il s’avance, charriant avec lui le plaisir et la douleur, et tous les êtres sont plongés en lui comme dans un rêve. Seule l’intervention de la Connaissance est capable d’y mettre fin. Mais une telle Connaissance, destructrice de son contraire, comporte une construction mentale. Ce n’est pas la Connaissance exempte de constructions mentales qui abolit l’inconnaissance, car elle n’est en contradiction avec rien. Semblable à l’écran sur lequel défilent des images, Elle forme le substratum de toutes les constructions mentales. Cette absence de constructions mentales représente la Connaissance sous sa forme pure, avant qu’aucune idéation ne soit venue s’y inscrire. »

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« Au terme d’innombrables renaissances remplies de bonnes actions on acquiert de la dévotion envers la Divinité. Propitiée durant une longue période, celle-ci, par Sa Grâce, suscite en vous le dégoût des plaisirs, assorti d’un intérêt exclusif pour la délivrance. Si à ces bonnes dispositions vient s’ajouter la rencontre d’un Maître authentique et de son enseignement, alors il devient possible d’acquérir, sous sa forme indirecte, la Connaissance de la non-dualité. A partir de là il convient de réfléchir sur cette non-dualité, Divinité de notre propre Soi, en réduisant par le raisonnement les doutes qui peuvent surgir. »

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« On devra ensuite méditer longuement, dans un esprit de véracité et sans s’épargner aucun effort, sur cette Réalité appelée « non-dualité », jusqu’à en obtenir une connaissance directe et intuitive. Il suffira alors de prendre conscience effectivement de cette Suprême Réalité déjà atteinte dans la méditation pour anéantir l’inconnaissance, origine de la transmigration. Cela ne fait aucun doute. Une fois que l’on a accédé à la Réalité Suprême à travers cette culmination de la méditation appelé « samâdhi sans constructions mentales », il suffit d’une remémoration pour se reconnaître à tout instant identique à la Réalité non-duelle. Et cette prise de conscience directe a vite fait d’anéantir l’inconnaissance et ses effets. »

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« Amenée à sa perfection, en effet, la méditation supprime toutes les constructions mentales. Celles-ci sont variées mais leur absence est une. Par le simple fait de ne plus façonner l’image d’aucun nouvel objet on supprime les constructions mentales. Une fois celles-ci supprimées, l’état mental caractérisé par leur absence s’installe de lui-même. »

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CHAPITRE XVIII

 .

« C’est par l’esprit que le connaissable est connu ; aussi l’esprit n’est-il pas lui-même connaissable. Réfléchis à ceci : l’esprit existe même séparé de tout objet connaissable et c’est cette condition même de l’esprit qu’on appelle « aperception pure ».

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« La délivrance, c’est le soudain déploiement de notre forme propre en sa plénitude. La Pure Conscience s’y révèle toute entière par la simple mise à l’écart du connaissable. En effet, la manifestation du connaissable coïncide avec un certain « recroquevillement » de la Conscience. Le connaissable disparaissant, elle retrouve sa plénitude, débarrassée qu’elle est alors de toute espèce de délimitation. »

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« Cette essence une et indivise, l’enseignement la décrit – ô Râma – de diverses manières, comme Liberté ou comme Puissance. Ainsi le feu est-il aussi bien chaleur que luminosité. Cette faculté prodigieuse de la Conscience appelée mayâ consiste précisément à susciter cette efflorescence illimitée d’aspects, et cela tous en se maintenant dans la plus rigoureuse indivision. »

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« Ce qu’on désigne par le terme d’esprit (manas) n’est pas autre chose que la pure essence de la Conscience, mais envisagée à un stade où elle est déjà comme voilée par le phénomène de l’espace projeté sur elle. Selon que l’on mettra l’accent sur ce qui voile ou sur ce qui est voilé, l’esprit sera considéré comme instrument de connaissance ou comme vivant individuel et sujet connaissant. »

