Troisième Upanishad du canon Muktika, appartenant au Krishna Yajur Véda et classée comme Upanishad majeure.
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"Allumons le feu de Nachiketas, le feu de la Connaissance, lequel, une fois attisé conduit à l’immortalité. Qu’il nous soit accordé de rencontrer Brahman, le suprême, l’impérissable, l’ultime rivage de la vie, le terme de notre longue quête.
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Représente-toi le Soi comme le passager d’un char. Le corps est le char, l’intellect le conducteur et l’esprit les rêves. Les sens sont les chevaux, les objets des sens sont la roue. Le Soi, disent les sages, une fois uni aux sens et à l’esprit, devient « l’appréciateur ».
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Si un homme est dénué de sagesse, son esprit vagabonde sans cesse et ses sens sont des chevaux fous qui ballottent le conducteur. Mais si la sagesse l’habite, son esprit demeure en paix et ses sens se changent alors en chevaux apprivoisés, dociles à sa volonté.
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L’homme dénué de toute sagesse dont l’esprit est instable et les actions impures, n’atteint jamais le stade suprême. Il lui faut toujours subir les affres de nouvelles naissances. Mais celui qui abonde en sagesse, dont l’esprit demeure stable, qui toujours reste pur, celui-là parvient à ce stade suprême dont jamais on ne peut déchoir.
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Celui qui se laisse guider par la sagesse et tient d’une main ferme les rênes de son esprit, celui-là parvient au but de son voyage : la suprême demeure de l’omniprésent Vishnou.
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Les organes des sens sont subtils, mais les sens eux-mêmes sont plus subtils encore. L’esprit est plus subtil encore. L’intellect est plus subtil encore. Le soi (animé) est plus subtil encore. Le Principe sous-jacent est plus subtil encore. Le Soi suprême est plus subtil encore. Il n’est rien de plus subtil que ce Soi Suprême, l’Absolu, terme de toute souffrance.
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Le Soi se tient caché, il ne se dévoile guère, mais il se révèle à ceux dont le regard est subtil et dont la vision est claire et purifiée.
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L’esprit du sage gouverne ses sens et son intellect gouverne son esprit. Son soi animé gouverne son intellect et son Soi silencieux gouverne son soi animé.
Eveille-toi ! Cherche la Vérité ultime ! Dépasse l’ignorance ! Mets-toi en quête des plus grands Maîtres et à travers eux découvre l’ultime Vérité.
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Mais prends garde ! Le chemin est étroit, le parcours difficile. S’y engager c’est marcher sur le fil du rasoir. Tel est l’avertissement des sages."
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"Nul ne parviendra au Soi pur par la seule étude des Védas, par de savantes discutions, ou par une écoute assidue des Ecritures. Ce n’est qu’à ses élus que le Soi se révèle. C’est à eux seuls qu’il montre sa nature réelle.
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Le Soi ne peut se révéler à ceux qui ne désirent pas renoncer à leurs anciennes voies. Il ne peut se révéler à ceux dont les sens ne sont pas apaisés, pour lesquels le samadhi n’est pas une réalité et dont l’esprit n’est pas en paix.
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Car qui connaît vraiment la nature du Soi, de l’Unique pour lequel prêtes et guerriers ne sont jamais que nourriture et la mort un condiment ?"
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"L’œil ne peut contempler le Soi car il ne possède aucune forme visible. Cependant lorsque l’esprit se fait plus clair, lorsque le cœur se purifie, alors le Soi se laisse connaître. Et ceux qui le connaissent jouissent de l’Eternité.
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Une fois les cinq sens apaisés et la pensée interrompue, quand l’intellect Lui-même demeure dans la quiétude, c’est alors disent les sages, que l’on parvient au stade suprême.
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C’est l’état dans lequel les sens demeurent stables et tranquilles est appelé Yoga, l’Union. L’attention n’y est plus distraite car le Yoga est le terme et le commencement de tout.
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Ni la parole, ni la pensée, ni le regard ne peuvent révéler le Soi. Il est hors de portée des sens. Seul est à même de le saisir celui qui ressent "Cela est".
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Il convient en premier lieu d’admettre l’existence du Soi et la possibilité de parvenir à le connaître. Rien ne s’oppose plus alors à l’expérience de sa vraie nature.
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Une fois épuisés tous les désirs du cœur, naît l’immortalité. L’homme jouit de la nature infinie de Brahman avant même d’avoir abandonné son corps. Tous les nœuds de son cœur une fois défaits, un mortel, en vérité, accède à l’immortalité. Tel est l’enseignement."
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