CHAPITRE XIX

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« La Suprême Conscience, la Déesse Tripura, dans l’exubérance de sa propre liberté, a fait naître à l’intérieur d’Elle-même, comme en un miroir, l’image de l’univers. Elle-même, par pitié pour les vivants ensevelis dans l’inconnaissance sans commencement, a pris la forme de l’Embryon d’or (Brahma) et a créé cet océan des textes sacrés dans lequel on peut puiser de quoi exaucer tous les désirs. Mais les vivants sont, par nature, dépositaires des traces laissées par la variété infinie de leurs désirs. »

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.« Dans l’intention de leur procurer quelque bien, elle créa les rites optionnels auxquels s’attachent des fruits variés. Les êtres font spontanément le bien comme le mal, et cela les conduit à renaître dans des conditions diverses. Lorsque tel ou tel d’entre eux est parvenu, par la maturation d’actes méritoires à renaitre dans la condition humaine, ses désirs l’orientent tout naturellement vers les rites optionnels. Puis, toujours dans l’espoir de mieux satisfaire ses désirs, il devient un dévot du Seigneur et consulte les Ecritures qui parlent de Lui. »

 

« Celui dont l’intelligence n’était encombrée que de rares traces résiduelles n’a eu besoin, pour parvenir au but, que d’une légère discipline. Celui dont l’intelligence était naturellement pure a obtenu la Connaissance Suprême au prix d’un effort minime. Celui chez qui les traces résiduelles formaient une couche dense et opaque, celui-là possédait bien aussi virtuellement la Connaissance mais en lui, elle était comme occultée. Il lui a donc fallu de longs efforts pour en prendre possession. »

 

« Tout cela permet d’expliquer la grande diversité qui s’observe parmi les sages. Les différences de maturité psychique entraînent des différences dans le comportement. Selon que l’intelligence est plus ou moins obnubilée par les traces résiduelles, la connaissance prend un aspect différent et la conduite aussi. »

 

« Au fur et à mesure qu’ils chassent de leur esprit toutes les traces résiduelle, le contenu de celui-ci s’appauvrit. Aussi appelle-t-on ces sages de second rang : « ceux qui ont aboli leur esprit ». Parmi eux, certains ne mènent pas jusqu’à son terme la destruction des traces résiduelles, de sorte que leur esprit garde un certain contenu. Ce sont les sages du troisième rang, appelés : « ceux qui ont conservé leur esprit ». A la différence des sages du premier et du second rang – qui sont les uns et les autres des délivrés-vivants – ceux-là sont de simples « connaissants ». Soumis à leur karma entamé, ils demeurent sujets à la douleur. Ils n’obtiennent la délivrance qu’à la mort. Au contraire, « ceux qui ont aboli leur esprit » ont également maîtrisé leur karma entamé. »

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« Les sages du plus haut rang sont semblables à ces gens adroits, capables d’effectuer en même temps plusieurs opérations différentes en respectant la séquence de gestes propre à chacune d’elles. Chez ces hommes à l’esprit multiple, l’intuition du Soi peut se disperser à volonté vers les objets extérieurs sans se contredire elle-même. »

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« Seuls les sages qui ont perçu l’irréalité ultime du monde dit « objectif » n’adhèrent plus à la perception qu’ils en ont. Ils savent, en effet, que cette perception est d’avance réfutée. Cette absence d’adhésion vaut a fortiori pour « ceux qui ont aboli leur esprit ». Ce qu’on appelle « abolition de l’esprit » n’est rien d’autre que son immobilisation, et l’immobilité de l’esprit, à son tour, se définit comme l’absence de tout rapport à un objet de connaissance considéré comme réel. »

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« Les sages du plus haut rang sont installés à demeure dans ces deux états à la fois : la suppression de l’esprit, d’une part, l’activité mentale non contaminée par les objets, d’autre part. Ils demeurent parfaitement recueillis au moment même où ils semblent se disperser dans de multiples activités. »    

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CHAPITRE XX

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 « Ma forme transcendante est le plan d’existence, évident pour chacun, où le monde apparaît, dure et disparaît comme un reflet. Ceux qui ne connaissent pas le Soi perçoivent cette forme sous les traits même de l’univers. Mais aux yogins elle apparaît dans la Pure Conscience du Soi, sous l’aspect d’un insondable et immobile océan. Mes fidèles, dans les transports de leur dévotion, la vénèrent d’un amour désintéressé. Tout en la sachant essentiellement identique à eux-mêmes, ils suscitent par l’imagination une différence entre Elle et eux, afin de pouvoir l’adorer. Elle est ce qui, de l’intérieur, anime les sens et l’organe mental. Elle est ce qu’en disent les textes sacrés : si Elle ne se manifestait pas, rien n’existerait. C’est cette illumination qui constitue Ma Forme Suprême. »

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« Mais, aveuglés par Ma propre mâyâ, les hommes ne Me reconnaissent pas sous ces formes. J’’exauce les vœux de ceux qui Me rendent un culte. En dehors de Moi, il n’y a pas d’autre Divinité à vénérer, pas d’autre Déesse dispensatrice de bienfaits. J’accorde à chacun  ce qu’il désire selon l’idée qu’il se fait de Moi-même. »

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 « La connaissance que l’on peut avoir de Moi est multiple, duelle ou non-duelle, supérieure ou inférieure. Et il en va de même pour son fruit. La connaissance duelle elle-même – c’est-à-dire la méditation adorante – est diverse car elle varie avec les supports choisis pour l’adoration.»

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« Le moyen de parvenir à la suprême délivrance consiste à le désirer avec passion. A supposer que cette passion soit devenue exclusive, aucun autre moyen n’est requis. Mais là où le désir de délivrance demeure tiède et hésitant tous les moyens du monde s’avéreront inefficaces. Le désir passionné s’exprime par la résolution : « il faut à tout prix que j’y parvienne ! » Celui qu’un tel désir anime est déjà virtuellement délivré. Ce n’est qu’une affaire de jours, de mois ou d’années. »

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« Le manque de foi revêt deux formes, le doute et la pensée fausse. Tandis que l’homme en proie au doute se demande s’il existe bien quelque chose comme une délivrance, ‘homme victime de l’erreur croit savoir qu’il n’existe rien de tel. Ce sont avant tout ces deux travers qui minent le désir de délivrance. Il convient de les neutraliser en cultivant la conviction opposée. »

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« La Réalisation parfaite consiste à comprendre une fois pour toutes qu’on est le Soi et non le corps. L’identification au corps propre est un phénomène universel. Le simple fait d’y renoncer en toute lucidité est déjà la Réalisation parfaite. »

 .

CHAPITRE XXI

 .

« Ecoute, Râma, je vais te révéler le moyen secret qui permet d'obtenir la Connaissance. Ce moyen n'est autre que la Grâce dispensée par la Divinité. Celui qui se confie sans réserve à la Divinité cachée au fond de son cœur accédera très vite à la certitude définitive. Telle est la Voie Royale qui mène à la Connaissance. » 

 .

« Pour qui emprunte cette voie, aucun autre moyen n'est requis. En revanche, celui qui la dédaigne n'obtiendra jamais la plénitude de la réalisation. En voici la cause : la Conscience Pure qui manifeste toute chose est comme recouverte d'un voile imaginaire. La réflexion élimine cet obstacle, dévoilant ainsi la forme propre de la Conscience. Mais une telle démarche est difficile pour ceux qui sont fascinés par les choses extérieures. Au contraire, ceux que leur intérêt exclusif pour la Divinité détourne de tout le reste trouvent cette démarche aisée. »

 .

« Parvenus ainsi à un certain degré de Connaissance, pratiquement sans avoir eu à recourir à d'autres moyens que le culte de la Divinité, ils ne cessent de décrire aux autres leur expérience. C'est alors que, s'enthousiasmant de leurs propres paroles, ils commencent à pénétrer pour de bon dans l'essence de la Divinité. Ils s'y installent ensuite de plus en plus fermement à mesure qu'ils multiplient les descriptions de leur expérience. »

 .

« Dès lors, leur esprit étant désormais identifié à la Divinité, ils ne connaissent plus d'accès de joie ni de tristesse. Ils deviennent ainsi des sages du plus haut rang, de véritables délivrés-vivants. Le moyen de parvenir à la Connaissance libératrice est donc de communiquer aux autres sa propre expérience d'une participation à l'Essence Divine. »

 .

CHAPITRE XXII

 . 

« Ecoute, Râma, je vais te communiquer la quintessence de cet enseignement. La Suprême Déesse, la Conscience absolue, qui a pour essence le « Je » en sa plénitude, ne cesse de manifester l’univers comme un reflet dans un miroir, grâce à la transcendance de son pouvoir de mâyâ appelé « Liberté ». Tout d’abord dilatée à l’infini selon la plénitude du « Je » absolu, Elle divise spontanément son essence en deux éléments. Le premier apparaît sous la forme d’une conscience de soi incomplète, tandis que l’autre élément tombe en dehors de la conscience de soi. »

 .

« Du point de vue du premier élément, il apparaît ainsi comme extérieur et non-développé. La conscience de soi privée de plénitude est appelée « L’Eternel Shiva » (Sadâshiva). Cette conscience, tout en considérant l’autre élément comme séparé d’elle-même, s’identifie sans cesse à lui sur le mode du « c’est moi qui suis cela ». Puis, désireuse de créer ce monde multiforme, elle considère le non-développé comme son corps propre et s’imagine : « C’est cela que je suis » Elle se manifeste ensuite sous l’aspect du Seigneur (Ishvara), lequel se subdivise à son tour en Brahma, Vishnou et Shiva. »

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.Ishvara

 Ishvara

 

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Les Chemins De La Béatitude


lotus-coeur-jaune[1]   

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Celui qui aime la Vérité est certain de réaliser Dieu. (Ramakrishna)

 

Invoquez avec Amour le Nom béni du Seigneur et la montagne de vos péchés s'évanouira à vos yeux comme une balle de coton brûle et disparait, si une seule étincelle tombe dessus. (Ramakrishna)

Chante sans cesse le nom du Seigneur et Sa gloire, afin que le miroir du coeur soit nettoyé. (Shri Chaitanya)

Sois plus humble que le brin d'herbe, patient et endurant que l'arbre, ne revendique aucun honneur pour toi, honore tous les êtres. (Shrî Chaitanya)

Ayez de l'Amour pour tous, nul n'est autre que vous. (Ramakrishna)

C'est la foi dans le Nom du Seigneur qui accomplit les miracles, car la foi c'est la vie et le doute c'est la mort. (Ramakrishna)

 

L'Amour de Dieu et la charité envers les hommes est le premier pas de la Sagesse parfaite. (Shrî Arobindo)

L'Amour en vérité est Dieu. (Thiroumoular)  

Quoique je fasse, O Seigneur, tout cela est ton culte. (Shankaracharya)

Sept cents maîtres du Soufisme ont parlé sur le Soufisme. Le premier a dit la même chose que le dernier. Les phrases ont été diverses, mais l'idée est restée la même : Le Soufisme est l'abandon du superflu. Il n'y a rien de plus superflu que ton moi, car en t'occupant de ton moi, tu t'éloignes de Dieu. (Sayd Abu Said)

Ni Ma terre ni Mon ciel ne Me contiennent, mais Je suis contenu dans le coeur de Mon serviteur fidèle. (Hadith)  

Si le connu disparaissait, la connaissance apparaîtrait. (Ibn’ Arabi)



O Soufi si tu purifies le miroir de ton coeur, une porte s'ouvrira à toi. Le rayonnement de Dieu brillera sur toi. (Ibn Arabi)

Celui qui se connait soi-même, connaît son Seigneur. (Hadîth)

La Seigneurie Divine comporte un secret et ce secret c'est toi-même. (Sahlat-Tostari)

Le soufi est celui qui ne voit dans les deux mondes rien d'autre que Dieu. (Shibli)

Le prochain, le voisin, le compagnon sont tous Lui ! Sous les haillons du mendiant et la pourpre du roi, c'est Lui. (Jami)

Si tu cherches l'union avec Dieu, ne tourmente le coeur de personne. (Baba Farid)

Vous cherchez votre propre bonheur et je vous dis qu'une telle chose n'existe pas. Le bonheur n'est jamais votre : il est lorsque le moi n'est pas. (Nisargadatta)

Ne connaître que les Ecritures, c'est ne rien connaître. Connaître c'est être. (Nisargadatta)

L'homme réalisé connaît ce dont les autres ont simplement entendu parler, mais n'ont pas l'expérience. (Nisargadatta)

Quand l'océan des pensées est agité par le vent du désir, il ne peut reflèter Dieu. (Ramakrishna)

Pour être libre dans le monde, il faut être mort au monde. (Nisargadatta)

Le renoncement est pure gnose et non la robe ocre ou le crâne rasé. (Ramana Maharshi)

 

La vie spirituelle n'est possible que pour celui qui sait être patient. (Mata Amritanandamayi)

Si le Soi est réalisé, le monde cesse d'apparaître comme une réalité objective. (Ramana Maharshi)

Le monde et le mental apparaissent ensemble et disparaissent ensemble. (Ramana Maharshi)

Quand l'ego meurt, toutes les difficultés cessent. (Ramakrishna) 

L'ego n'est qu'une ombre, une obsession et une illusion. Toute vie est Une - et c'est toi-même. (Swâmi Ramdas)

 

Tu peux discourir souvent sur le Soi ou écouter différents livres sacrés, tu ne trouveras la paix que par l'oubli de tout. (Astravakra Gîtâ)

L'ignorance de la Réalité, c'est prendre l'impermanent, le malheur, ce qui n'est pas le Soi, pour le permanent, le pur, le bonheur, le Soi. (Yoga Sutras)

Si le mental demeure en paix dans l'Un, les vues duelles disparaissent d'elles-mêmes. (Sin Sing Mei)

Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu. (Sermon sur la montagne)

Jésus a dit : Quand vous ferez le deux Un, vous serez Fils de l'homme et si vous dites : montagne, éloigne-toi, elle s'éloignera. (Evangile selon Thomas)

Qui ne désire rien possède tout. Qui désire tout n'a, en vérité, encore rien reçu. (Angelus Silesius)

Le Ciel est en toi. Arrête, où cours-tu donc, le Ciel est en toi ; et chercher Dieu ailleurs, c'est le manquer toujours. (Angelus Silesius)

Tout se fait par amour. J'ai compris que seul l'Amour guérit. (Sainte Thérèse d'Avilla)

Je suis sortie du monde grâce à un autre monde ; une représentation s'est effacée grâce à une représentation plus haute. Désormais je vais vers le repos où le temps se repose dans l'Eternité du temps. Je vais au Silence. (Evangile selon Marie)

 

Le véritable Silence est l'absence d'ego. (Ramana Maharshi)

Lorsqu'on réalise Brahman, plus rien ne peut être dit. (Mata Amritanandamayi)

Lorsqu'on considère tous les êtres à travers son propre Atman, et son propre Atman à travers tous les êtres, on s'est identifié à Brahman. (Annapurna Upanishad)

Renonce à toutes tes constructions mentales, sois d'humeur égale, emplis ton esprit de quiétude, et deviens un sage, qui a épousé le Yoga du renoncement, qui possède et la Connaissance et la Liberté. (Annapurna Upanishad)

 

Celui qui sait voit Dieu partout ; l'ignorant voit le monde dans sa diversité et souffre comme l'enfant imaginant que son ombre est un fantôme. (Yoga vasishtha)          

   

Quoi que je regarde, je ne vois nul autre que Toi. (Khwaja Mir Dard)

 

 Il n’y a qu’un seul péché – se détourner de Lui. Que chacun de vos actes, chacune de vos pensées soit devant Lui comme une fleur épanouie et il n’y aura plus de péché. (Dialogues avec l’ange)

Lui est silence. Lui qui est toujours avec vous. Son enseignement est aussi silence. Ce qui est silence ne peut être dénaturé. Ainsi, celui qui se cache derrière tous les mensonges ne peut s’y glisser. L’invisible ne peut être figuré, ainsi, Lui ne peut être défiguré. (Dialogues avec l’ange)

Seul celui qui est nu peut recevoir de Lui le vêtement de Lumière. (Dialogues avec l’ange)

   

     Le Seigneur Suprême est omniscient,Omnipuissant et Omniprésent. Depuis que je possède les attributs de Shiva, je suis identique au Seigneur Suprême. Avec cette ferme conviction, l'on devient Shiva. (Vijnâna Bhairava)

  

La Connaissance est l'Eveil. (Shivasutras) 

  On atteint le pouvoir Divin en réalisant l'Etre Pur. (Shivasutras)

  On atteint facilement l'état de Shiva, avec une Connaissance pure. (Shivasutras)

    La Divinité est Félicité éternelle de la non-dualité. (Nirvana Upanishad) 

      So'ham : Lui je suis. Identité suprême entre l'Atman et le Brahman. Est Paramahamsa qui a atteint cet état d'union. (Nirvana Upanishad) 

 

C'est en effet de la Béatitude que naissent tous les êtres. C'est par la Béatitude qu'ils subsistent, c'est à la Béatitude qu'ils retournent. (Taittiriya Upanishad)

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lotus-coeur-jaune[1]

 

Les Chemins Du Bienheureux Seigneur Miséricordieux

        Extraits  de la Bhagavad-Gîtâ

    .  

 

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« Nombreuses sont Mes vies passées, et les tiennes aussi, ô Arjuna ; toutes Je les connais, mais tu ne les connais pas, ô fléau des ennemis.

Bien que Je sois le non-né, bien que Je sois impérissable dans Mon existence propre, bien que Je sois le Seigneur de toutes les existences, cependant Je repose sur Ma propre nature, et Je prends naissance par Ma propre Mâyâ.

Chaque fois que le dharma s'efface et que monte l'injustice, alors Je prends naissance. Pour la libération des bons, pour la destruction de ceux qui font le mal, pour mettre sur le trône la Justice,  Je prends naissance d'âge en âge.

Celui qui connaît ainsi dans leurs justes principes Ma Divine naissance et Mon oeuvre Divine, celui-là, quand il abandonne son corps, il n'a pas à renaître, il vient à Moi, ô Arjuna.

Délivrés de l'attraction et de la peur et de la colère, pleins de Moi, prenant refuge en Moi, beaucoup d'êtres purifiés par l'austirité de la Connaissance sont arrivés à Ma nature d'être.

Comme les hommes choisissent de M'approcher, ainsi Je les accepte en Mon Amour ; les hommes suivent de toutes manières Ma voie, ô fils de Prithâ.»

« Même si tu es le plus grand pécheur par delà tous les pécheurs, tu franchiras tout le mal tortueux dans la nef de la Connaissance.

Comme un feu attisé réduit son bois en cendres, ô Arjuna, ainsi le feu de la Connaissance réduit en cendres toutes les oeuvres.

Il n'est rien au monde qui soit égal en pureté à la Connaissance ; l'homme rendu parfait par le Yoga découvre cela dans le Moi, de Lui-même, avec le temps.

Celui qui a la foi, qui a conquis et maîtrisé son mental et ses sens, qui a fixé tout son être conscient sur la Réalité Suprême, celui-là atteint la Connaissance ; et, ayant atteint la Connaissance, il va rapidement à la Paix Suprême.»

«Parmi les vertueux qui se tournent vers Moi (le Divin) avec dévotion, ô Arjuna, il y a quatre sortes de bhaktas (adorateurs) : ceux qui souffrent, ceux qui cherchent le Bien dans le monde, ceux qui cherchent la Connaissance, et ceux qui M'adorent avec la Connaissance, ô Seigneur des Bhâratas.

Parmi eux, celui-là est le meilleur qui a la Connaissance, qui est toujours en union constante avec le Divin, dont la bhakti est toute concentrée sur Lui ; il a pour Moi parfait Amour et il  est Mon bien-aimé.

Nobles sont-ils, tous sans exception, mais celui qui a la Connaissance est en vérité Moi-même ; car pour son But suprême, il M'accepte, moi, le Purushottama, avec qui il est en Union. »

«Ceux  dont l'âme est grande, ô Pârtha, qui demeurent dans la nature Divine, ceux-là Me connaissent comme l'Impérissable, origine de toutes les existences, et Me connaissant tel, ils se tournent vers Moi d'un amour unique et entier.

Toujours M'adorant, persévérant dans leur effort spirituel, se prosternant devant Moi avec dévotion, ils Me rendent un culte en un constant Yoga.

D'autres encore Me cherchent par le sacrifice de la Connaissance et M'adorent en Mon Unité et en chaque être distinct et en chacune de Mes millions d'universelles faces.»

«Celui qui M'offre avec dévotion une feuille, une fleur, un fruit, une coupe d'eau - cette offrande d'Amour, venue d'une âme qui s'efforce, M'est agréable.

Quoi que tu fasses, de quoi que tu jouisses, quoi que tu sacrifies, quoi que tu donnes, quelque énergie de tapasya que tu déploies, de volonté ou d'effort d'âme, fais-en une offrande à Moi.

Ainsi tu seras libéré des résultats bons ou mauvais qui constituent les chaînes de l'action ; ton âme en Union avec le Divin par la renonciation, tu deviendras libre et parviendras à Moi.

Je suis égal en toutes les existences, nul ne M'est cher, nul par Moi n'est hai ; cependant ceux qui se tournent vers Moi avec Amour et dévotion, ils sont en Moi et Je suis aussi en eux

«Celui qui connaît en leurs justes principes ceci Ma souveraineté qui tout pénètre, et ceci Mon Yoga, s'unit à Moi par un Yoga qui ne temble pas ; on n'en saurait douter.

Je suis la naissance de toute chose, et de Moi tout émane pour se développer en action et mouvement ; comprenant cela, les sages M'adorent dans le ravissement.

Leur conscience pleine de Moi, leur vie entièrement donnée à Moi, s'illuminant les uns les autres, ne s'entretanant que de Moi, ils sont à jamais satisfaits et joyeux.

A ceux qui sont sont ainsi en Union constante avec Moi, et qui M'adorent en un délice intense d'Amour, Je donne le Yoga de la compréhension, par lequel ils viennent à Moi.

Par compassion pour eux, logé  en leur moi, Je détruis par la lampe resplendissante de la Connaissance les ténèbres nées de l'ignorance. » 

«Le Seigneur se tient au cœur de toutes les existences, ô Arjuna et Il les fait tourner et tourner montées sur une machine par le moyen de Sa Mâyâ. 

En Lui prends refuge, en toutes les voies de ton être et par Sa grâce tu parviendras à la Paix suprême et à la condition éternelle. 

Ainsi t'ai-Je exposé une connaissance plus secrète que celle-là même qui est cachée ; ayant pleinement réfléchi sur elle, agis comme tu le voudras. 

Et maintenant entends la parole suprême, la parole la plus secrète, que Je vais te dire ; tu es Mon bien-aimé intimement ; c'est pourquoi Je parlerai pour ton bien. 

Emplis de Moi ta pensée, deviens Mon amant et Mon adorateur, sacrifie à Moi, sois prosterné devant Moi, à Moi tu viendras, c'est l'assurance que Je te fais, car tu M'es cher. 

Abandonne tous les dharmas et prends refuge en Moi seul, Je te délivrerai de tout péché et de tout mal, ne t'afflige point. 

Cela, jamais tu ne devras le dire à ce qui est sans ascèse, à qui est sans dévotion, à qui ne se voue à servir ; ni non plus à qui Me méprise et Me rabaisse. 

Celui qui, avec la plus haute dévotion pour Moi, proclamera parmi Mes dévots ce secret suprême, sans aucun doute il viendra à Moi.»

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lotus-coeur-jaune[1]